White Trash - 3-D Monkeys in Space

Chronique CD album (39:13)

chronique White Trash - 3-D Monkeys in Space

« White Trash, scène 3, prise 1, moteur… Action ! »

 

Si vous venez parfois alimenter votre nostalgie musicale en nos dominicales pages, vous en avez peut-être déjà profité pour vous replonger dans la discographie des plus funky des métalleux new-yorkais. Car par deux fois déjà, à peine l’hostie consacrée disparue par-delà la luette, nous vous aidions à raviver des souvenirs trop tôt enfouis, tantôt celui du sommet White Trash, tantôt celui de début de la fin ¿Sí O Sí, Que?. Allez, rappelez-vous : ce deuxième album, plus tiède que mauvais, n’avait pas réussi à tenir la dragée haute à une grungeosphère alors toute-puissante. Le résultat ne s'était d'ailleurs pas fait attendre :

 

« Allo, ici Pamela, la secrétaire de Bob, votre contact habituel chez Elektra. Il aurait aimé vous passer le message lui-même, mais il devait se rendre à Seattle pour assister à une conférence consacrée à l’impact du riffing à cheveux gras sur le volume du cash-flow. Il m’a donc chargé de vous dire de récupérer vos cartons à l’accueil, et fissa. Vous pouvez gardez la dernière caisse de Jack D. qu’il vous avait fait livrer... Par contre il faudra ramener les bouteilles : elles sont consignées. »

 

1995 fut donc le début d’un looooooooong break "Retour à la dure réalité" pour White Trash. Mais tapie tout au fond, au détour d'une circonvolution intestinale, l’envie était toujours là, mordante, chiquant les bouts de boyaux à portée de canines dès qu'une poussée nostalgique se manifestait. En 2007, la joyeuse bande remit donc le couvert le temps d’un show de reformation au Crazy Donkey (Long Island). Une chose en entraînant une autre, les dates succédant aux bœufs, ce qui devait arriver arriva : un nouvel album fut mis sur les rails.

 

Et en mars 2009, les événements suivant leur cours logique, Bam : un nouvel album intitulé 3-D Monkeys in Space finit par pointer le bout de son nez. Alors OK, près de 15 ans après, c'est vrai, les cheveux sont tombés, la prod’ a perdu de son lustre, et les locaux crasseux de Gotham Gold Music Productions (structure montée par Aaron Collins, à l’œuvre derrière la basse et le clavier) ont remplacé les bureaux luxueux et les jolies réceptionnistes de la grosse major. Par contre on sent que l’appétit est enfin de retour, la gouaille se fait à nouveau gourmande, et la disto’ pétillante ! Vous vous rappelez la décontraction irrésistible et le plaisir manifeste ressentis à l’écoute de The Soundtrack To The Innermost Galaxy, l’album du come-back de 24-7 Spyz? Eh bien là même topo, tout juste dix ans plus tôt !

 

Sur son troisième album, White Trash s'en revient donc avec ce Funk Metal de petits blancs, i.e. adossé à un solide bloc de Hard Rock’n’Glam’n’Roll plutôt qu’à l’esprit Rap/Crossover californien. La section cuivre a enfin repris du galbe avec à nouveau 4 gugusses aux manœuvres, dont Chris Arbisi (saxo alto) et Terry Thomas (saxo ténor) qui figuraient déjà sur le premier opus. Tout comme la pochette le laisse entendre, le ton se fait cette fois plus volontiers psychédélique, les cigarettes qui font rire ayant dû tourner en studio… Et le groupe d'en profiter pour combiner dans des dimensions de plus en plus égales (… que sur White Trash) sa dimension funky et son visage Redneck Rock’n’Roll. On note donc de grosses traces d’Infectious Grooves sur « Superstar », du slap qui claque sur le morceau-titre, ainsi que des cuivres gaillards sur la moitié des pistes. Par contre c’est un harmonica qui sent le bayou qu’on entend sur « Dirty Girl », morceau dont les dents cariées rappellent l'Amérique profonde de Deliverance. « The Fifth » a lui aussi une vieille clope coincée au coin du bec tandis qu’il fait les cent pas sous le porche en compagnie de ce bon vieux Joe. Sans compter que, dans le même esprit, ce n’est pas du Public Enemy ni même du Primus que le groupe choisit de reprendre pour gonfler un peu la tracklist, mais un « Sight For Sore Eyes » d’Aerosmith bien plus en phase avec les attentes des porteurs de stetson. Et quand le bâtard issu de ce mariage crapuleux entre palmiers et mangrove se met à rouler des mécaniques dans le bar où le Harvey Keitel de Bad Lieutenant a ses habitudes, le résultat – nom de code « Drunk Cop » – s'avère tout simplement exceptionnel !

 

Alors OK, la prod’ n’est pas folle, l’ambiance est parfois un peu trop décontractée (les deux derniers titres sont enregistrés en conditions live, et ça vire franchement au bordel organisé sur « Fat Ethyl »), le soleil et les pétards émoussent parfois un peu l’énergie… Mais bordel que ça fait du bien de retrouver les gars avec une pareille banane ! Alors fuck la mode et le Music business : vas-y Léon, pousse à fond la distorsion, et rejoins les gibbons en orbite autour d’Orion pour une grosse séance de remuage de fion !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: libéré de la major Elektra qui n’arrivait plus à lui faire cracher suffisamment de pépettes, White Trash aura mis quasiment 15 ans à retrouver le chemin des studios… Mais cette fois sans pression, avec juste pour horizon la promesse de produire un bon gros son plein de juteuse distorsion. En découle un album légèrement foutraque, un tiers funky, un tiers péquenot rock, un tiers détendu du splif, qui assouplit le système nerveux et muscle les zygomatiques.

 

 

photo de Cglaume
le 31/07/2022

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