Waltari - 3rd Decade – The Anniversary Edition

Chronique CD album (48:11)

chronique Waltari - 3rd Decade – The Anniversary Edition

C’est nawak, franchement :

- en 1998, Waltari sort Decade, une compilation fêtant les 10 ans du groupe. ### Jusqu’ici, rien à redire…

- en 2008, le groupe récidive pour ses 20 ans avec The 2nd Decade - In the Cradle. ### Cohérence du titre, de la date et de la nature de l’événement : toujours rien à redire…

- en 2011 les fans voient arriver Covers All! - 25th Anniversary Album… 3 ans après la teuf du passage de la vingtaine ! ### Mouais, ça commence à couiner au niveau de la calculette et du calendrier… 

- en 2021, en adoptant une logique arithmétique manifestement héritée des Dadaïstes, les Finlandais fêtent leur 3e décennie via le 3rd Decade – Anniversary Edition dont le titre trône en haut de cette page. ### Aïe, ils ont eu Ribéry comme prof de Maths ou bien ?

 

Mais enfilons à présent la robe de l’avocat de la défense afin de mettre les choses au clair : Covers All! est sorti 25 ans après la formation du groupe (en 1986), tandis que le calcul des deux anniversaires précédents se basait sur la date de sortie du tout premier EP éponyme (en 1988). Ceci explique donc cela. Par ailleurs, arrivé à un certain âge on ne voit plus le temps passer. Quand vous ajoutez à cela la grosse brouette de virus couronné qui nous est tombée sur le coin du masque ces dernières années, le groupe a en sa possession un mot d’excuse en béton pour justifier les 3 ans de retard (… on l’attendait en 2018 !) du chouette cadeau d’anniversaire musical dont j’ai prévu de vous causer aujourd’hui.

 

Le principe de 3rd Decade – Anniversary Edition est à peu de chose près le même que celui de l’École des Fans, mais avec des groupes – dont certains assez connus – à la place des mouflets. Autre singularité : au lieu de rester sagement dans les clous, ici les interprètes d’un jour prennent parfois de grandes libertés avec l’œuvre originale. Et pour l’occasion, c’est systématiquement que ceux-ci se voient rejoindre par l’artiste célébré – Waltari, suivez un peu – afin de pousser ensemble la chansonnette. Dernière différence majeure : à la fin ce ne sont pas les autres participants, mais Lapin jaune le Taquin qui attribue une note pour juger la prestation…

Sachez enfin que, puisque vous avez été sages – et que le groupe aimerait bien que vous soyez suffisamment émoustillés pour lâcher quelques euros –, cette nouvelle galette a également été agrémentée d’un morceau inédit. Ça fait plus riche, vous en conviendrez.

 

L’album étant particulièrement tutti frutti, je vous propose de le parcourir en mode track-by-track. Et si vous n’êtes pas d’accord, c’est pareil – d’autant que vous pouvez très bien aller lire d'autres chroniques à la place : du Black, du Hardcore, du Stoner, il-est-frais-le-poisson-de-CoreAndCo-il-est-frais, il vous suffit de cliquer un peu plus bas, vous verrez, les collègues travaillent ‘achement bien.

 

"... en mode track-by-track" disais-je donc :

 

1) « Merry Go Round » est le fameux morceau inédit précédemment évoqué. Concocté main dans la main avec Jürgen Engler de Die Krupps, le fruit de cette union est assez logiquement un morceau de Pop / EBM / Indus franchement accrocheur, dans lequel on discerne tout aussi nettement les sombres mécaniques allemandes du père que les espiègles cabrioles finlandaises de la mère. 7,5/10

 

2) La nouvelle mouture de « Below Zero » extrait les zigouigouis Electro/Youpi (le pont à 0:43, à l’origine purement Techno, passe sous la responsabilité de la basse) ainsi que tout ce qui sonne trop Fusion du millésime 2009 afin de le transformer en un morceau de Metal bien « tradi’ » qui colle mieux au registre de Marko Hietala (ex-Nightwish, aujourd’hui dans Tarot). Waltari, à la base, on préfère quand sa musique est folle. Mais soyons honnête : la mue est ici parfaitement réussie. 8/10

 

3) Revisité en compagnie des Bomfunk MC's, « Skyline » suit la trajectoire inverse de « Below Zero » : il perd en poils pour gagner en hip-hopité – ce qui est raccord avec la nature de l'invité. Problème : le morceau perd en durée (une minute : il passe sous la barre des 3 minutes) et en impact. L'expérience reste délectable, car le morceau est vraiment bon. N'empêche, on préférait la version – encore fraîche – dispo sur Global Rock. 6,5/10

 

4) Waltari ne s'est jamais interdit de faire dans le Nawak le plus frontal, bien au contraire. Par ailleurs on connaît son attachement pour ses racines finlandaises. Pas étonnant, donc, que « Ehtoopuolella » revisite « One Day » à la mode Nawak Humppa. Inconvénient : le morceau se transforme en une Fête du slip et de l'accordéon qui fait certes vaguement sourire, mais qui retire tout le système nerveux du morceau original... 4,5/10

