Vulcano - Eye In Hell
Chronique CD album (42:38)

- Style
Evil old school Thrash - Label(s)
Mighty Music - Date de sortie
13 mars 2020 - Lieu d'enregistrement O Beco Studios
- écouter via bandcamp
‘y a des trous béants dans ma culture métallique, épisode 16902
Vous, si on vous dit « Un groupe culte brésilien, fondé en 1981, qui a influencé Sepultura à ses débuts… », vous savez quoi répondre à Julien Lepers? (Désolé, pour moi Questions pour un Champion ça reste Julien Lepers. Et Des Chiffres et des Lettres Patrice Laffont. Qui a dit vieux?) J’avoue que si on avait tenté de me désarçonner de la sorte, j’aurais répondu Sarcófago. Sauf que ces derniers ont commencé à rouspéter dans le micro en 1985, du coup ma réponse aurait été suivi d’un désagréable bruit de buzzer signifiant « Mauvaise réponse, gros ».
« Rhôôô, dommage lapin! ** consulte ses fiches ** La bonne réponse était Vulcano. »
… Hein? Qu’est ce que Giscard et son parc auvergnat viennent foutre là?
Vul-ca-no. Pas Vulcania!
OK OK, tout le monde peut « se trompette ». Du coup c’est avec son 11e album – le premier sur un label faisant de la promo de ce côté-ci du globe: Mighty Music – que je découvre les loustics. Ainsi que leur histoire, ceux-ci ayant connu un petit creux de la vague sans activité de 1990 à 2004, sans doute pour aller monter un groupe de Grunge ni vu ni connu, cachés sous des pseudos et des chemises de bûcherons. Ou pas. Sans lubrifiant, le premier contact avec Eye in Hell râpe les conduits auditifs à la lime old school. Car Vulcano pratique un proto-[Thrash / Metal extrême] brûlant et primaire qui évoque autant les premiers Slayer que les vieux Sodom, avec de plus un petit côté Punk / Satanique / Blood’n’Fire’n’Nimp’ lorgnant vers Venom. Pas vraiment du Tech-Prog à lunettes quoi.
Au bout de 3 morceaux, on se dit: c’est bien beau cette véhémence juvénile, mais ça va peut-être piquer un peu sur 42 minutes non? D’autant que, dis donc: elle est loin derrière eux, leur puberté, à ces gugusses… C’est vrai que la chose est rugueuse, fulminante, et ne transpire par l’inventivité. C’est sans doute la raison pour laquelle ces 13 nouveaux titres peuvent tout à fait disparaître dans le décor sonore de votre activité du moment, pour peu que celle-ci consiste à débiter des carcasses de bovins à la machette, à faire fondre du plomb dans une forge ou à retaper des tourelles de tank cabossées. Mais quand on y prête une oreille vraiment attentive, on se rend compte que l’on est en présence d’un gros condensé d’efficacité bouillonnante, du genre qui appuie déraisonnablement sur l’accélérateur de votre pouls.
C’est que Vulcano a le chic pour pondre de mini-brûlots qui ne pédalent guère plus longtemps que 3 minutes, remplis de fiel, de riffs haineux et de Metal hurlant. Dès « Bride of Satan » ça cogne, ça crache, et ça triture les guitares comme si des légions de diablotins vintage avaient décidé de nous mettre leur fourche dans le fessier. Et comme tout est bon dans le démon, pour varier le propos de son vieux Thrash en cuir clouté, le groupe n’hésite pas à piocher partout où ça riffe couillu, tantôt chez Motörhead (« Cursed Babylon », « Devil’s Bloody Banquet »), tantôt dans le Metal extrême le plus véhément (les blasts sur « When The Day Falls », le final Grind & Impaled Nazarene d’un « Struggling Beside Satan » très War Thrash). Et pour bien montrer qu’on n’écoute pas un gang lambda de fond de favela, il nous balance de ces plans qui mettent des frissons furieux: un solo fonceur qui balance 2000V à la fin de « Dealer of My Curses », un sprint guitaristique tempéré par de doux arpèges à 1:35 sur « Cybernetic Beast », et j’arrête ici la liste des courses parce que sinon ça douillerait sévère à la caisse….
Au final, malgré un classicisme assumé et quelques balourderies un peu malvenues (« Inferno » n’est pas foufou, et le morceau-titre finit l’album sur les jantes en livrant la prestation la plus longue et la plus casse-bomb’ de la tracklist – quelqu’un m’explique?), on se retrouve à éprouver une franche affection pour ces pétulants papys dont on voudrait avoir la vitalité quand viendra le demi-siècle-ou-plus.
Du coup c’est bien le grand Jacques qui avait raison: oui, le feu brûlant du Metôôl le plus ivôôl peut bien rejaillir de l’ancien volcan.
La chronique, version courte: on peut continuer à cracher du venin, de la lave et des riffs brûlants quasiment 40 ans après ses débuts. Et ça brûle comme au premier jour, ou presque. Si si. Cette leçon nous est offerte par Vulcano, groupe de vétérans brésiliens doté d’un patronyme qui fleure bon le début des 80s…
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