Kyyria - Alien

Chronique CD album (1:02:13)

chronique Kyyria - Alien

« Mind the Light »

 

LE tube d'Alien.

Un morceau qui, en son temps, a atterri sur un sampler d'Hard Rock Magazine, et a su laisser une trace indélébile sur les quelques oreilles impressionnables et fusionophiles qui ont croisé sa route.

Un morceau auquel on aurait vite tendance à réduire le groupe tant il sort du lot, un peu comme « Apple Pie » pour White Trash, ou « Cours Vite » pour Silmarils.

Un morceau déjà amplement évoqué au sein de la chronique de Blessed Ravings, l'album d'avant.

 

… C'est vrai qu'il aurait tendance à attirer toute l’attention le bougre, et ce faisant à occulter le reste de ce 2e album ! Voire même à occulter le reste de la discographie, certes réduite, du groupe. Pas que les autres titres composés par ce dernier soient mauvais, non, mais ils impressionnent l’oreille avec bien moins d’éclat. Or vous savez comment est l’être humain (… surtout d’obédience masculine) : dès lors qu'une Scarlett Johansonn est présente dans une pièce, il est beaucoup moins conscient des Virginie Efira et autres Shailene Woodley qui s'y trouvent, elles aussi. Alors qu'au sein d'une foule classique, il n'aurait d'yeux que pour ces dernières...

 

Un peu moins de 3 années après leur premier coup d'éclat longue durée, les Finlandais d'adoption ont enfin réussi, avec Alien, à se faire remarquer par un « vrai label », Gun Records, satellite de Sony / BMG abritant Forbidden, Kreator ou encore Sodom au sein d’un cheptel globalement orienté Thrash & Heavy à la teutonne. Nos joyeux lurons ont-ils pour autant bodybuildé la partie Metal de leur zic ? Pas vraiment : ce 2e album est dans le continuité logique de son aîné, la coloration étant même devenue encore un peu plus waltarienne – si si, c'est possible. Par moments on a vraiment l'impression d'écouter une playlist d'inédits de la bande à Kärtsy Hatakka, le côté « Open Fusion » sans limites et – surtout – le chant nasal goguenard de Ville Tuomi se ralliant sans erreur possible au panache capillaire rouge des boss de la Fusion locale.

 

Et au-delà de cette voix fortement typée et de ce côté trublion du Metal, Kyyria conserve ces caractéristiques qui définissaient les contours de sa personnalité dès 1994 : une basse délicieusement présente, un clavier assez structurant (qui gagnerait parfois à être un rien plus discret), ainsi que ces passages psyché / fumette occasionnellement teintés de couleurs World qui culminent bien évidemment sur le fameux « Mind the Light », dont tout une partie semble avoir été composée en plein marché à l'opium de Katmandou. Aucune difficulté, donc, pour ceux qui avaient usé leurs semelles auriculaires sur les sentiers de Blessed Ravings, à reconnaître les lieux.

 

Le single sorti à l’époque avait bien cerné quelles étaient les forces vives de cet album. Car, en plus de la superstar « Mind the Light » et son mélange parfaitement équilibré entre trip routard hippie et Spontex Rap metal, on y trouvait l’autre moment fort de la galette : « P.O.E. ». Et là, pour le coup, outre un tambourin qui pourrait laisser penser que des baba cools traînent encore dans le coin, on oblique dans un autre univers, plus Blues, Country, Rap & Stetson, drivé par une bonne grosse basse à l’encolure de taureau de rodéo, et rythmé par des « Yiiiiii-Ha ! » joyeusement rednecks. Le 3e et dernier titre du fameux single (qui avait manifestement une face A, une face B et une face C !) s’avère par contre un peu moins judicieux, puisqu’il s’agit de « Death is Dressed for Me », piste plus morose, traînant la patte et ses regrets dans une spirale pessimiste bénéficiant néanmoins d’une bonne dynamique – et d’une basse toujours aussi irréprochable. Pour un vrai tiercé gagnant on lui aurait préféré la joyeuse punkerie waltarienne « Inside Out », bien plus énergique et ensoleillée, et dotée de passages Hip-Hop-core gruntés. Ou éventuellement le sandwich Rap/Nü Metal/Rap de « One White One Brown ».

 

Problème de taille : on attendait que Blessed Ravings soit le tremplin depuis lequel Kyyria s’envolerait haut dans les cieux du Party Metal, porté par les larges ailes d’un Alien « out of this word ». Sauf qu’au final, malgré un gros hit et quelques bons titres, ce 2e album ne tient pas toutes ses promesses. Il a en effet trop tendance à errer de presque-tubes en bonnes idées pas totalement abouties, se complaisant un peu trop dans des passages aussi planants que confus, sans jamais réussir vraiment à faire jaillir le « Whaou ! » de cette accumulation de « Pas mal… ». Comme sur ce « O’ Right » trop informe pour passionner, ou sur un « Vendetta » conclusif un brin trop larmoyant, trop flou… Et l’auditeur exigeant de finir donc avec une demi-molle plutôt qu’un fier totem célébrant la félicité musicale. Ce qui explique la note ci-dessus qui, loin de sanctionner un album pétillant malgré ses défauts, est plus la marque d’une légère déception face à cette non-confirmation rageante…

 

 

A noter, pour l’anecdote, la présence de :

- Waldemar Sorychta (Despair, Grip Inc., derrière les manettes de grands albums de Moonspell, Samael, Tiamat) au poste d’assistant ingénieur du son

- Sami Yli-Sirniö, guitariste de Waltari, Kreator et Barren Earth, à la sitar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 2e album de Kyyria, Alien se place dans la continuité logique de Blessed Ravings en proposant une grosse heure de Fusion sans frontière TRES proche de celle de Waltari, les volutes de fumée colorée en prime. Son principal atout est aussi sa relative faiblesse : « Mind the Light », tube de Katmandou Funk/Rap Metal dont les brillants ramage et plumage ont tendance à faire de l’ombre au reste de la tracklist .

 

photo de Cglaume
le 11/06/2023

1 COMMENTAIRE

dubthedude

dubthedude le 16/06/2023 à 21:05:49

Le sampler Hard Rock Mag, je l'avais aussi ! Incroyable de voir resurgir cet album...

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