Under The Church - Rabid Armageddon

Chronique CD album (37:08)

chronique Under The Church - Rabid Armageddon

Le mieux quand l’on souhaite effectuer une sélection drastique en amont, c’est d’être extrêmement clair sur ses intentions. Pas de chichis, pas de diplomatie couille-molle, pas d’ambiguïté. Ainsi, accrocher au-dessus de son commerce une enseigne « Homo du Père, du Fist et des Stes Fesses prises » ou « Nihilistic Self Impalement: Orthodox Panda Black at its trvest » permet un ciblage sévère mais optimal de son public. C’est sans aucun doute dans le même esprit que les vétérans d’Under The Church – d’ex-Nirvana 2002 pour ceux qui ne suivraient pas – ont démarré leur album sur « Sodomy and Blasphemy ». Non non Madame, vous avez dû mal lire: le Club Question pour un Champion de Bergamote en Berry, c’est au numéro 23. Chez nous on pratique le proto-Death cracra d’obédience vomito-scandinave trempant largement dans des influences Punk et proto-Black, entre Nihilist et Autopsy, la messe étant dite dans une vieille crypte bâtie en l’honneur de Venom et du Sodom des origines. L'avantage d'un tel modus operandi, c'est que cela évite aux Josiane et autres Raymond qui n’auraient pas tilté en voyant la pochette de s’éviter les regards désapprobateurs des autres parents d’élèves au moment de remplacer le CD sur la platine du stand "Orangeade & Cake aux fruits" de la Kermesse de l’école St Nicolas des Cierges à Cucul-en-Brie.

 

C’est donc dans la continuité logique de l’EP-onyme (Appelez-moi Messire Concis...) que ces chantres du Death suédois primitif rempilent pour un premier album longue durée s'avérant peut-être bien plus cru et rugueux encore que le millésime 2014. Si si. ‘faut dire qu’en plus de l’épais nuage de copeaux métalliques et d’échardes rouillées projeté par les guitares et la basse, le groupe s’est dégoté une prod’ encore moins dégrossie que la précédente, et a rajouté une couche supplémentaire d’écho spectral au niveau des élucubrations vomies par la goule Mik Annetts. Tout ici respire la régression vers le cri primal d’une scène au sein de laquelle l’imagerie et le grain sonore étaient peut-être aussi importants que l’aptitude à savoir se servir d’un instrument. Du coup le développement d’atmosphères poisseuses et la recherche du frisson glacé ultime accaparent l’énergie de nos 3 amis tout autant que la composition de mélodies chiadées ou de refrains originaux. Ce qui fait que Rabid Armageddon s’adresse tout autant – voire plus – aux adorateurs de la noirceur du Soulside Journey de Darkthrone et des bubons discographiques de Chris Reifert, qu’aux amateurs de la bande des 4 – Entombed Unleashed Dismember Grave.

 

Mais n'allez pas croire que cette nouvelle sortie n'innove qu’en marche arrière. Etonnamment, contrairement à la logique d’un retour vers toujours plus de grumeaux, Under The Church ouvre sa musique à plus de cette distorsion et de ces tempos apathiques qui rappellent le Death’n’Roll du Entombed "d’après" (... mais aussi le Doom bourbeux Autopsien, soyons honnête). Ainsi, si le début de « Suspended in Gore » et la quasi-totalité de « Penance » puent la paralysie post-mortem et les sloooooow tempos dégoulinants, ce que l’on entend sur « Triad ov the Inquisitors » ou « Mangled to a Bloody Mess » sent bien plus le goudron tiède et les vieux marais sud-américains de Wolverine Blues. Surprenant! Sauf que tout cela est tellement recouvert de miasmes putrides que ça passe comme le tesson de bouteille de Papa dans la plaie pelvienne de Maman.

 

Le truc c’est que si l'on préfère les déflagrations brûlantes et les charges massivement groovy aux ambiances putrides, cette nouvelle offrande flatte les sens sans non plus faire tourner la tête, d’autant qu’elle se vautre allègrement dans le primitif et le déjà vu (C'est que je me suis surpris à attendre le refrain de « Under The Church » sur « Magus », sans compter que les riffs de « Sodomy and Blasphemy » et « The Trail of Chthulu » ont un peu trop de points communs). Du coup cette tendance lourde au sur place dans la fange et à la redite nous empêche d’atteindre l’orgasme nécrophile espéré. Et logiquement, on se surprend donc au final à préférer l’EP précédent à cette nouvelle sortie.

 

Mais les amateurs de guitares/tronçonneuses et de démons partouzeurs dont la libido n’est que plus intensément stimulée par les épaisses couches de cambouis ici tartinées me traiteront de mauvais coucheur. Et ils auront sûrement raison. Oh et puis merde, allez: « So-do-myyyyyy… Bla-sphe-myyyyyy!! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: toujours plus cracra, toujours plus blasphémateur, toujours plus englué dans la fange, toujours plus cru, Under The Church s’enfonce plus profondément encore dans la matrice du proto-Death suédois afin de s'y recueillir sur l'autel des pères fondateurs. Et dans le même mouvement, la musique des suédois gagne en pesanteur doomeuse (ok...) ainsi qu'en distorsion Stoner (ah?)… M’enfin comme on dit: tant qu’y a du pus, ‘y a de l’espoir!  

photo de Cglaume
le 15/12/2015

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