White Trash - ¿Sí O Sí, Que?

Chronique CD album (54:36)

chronique White Trash - ¿Sí O Sí, Que?

« Les copains : on joue à un jeu ?

- Oh-oui-oh-oui-oh-oui…

- Vous êtes chauds, parfait : jouons à celui qui trouve le plus de groupes dont le premier album a complètement éclipsé le reste de la discographie.

- Ouiiiiiiiiiiiiiiii ! »

 

Alors, euh… Oui, je sais, bien sûr, attendez-attendez, ne soufflez pas… Machine Head ? Cynic ? Grave ? Plastic Bertrand ?

 

Bonnes pioches, on valide. Si vous aviez été plus amateurs de Fusion so 90s, vous auriez également pu citer White Trash, dont le premier opus a fait guincher toute une génération de télheadspectbangers friands de clips MTVisés. Sauf que si ce départ en trombe avait tout de la fusée à même de mettre le groupe en orbite, l’histoire aura malheureusement fini comme la trajectoire de cette navette Challenger qui, en 1986, a fait Yop-La-BOUM : tout l'équipage – on dit « line-up » dans le cas présent – est en effet parti en fumée, ceci à cause des habituels différents artistiques.

 

En 1994, trois ans après le 1er round discographique, Dave Alvin – le chanteur – réalise soudain que c’était quand même vachement sympa d’être reconnu dans la rue. Surtout quand c’était un policier qui le remettait, et qu’en conséquence il décidait de ne pas le verbaliser-pour-cette-fois. Les potos du Dave ayant décidé que la culture de la betterave bio / le conseil en stratégie d’entreprise / le go-go dancing était plus lucratif, ils déclinèrent la proposition de remettre le couvert en sa compagnie. C’est donc avec un line-up tout frais que le loustic décida de proposer un 2e album à Elektra, ¿Sí O Sí, Que?, que ceux lisant Cervantes dans le texte auront traduit en « Oui ou oui, quoi ? » – d’ailleurs si vous avez l’explication du pourquoi de ce titre, que ce soit grâce à une interview d’époque ou à un niveau expert d’hispanophonie, je prends.

 

Vous qui avez près de 30 ans de recul, vous savez que les lendemains n’ont pas chanté autant que le groupe aurait pu l’espérer. L’album aurait même mérité de se voir rebaptiser en No y no, eso es todo, à la limite. Car les bonnes fées du succès ne sont pas restées aux alentours du berceau de ce cadet discographique, celui-ci se retrouvant dès lors entre les seules mains de la vilaine sorcière. Profitant de la situation, celle-ci a commencé par remplacer les cuivres vitaminés de l’album éponyme – cette section se faisait alors appeler « The Badass Brass » – par une trompette et un trombone extrêmement timides – baptisés cette fois « The Half-Ass Brass », un patronyme pour le coup tout à fait justifié. Puis la vieille rombière au nez crochu s’est arrangée pour qu’en ce plein milieu des 90s, la mode ne soit plus ni aux chevaliers du Heavy, ni aux roturiers du Thrash, ni aux énergumènes de la Fusion, mais plutôt aux broyeurs d’idées noires du Grunge. Vous imaginez bien que le pantalon et les escarpins blancs de la pochette n'étaient pas les plus appropriés pour accompagner la chemise de bûcheron devenue à l’époque tellement incontournable qu’elle a certainement dû finir dans les pages mode de Madame Figaro… Saleté de Carabosse : Elektra n'aurait pas dû oublier de l'inviter à la réception !

 

Mais alors, ce ¿Sí O Sí, Que? : victime de la mode, ou pas à la hauteur ?

 

Un savant mélange des deux mon Capitaine. Car c’est vrai que ce nouvel opus a le poil un peu moins lustré que son brillant prédécesseur. Il faut dire que la décontraction inhérente au style pratiqué par les New-Yorkais peut avoir un défaut : si on n’y prend garde, celle-ci peut vite se muer en laisser-aller, en perte de vigueur (« Come Tuesday », ballade radio-friendly bandant mou), de pertinence (cf. le terne « Pig », qui a inexplicablement servi de single), voire en jemenfoutisme caractérisé (le final « Find Me Somebody » sent le morceau-bœuf mal dégrossi pondu le dernier jour, à l’arrache, en studio). Et même quand nul faux pas ne mérite d’être relevé, un trop plein de nonchalance conduit parfois à la composition de morceaux mineurs, plus anecdotiques que ce que le fan était en droit d’attendre (cf. « Young Zombies in Lust », « Señorita » ou « The Voyeur »). Et également à avoir le pied plus lourd sur une dimension fumette / psychédélique voisine des répertoires de Mind Funk ou Psychefunkapus (cf. « Electric Messiah / Leather Priest », « Catalepsy »…)