 

5) On ne présente plus le classique « So Fine ». Celui-ci se retrouve ici gonflé à l'hélium Electro / Eurodance, des chœurs d'enfants remplaçant les chants tradi' habituels... Et cette légère transformation (vous vous rappelez peut-être qu'il y avait déjà eu une 2e couche de peinture sur le « So Fine 2000 » intégré à Channel Nordica ?) passe franchement bien. Par contre l'apport de Kevin Ridley, chanteur de Skyclad, est carrément anecdotique. 7,5/10

 

6) Tiens, justement, en parlant de Channel Nordica et d'anniversaire : cet album coécrit avec Angelit avait connu une réédition pour ses 20 ans. Pour l'occasion la tracklist s'était vu allongée de 3 morceaux, dont « Step Outside », qui est livré ici en l'état. Sans doute un cadeau pour les fans qui n'auraient pas pu s'offrir cette réédition. Quoiqu'il en soit ce titre de Pop / Rock synthétique mais profond, moelleux et forcément agrémenté de Joik – ce chant traditionnel que Waltari a permis à beaucoup d'entre nous de découvrir – fonctionne parfaitement. 8/10

 

7) On reste les deux pieds dans la neige avec une version gothico-Folk d'« In The Cradle » que le groupe a décidé de livrer en compagnie de Jonne Järvela (Korpiklaani ) et Jyrki 69 (The 69 Eyes). J'avoue préférer l'originale, cette nouvelle version ayant tendance à filer le bourdon... 5,5/10

 

8) « Misty Man » était déjà pétillant sur So Fine !, mais avec Niki des Barbe-Q-Barbies derrière le micro sur les couplets, le morceau prend vraiment du galon, la demoiselle faisant preuve d'une belle gouaille Rock à des kilomètres du registre de Kärtsy. Une vraie réussite, sans pour cela qu'il ait été nécessaire d'en faire des caisses ! 9/10

 

9) Avec « Lights On » on retourne à l'époque de Torcha !. Le nouvel habillage synthélectro du morceau s'avère carrément sympa, par contre le chant sans beaucoup de finesse de Mr Lordi lui fait perdre un peu en ressorts. Un pas en avant, un pas en arrière, quoi. 7/10

 

10) « The Stage » est sans doute l'un des morceaux les plus crémeux des Finlandais, avec son intro presque jumelle de celle du « Cendrillon » de Téléphone. Peu de nouveauté ici, malgré la présence de Lacu Lahtinen (Hanoi Rocks) à la batterie et de Kasperi Heikkinen (Beast in Black) à la guitare, si ce n'est le chant féminin de Capri, du groupe Amberian Dawn, qui rajoute une couche supplémentaire de chantilly... 6/10

 

11) « Helsinki » ferme la marche et permet de conclure l'album tel qu'il avait commencé, sur une touche Indus – néanmoins plus onctueuse cette fois, et nuancée du chant féminin assez rageur de Lisa-Marie Watz (du groupe April Art). On regrette d'ailleurs un peu que l'aventure se termine sur cette doublette de morceaux plutôt gentils et frileusement réarrangés – d'autant que Kärtsy en rajoute une couche sur les dernières secondes en modulant son chant comme une Mariah Carey finie au vin chaud. On mettra ça sur le compte de la déconne... 6/10

 

Alors c'est sûr, on n'écarquille pas les yeux non stop pendant les presque 50 minutes de cette fiesta septentrionale, car on nous y sert du bon grain comme de l'ivraie. En même temps il ne s'agit de rien d'autre que d'un grand goûter d'anniversaire musical, et sur la table de ce genre de festivités, pour une tranche de délicieux cake banane / chocolat confectionné avec amour par la maman de Kevin, il faut également se taper des petits pots de glace industrielle vanille / Smarties. N'empêche, il s'agit de Waltari, donc de bonne humeur, d'accroche, de grosses guitares, de gros beats et de rennes rigolards qui batifolent joyeusement dans la neige. Alors on en profitera pour faire une pause dans l'actualité musicale et se recharger les batteries en ressortant les pépites issues de l'abondante discographie de ces gais lurons géniaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: tu le crois : ils ont 30 ans déjà (… et même un peu plus) ! Pour fêter ça les Finlandais de Waltari ont invité tous leurs copains afin de revisiter un échantillon de leur immense catalogue. Pas toujours heureux (« One Day » se retrouve tout poisseux après un lourd virage humppa), il arrive quand même que ces relookings d'un jour marchent du tonnerre (cf. « Misty Man » et « Below Zero »). Du coup l'entreprise est loin d'être vaine, surtout que le morceau inédit, écrit à 4 mains avec Jürgen de Die Krupps, est carrément sympa.

 

 

photo de Cglaume
le 03/02/2022

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