White Trash - White Trash

Chronique CD album (56:41)

chronique White Trash - White Trash

Non mais cette pochette! On n’avait pas fait aussi détendu du cartoon depuis la back cover du State of Euphoria d’Anthrax! Et ce n’est sûrement pas un hasard, vu qu’elles ont toutes deux été réalisées par des habitués de feu MAD magazine (Jack Davis et Mort Drucker, respectivement), et que les deux formations partagent ce côté fun et cette espèce d’insouciance typiquement californienne qui donnent envie d’enfiler un bermuda afin d’écouter leurs élucubrations musicales dans des conditions optimales. Sauf qu’en fait de Californie, White Trash vient de la même Grosse Pomme que la bande à Scott Ian. Et qu’en fait de Thrash – un coup de H, ça peut tout changer, demandez à Jason Voorhees – White Trash pratique un Funk Metal généreusement cuivré, assez éloigné, donc, du riffing rageur de Dan Spitz.

 

Mais posons le décor. Nous sommes en 1991. The Real Thing a retourné la planète Metal il n’y a pas si longtemps que ça. Toujours en quête de pépettes faciles (comme tout gros label qui se respecte), Elektra compte bien lui aussi disposer dans son catalogue d’un groupe de Fusion qui secoue la pulpe des téléspectateurs de MTV. Et ça tombe bien, dans leur Queens natal Dave Alvin et les frangins Collins trouvent que les grosses guitares sont beaucoup plus convaincantes quand elles font claquer des doigts. Ni une ni deux: le groupe a à peine le temps de passer par la case départ qu’il se retrouve managé par les mêmes grosses légumes qui gèrent les Red Hot et AC/DC, produit par Georges Drakoulias (un disciple de Rick Rubin) et diffusé en boucle à la télé (cf. le clip d’« Apple Pie »). Tout est fait, donc, pour que White Trash = Fast Cash.

 

Mais un groupe poussé si vite sous les spotlights a-t-il vraiment les moyens de tirer son épingle de la ludique botte de paille « Fusion »? Oui, car son premier album est bourré d’énergie communicative et d’envie de faire la teuf. Mais également de bonnes compos, de vrais musiciens, et d’une patte bien à lui. Car contrairement à pas mal de leurs pairs, les loustics 1) disposent d‘une vraie section de cuivres, « The Badass Brass », composée de 2 saxos et d’une trompette 2) n’adoptent pas les vocaux Hip-hop un peu faciles largement utilisés à l’époque 3) appuient leur composante Metal non pas sur le bon vieux Thrash qui lui aussi fait fureur, mais plutôt sur un Hard Rock tantôt Boogie-Bluesy, tantôt Glam. Ce dernier aspect tient beaucoup à la gouaille de Dave, qui traîne ses cordes vocales non loin des registres d’Axl Rose et de Vince Neil… Mais pas seulement, car même sans sa prestation « Po’ White Trash » garderait un petit arrière-goût de « Sticky Sweet » dopé à la wah-wah. Le groupe se fait également parfois plus roots, n’hésitant pas à sortir l’harmonica, voire l’orgue Hammond pour évoquer cette Amérique de la cambrousse à laquelle son blaze fait référence. Cela contribue d’ailleurs à le faire sonner parfois comme Led Zep – sur « S.D.A.S.E. » par exemple, dont l’intro semble interprétée par un Robert Plant jeune. Et il ne s’agit pas là d’un one shot, la batterie démarrant « Baby » donnant elle aussi l’impression fugace que « Immigrant Song » est venu se faufiler dans notre playlist.

 

Mais ne partez pas tout de suite, même si vous n’avez que peu de goûts en commun avec Papy Cyril: car White Trash est avant tout une grosse collection de tubes funky qui donnent envie de finir la soirée dans une boite de nuit en bord de plage. La basse d’Aaron y est insolemment gironde, la guitare d’Ethan baigne dans une disto’ funky à ce point archétypale qu’elle ne réussit pas à éviter un gros air de ressemblance avec le riff de Magnum (sur « Judge-Me-Do », à partir de 0:32), et malgré son petit côté Hair Metal péroxydé le chant de Dave s'avère délicieusement impertinent – on devient donc vite les meilleurs potes du monde avec ces sacrés lascars. En dehors du tube « Apple Pie » (une référence à la pomme empoisonnée de Blanche Dèche / White Trash?), le groupe nous régale sur un « Backstage Pass » joyeusement redneck, sur l’hymne familial « Buzz! », sur l’irrésistible et terriblement tactile « The Crawl », ou encore sur « Party Line » qui combine idéalement tous les visages du groupe. Et l’avantage de ce genre d’albums généreux de la tracklist et insouciant du riff, c’est que même les titres les moins remarquables (« Baby », « Lil’ Nancy », « Prayer B4 Pizza ») restent quand même carrément sympas.

 

Oui mais que reste-t-il de White Trash de nos jours? Des miettes, à peine (quoique le groupe soit de nouveau actif en ligne depuis 2020)… C’est que malgré ce fulgurant début (ou « à cause de »?), le groupe se séparera en 1993, puis repartira pour 2 ans avec l’album ¿Sí O Sí, Que?, puis arrêtera de nouveau toutes activités avant de se reformer à nouveau, et ainsi de suite, deux autres albums sortant au fil de ces tortueuses pérégrinations art[r]istiques. Promis, on essaiera de vous causer de tout ça avant le 54e re-confinement…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: album de pure Fusion à la mode « early 90s » – quand Faith No More faisait la loi sur MTV, et que c’était encore la classe de faire la loi sur MTV – White Trash est un grand shot de bon vieux Hard Rock gouailleur enfunkisé à coups de basse aguicheuse et de cuivres joyeux. Le genre de galette qui mettra vos soirées « excès en tous genres » en orbite à coup sûr. 

 

photo de Cglaume
le 30/05/2021

1 COMMENTAIRE

papy_cyril

papy_cyril le 30/05/2021 à 13:14:37

Faut pas que je dise que j'aime beaucoup ce disque, sinon je vais encore faire plus fuir le public de mon jumeau maléfique :-)

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