 

Pourtant Dave n’a rien perdu de sa superbe vocale, et les nouveaux venus réussissent à prolonger l’esprit des débuts en proposant des morceaux alliant énergie Funk, gouaille Hard’n’Glam et graisse Rock’n’Roll, comme si Ugly Kid Joe reprenait du Led Zep en chemise hawaïenne. On retrouve donc la flamme de 1991 sur une série de morceaux qui filent la patate, que ce soit le trio gagnant ouvrant l’album ou le petit tube enjoué « 21 Club ».

 

Maintenant, s’il fallait extraire un élément emblématique de la tracklist afin de représenter parfaitement le contenu de l’album et l’impression que celui-ci laisse à l’auditeur, on sélectionnerait sans doute « The Voyeur », morceau qui boit plus à la bouteille Rock’n’Roll qu’à la coupe de mojito Funk, sympa sans être viscéralement accrocheur, ou « Young Zombies », qui a tout pour plaire mais ne reste finalement pas dans les annales. Parce que c'est plutôt une impression de verre à moitié vide qui reste à la fin de cette petite heure de musique. Et que le White Trash de 1994 n'a malheureusement pas su conserver cette niaque des grands soirs qui aurait pu lui permettre de conserver sa place au milieu de l’afflux des jeunes crasseux issus de la scène de Seattle. Malgré tout ¿Sí O Sí, Que? reste ce genre d'album qui trouvera toujours sa place dans l’autoradio de notre Cadillac décapotable rose. Parce que même sans proposer un fond de maboul, sur la forme il a la classe, et qu’aujourd’hui encore ses chromes reflètent avantageusement les rayons du soleil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 La chronique, version courte: ¿Sí O Sí, Que? est l’album du retour manqué pour White Trash. Moins cuivré, moins vif, plus nonchalant et Rock que son illustre prédécesseur, il n’aura pas permis au groupe de conserver sa place au soleil en cette époque où soit tu grungeais, soit tu mourais. Il reste quand même une bonne petite source de rayons de soleil mariant avantageusement les répertoires d’Ugly Kid Joe, Led Zep et les gimmicks Funk Metal, tout en ayant tout ce qu’il faut où il faut pour plaire aux quelques rares fans de Mind Funk et Psychefunkapus.

 

photo de Cglaume
le 16/01/2022

10 COMMENTAIRES

papy_cyril

papy_cyril le 16/01/2022 à 18:44:58

ça doit être l'équivalent du "ça va bien ou bien ?" des footballeurs :-)

cglaume

cglaume le 16/01/2022 à 18:52:54

Ça serait pas déconnant en effet :)

Xuaterc

Xuaterc le 16/01/2022 à 20:19:49

Je peux jouer aussi?
Faith No More.
Sepultura

cglaume

cglaume le 16/01/2022 à 20:50:29

Le premier album de FNM et le premier album de Sepultura ? Éclipser le reste de leur discographie ? *** Hiiiiiiiiiiiiiiiiin *** (buzzer signalant une mauvaise réponse) :P

Xuaterc

Xuaterc le 17/01/2022 à 09:33:00

https://image.shutterstock.com/z/stock-vector-don-t-feed-the-troll-sign-548074756.jpg

Pingouins

Pingouins le 17/01/2022 à 10:57:08

Allez je joue aussi : Gaza avec I Don't Care Where I Go When I Die.
Et pour moi, Dillinger avec Calculating Infinity.

cglaume

cglaume le 17/01/2022 à 11:01:46

Ouééé, plus on est de fous, plus Henry !!

Pas convaincu par la proposition TDEP :)
Pour Gaza, par contre, sans avis malheureusement...

Xuaterc

Xuaterc le 04/02/2022 à 19:03:32

J'ai demandé à une personne pour qui l'espagnol est la langue maternelle (ma kiné colombienne) m'a dit qu'il n'y avait pas de sens caché dans le titre, que l’expression est ¿Sí O No, Que?, qui pourrait être traduite par "oui ou merde". Et pour elle il doit y avoir un colombien dans le groupe

cglaume

cglaume le 04/02/2022 à 19:42:15

Merci pour l'expertise Xuxu !!

Xuaterc

Xuaterc le 08/02/2022 à 07:08:33

De rien, c'est ma kiné qu'il faut remercier

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