Waltari - Torcha!

Chronique CD album (1:00:59)

chronique Waltari - Torcha!

J’avoue, je suis le premier à blâmer. Car dès qu’il est question d’évoquer les vénérables fondateurs de la scène Nawak Metal, s’il est bien un groupe que j’oublie quasi-systématiquement de citer, c’est Waltari. Pourtant les finlandais font du metal métissé sous ce nom depuis 1986, et leur 1er album à avoir vraiment ébouriffé les tignasses headbangueuses (Torcha!, donc) date de 1992. Bref, nos amis ont commencé à effectuer leurs cabrioles discographiques bien avant que Carnival in Coal et Devin Townsend n’aient posé leurs soucoupes volantes sur la planète Terre, un petit poil seulement après le début de la carrière de Faith No More, et sur une trajectoire chronologiquement parallèle à celle de Mr Bungle. Alors quoi, pourquoi cet oubli criminel? Pourquoi le groupe ne jouit-il pas du même statut que ses partenaires en délires musicaux? Du fait de sa nationalité [à l’époque] « exotique »? A cause de la nasalité marquée de la voix de Kärtsy – qui déblatère avec l'espièglerie d'un Plastic Bertrand encanardisé?

 

…‘n’a pas la réponse le monsieur! Mon marc de café reste péniblement muet sur le sujet…

 

Parce que non seulement Waltari propose exactement tout ce qui fait habituellement faire des cabrioles aux fans de metal barré, mais en plus il emballe le tout dans des titres aussi joyeusement bondissants que provocateurs de sympathie, aussi surprenants que métalliquement malicieux… Car ce chant goguenard, ces guitares multi-facettes mais musclées (Sami Yli-Sirniö ira faire un tour au sein de Kreator) et cette basse très présente volettent entre registre metôôôl (et ce très souvent, qu’il soit hard, thrash, voire death), funk, pop, dance, punk (beaucoup de punk, notamment « à roulette »), hiphop, éléments folkloriques… ‘fin bref, vous avez l’habitude avec ce genre de lascars. D’ailleurs la raison d’être officielle du groupe – ou du moins sa ligne directrice – est d’utiliser l'ensemble des musiques  dites "populaires" actuelles pour créer quelque-chose de nouveau et de frais dont les racines seraient metal/punk, mais dont les ramifications se rapprocheraient de la coupe afro, l’engrais utilisé pour faire pousser cette belle plante musicale étant fait de beaucoup de bonne humeur et de dérision. Du moins c’est plus ou moins ce que dit la bio du groupe. Ça, et le fait que nos zoziaux sont fans depuis le tout de début de Zappa, des Beasty Boys ou encore de Slayer.

 

Bref, pas de doutes: on est entre potes!

 

Mais revenons-en à Torcha! – puisque c’est avec lui que nous allons commencer la « Story Waltari » sur CoreAndCo. Cet album est celui de tous les tournants. Ou de tous les débuts, plutôt, rectifierez-vous avec à-propos. Celui de l’affirmation d’une personnalité metalico-punko-je-fais-ce-que-je-veux-avec-mes-cheveux-et-ma-musique. Celui de l’ouverture à l’international, Roadrunner espérant avoir trouvé là son groupe de fusion carton à lui. Celui du succès critique. Celui des premières tournées européennes. Et celui du premier « hit », la reprise barrée du « Vogue » de Madonna ayant beaucoup tourné dans les milieux autorisés. Mais tout comme « Easy » ne peut résumer – ni même, honnêtement, représenter – Angel Dust, cette cover ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt Torcha!, d’autant que celle-ci est blindée d’essences rares et exotiques.

 

Car, comme la quasi-totalité des albums anthologiques, Torcha! est d’abord une collection de putain de tubes à la personnalité bien trempée. Tubes dont la série commence avec l’énorme « Lights On » à la basse protubérante, au riffing thrashement tranchant et au refrain monstrueusement dansant. Si « The Lie of The Zombie » est bon et tout aussi représentatif de la Waltarittitude, il s'avère être moins marquant… La 2e grosse baffe arrive donc avec « I Held You So Long ». Ouvrant une nouvelle fois les hostilités sur une ligne de basse directement reliée à notre moelle épinière, le morceau se développe dans un registre beaucoup moins bouffonnesque pour révéler un véritable joyau tout en mélodies puissantes, en émotions poignantes et en guitares papillonnantes. Mais cette caresse grandiose pourrait bien n’avoir pour unique finalité que de mieux nous faire faucher par « Dedicated To The Flyers », joli petit brûlot joyeusement – mais sévèrement – punk, qui ravira les amateurs de rampe de skate. Car le groupe n’a pas sa crête dans sa poche, vérité qu’il réaffirmera lors de l’ultra-speedé et hyper bandant « I’m A Believer ». Ou, plus proche, entre les nombreuses occurrences du refrain qui tue de « Lust For Life »… Les membres de la confrérie Thrash seront quant à eux contents d’apprendre que Sami s’est réservé quelques titres afin d’éclabousser son monde de grosses guitares qui sentent la Bay Area. C’est que le Metallica de la grande époque semble avoir passablement impressionné nos amis, notamment sur « Fool’s God » (on pense à « One » en fin de titre), ainsi que sur « Death Party » où ça multiplie explicitement les clins d’œil (on nage par exemple en plein « Creeping Death » dès 0:42). Sur « Dance Electric » par contre, c’est plutôt à une version Nirvana-isée du « Brio » de Big Souls que l’on pensera, les joyeux hors-sujets continuant ensuite avec le nawak-rétro-rap finnois de « Jukolauta » ou le mélange stoner/thrash/sitar de « Fuckadelican Garden ».

 

Et le plus fort c’est que la sauce prend à chaque fois, et que les transitions entre les univers joufflus et les approches plus sautillantes se font le plus naturellement du monde!

 

Tout au long de son existence, Waltari se fera un plaisir de foutre de grands et joyeux coups de pied dans la fourmilière metal, horrifiant les coincés du rectum via sa mixture décomplexée de tout ce qui motive nos guiboles à marquer le rythme en cadence. « Styles suck! » déclarait Kärtsy à la fin de son set au Hellfest 2013, et s’il n'est pas le seul (loin de là!) des albums du groupe à illustrer à merveille ce credo, Torcha! est sans doute l’un des plus jouissifs et des mieux garnis en tubes. On vous le recommande donc chaudement, en plus du petit dernier (You Are Waltari), afin de gaver votre boite à Hits de quelques beaux spécimens supplémentaires, et de constater que non contents d’être excellent et complètement à part, en 2015 le groupe reste aussi pertinent avec ses dernières réalisations qu’avec ses toutes premières.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteWaltari est l’un des plus anciens et des plus pertinents des groupes de fusion nawak à large spectre. Si le tout récent You Are Waltari nous a prouvé que l’usine à tubes décalés était toujours au sommet de sa forme, Torcha! nous rappelle que c’était déjà le cas il y a 23 ans de cela.

photo de Cglaume
le 17/05/2015

1 COMMENTAIRE

mcmetal

mcmetal le 17/05/2015 à 22:17:48

une collection de tube ,tout comme so fine et big bang :-)

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements