Waltari - Radium Round

Chronique CD album (49:48)

chronique Waltari - Radium Round

Waltari, Waltari, Waltari... Putain de mystère qui entoure ces Finlandais frappadingues menés de front par un certain Kärtsy Hatakka au timbre si particulier et caractéristique. Seraient-ils des personnes aussi viles que fourbes que leur simple existence emmerderait les puissances divines qui leur ont bien rendu en les maudissant ? Parce que franchement, ça fait aujourd'hui presque trente ans que le groupe est sur les rails, roule sa bosse en ayant sorti toute une pléiades d'offrandes – le dernier en date représente quand même leur quinzième – s'est même octroyé toute une nuade d'éloges et d'estime au sein de sa propre scène nationale d'un point artistique et créatif... Et tout ça pour quoi ? Pour être boudé du public en règle générale, faisant de Waltari un groupe plutôt confidentiel ardemment suivi par son petit cercle d'initiés. Il suffit de voir le nouvel opus, You Are Waltari, pour s'en convaincre : point de distribution française et ça n'a pas l'air de déranger grand monde. Chose vraiment très conne car ce n'est pas faute d'avoir proposer un album qui défouraillait sévère. Tout comme toutes les galettes qu'ils ont présenté depuis Blood Sample (2005) d'ailleurs. Ou de plus vieilles péripéties telles que Torcha ! (1992) ou So Fine ! (1994) qui méritent pourtant de rester dans les anales. Alors bien sûr, quand on est dans des sphères brassant très large qu'on fusionne un peu tout et n'importe quoi – gentiment barré sans atteindre non plus le statut nawakien – on n'est pas à l'abri de quelques fautes de goûts avec des albums moyens. Et pour sûr, Waltari en traîne quelques uns dans ses fonds de placard. Radium Round, qui nous intéresse aujourd'hui, a souvent été placé dans ce dernier cas de figure.

 

Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi un jugement aussi sévère. Même si Waltari est un groupe classifié dans le metal, on ne peut pas dire que cette galette en soit vraiment révélatrice. Il suffit d'entendre le trio « Back To The Bottom », « Radium Round » et « The Plan » et nul doute que le chevelu avide de grosses guitares dopées à la testostérone va vite aller gerber en se demandant sur quelle merde il a bien pu tomber. Boîte à rythme, techno cheap, voix féminines dance 90's par moments, refrains tellement simplistes qu'ils en deviendraient presque consternants, c'est la débandade. Tu te serais retrouvé dans un petit club paumé de province, entendre ça sortir de la sono servant d'autre part à on ne sait quel mariage typé beauf à gogo, ça n'aurait pas fait si tache. C'est gentiment kitsch, c'est léger et sautillant, il y a juste à prendre sa petite perfusion d'alcool à 90 pour se mettre dans l'ambiance et vous serez prêts à danser jusqu'au bout de la nuit. Non, sans rire, sur le coup, ça paye peut-être pas de mine mais le côté déluré qui ressort suffit pour convaincre : putain de délire à la con. Et dans cette veine, il n'y en a peut-être que trois sur Radium Round, les neufs autres titres prenant des directions bien différentes, il n'empêche qu'étrangement, c'est bel et bien cet attrait qu'on retiendra le plus du disque. De là à dire que c'est LA particularité de l'album, son identité, il n'y a qu'un pas qu'on n'osera franchir quand même.

 

Même si le disque dans son intégralité sonne comme très synthétique, mené par un côté électronique/dance qu'on retrouve quasiment partout, plus ou moins subtilement, ce serait bête quand même de ne pas noter l'effort pratiqué en terme de mixtures bizarroïdes mais toujours pour servir un résultat accessible. Radium Round, c'est l'OMNI au sein même de la discographie de ses géniteurs qu'on pourrait comparer à E.T. : bizarre au premier abord mais tellement gentillet qu'il en devient terriblement attachant. On a beau aller visiter de la power-pop typé 80's (« Every Bad Day »), du hip-hop si groovy qu'il en deviendrait presque rap (« Power Of Thoughts » et son merveilleux refrain rock copain), à quelque chose de plus funky (« Number None »)... Enfin bref, on voyage et on frôle beaucoup de styles du doigt sans pour autant les saisir à pleine main et tout ça dans la joie et la bonne humeur. On se retrouve peut-être déstabilisé à la première écoute de tant de richesse un peu folasse, bien que cantonné à des éléments très accessibles et easy-listening, on ne se retrouvera nullement gêné à fredonner ou bouger son petit popotin à la seconde. Seule petite faute de goût toutefois, on se serait bien passé de « 4000 Years » à la toute fin du disque, la balade aérienne de trop à un album qui en contient déjà deux autres (le très Tears For Fears « Atom Angel » et la petite douceur « Love Rocket ») très largement suffisantes en la matière. Dommage car du reste, le disque sait se montrer hétéroclite et varier ainsi ses tempos.

 

Alors bien sûr, on pourra toujours trouver la voix parfois nasillarde de son frontman insupportable – il appartient à chacun d'en juger – il n'empêche que Radium Round souffre du même syndrome qu'un Metallica avec son tandem Load / Reload, un Marilyn Manson avec son Mechanical Animal ou bien encore Entombed avec Same Difference. A savoir d'offrir une vision plus consensuelle et easy-listening. Il faut dire que les éléments basiques qui sont passés dans leur machine à fusion restent toutes issues de terres accessibles et grand public. Et comme le tout est si bien achalandé, on ne se retrouve nullement pris au dépourvu, malgré quelques kitscheries aussi croustillantes que dansantes, car construit sur un modèle sophistiqué qui donne lieu à un monument plutôt classieux où tous les éléments s'imbriquent dans une totale harmonie. Sans qu'il n'y ait besoin de crier au loup qui aurait vendu son âme au diable, Radium Round n'est qu'un défrichage unique et ponctuel parmi d'autres qui rend plutôt bien. Même si il faut admettre que si Waltari aurait sorti plusieurs albums sous cette même direction, cela aurait vite viré à l'écœurant.

photo de Margoth
le 10/05/2015

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 10/05/2015 à 14:05:44

Yeeeees: some more Waltari in da CoreAndCo place !!!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/05/2015 à 22:27:50

J'vais faire mon chieur : c'est quoi une "nuade" ?

mcmetal

mcmetal le 11/05/2015 à 22:19:08

pas le meilleur waltari mais je l 'aime beaucoup quand même ,scum est surpuissant, broken bizarre ou radium round sont incroyables le reste est léger mais s ecoute très agréablement

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