Wolves In The Throne Room - Celestite
Chronique CD album (46:04)

- Style
Ambient - Label(s)
Artemisia Records - Sortie
2014 - écouter via bandcamp
Suite à leur précédent album Celestial Lineage et leur proclamation de la mort du « black metal » et par la même de la mort de leur groupe, la nouvelle est tombée, les Wolves In The Throne Room reviennent – en fait et quand même – avec un nouvel album, Celestite. Ils reviennent mais en mode « fantôme », avec seulement la carcasse de leur musique, ici décharnée de toute voix et batterie/partie rythmique. Appelez ça musique « ambient », « de film », « atmosphérique », ou « expérimental » et vous aurez dans tous les cas bien effleuré le sujet.
Si on devine à un moment - ou deux - un bourdonnement originaire d’une guitare (le troisième mouvement de "Celestite Mirror" par exemple pourra faire penser à Sunn O)))), pour le reste, vous pouvez dire bonjour aux multiples synthétiseurs et machines de noms et d’époques tout autant multiples et différentes que je serais bien incapable de vous nommer. À cela, car ce n’est pas non plus du minimaliste, se joint - avec parcimonie - un ensemble d’instruments à vent (dont Steve Moore au trombone qui a déjà collaboré avec Earth et Sunn O)))) qui a tout son charme. Oui c’est bien une chronique de Wolves In The Throne Room que vous lisez.
Alors si tout cela est bien nouveau pour le groupe, niveau esthétique et son, on ne pourra pas non plus parler de révolution musicale. On ne se retrouve pas, ici, livré face à l’inconnu. Plusieurs raisons à cela.
Tout d’abord, pour la forme, le « déplacement musical » dont nous sommes aujourd’hui témoin pourra nous rappeler de précédents actes, comme Neurosis créant un « double » ambient à Times Of Grace (Tribes Of Neurot – Grace), pouvant être joué simultanément, ou Burzum créant une belle et drôle de face B ambient-minimaliste à son Filosofem jusqu’à un album entièrement instrumental avec Hliðskjálf.
Ensuite, pour le fond, car plusieurs passages, et plusieurs sons peuvent nous rappeler des morceaux déjà entendus, qu’ils soient d’eux ou d’autres. Effectivement les titres de ce nouvel album ont pour base les nappes et lignes synthétiques utilisées sur Celestial Lineage. Celles ci ont été manipulées pour être prolongées, développées, complétées. Oui, dès l’intro de Celestite, les « fans » auront l’oreille qui tiquera et sur l’ensemble c’est bien pensé et finement joué.
Toujours sur le fond, dans cette ressemblance avec d’autres créations, et c’est là que chacun peut y aller de son grain de connaissance en « ambient », « electro », « obscur », « minimaliste », « contemporain », etc, etc, name-dropping nous voilà, et bien, à mon humble niveau, ce Celestite par plusieurs moments me rappelle à d’autres pièces sonores. Je retrouve sur "Celestite Mirror" (à partir de 2 :40 et à 5 :10) le même son/instrument/mini mélodie que sur un titre du Filosofem de Burzum, et sur "Turning Ever Towards the Sun" (à partir de 3 :58 exactement) idem, avec le titre "Warszawa" de David Bowie & Brian Eno (sur l’album Low). Oui Celestite se présente à moi comme une matière imprégnée de Wolves In The Throne Room, de Burzum et de David Bowie en mode Brian Eno. Pour ceux qui ne sont pas trop dans l’approche ambient ils y trouveront quand même plusieurs portes d’entrée. Par exemple, avec le tout début de l’intro de "Initiation at Neudeg Alm", ils imagineront une petite touche de B.O de La Soupe Aux Choux (sur ce passage le son est très référencé années 80). Ils trouveront aussi, sur des moments calmes mais sombres, des approches très « John Carpenter ». Bien entendu il en va de mes références mais cet album ne s’y résume pas seulement et va bien au delà. Voilà, c’est dit. Il n’a rien de prétentieux ou d’hautain, il a beaucoup à offrir, et il ne faut pas d’emblée s’en désintéresser simplement parce qu’il est instrumental ou décrit comme « ambient ».
Comme je vous disais plus haut, ce Celestite mérite bel et bien d’être écouté. Oui, les 5 pièces qui le composent, relativement différentes les unes des autres, sauront vous capter. Tout autant contemplatives que menaçantes voir mêmes mélancoliques, elles tracent un chemin qui est tout sauf linéaire. Pensez plutôt à l’évolution et à la transformation du monstre d’Alien (R.I.P H.R Giger), au post-rock ultra atmosphérique – céleste donc – plutôt qu’à 5 passages qui seraient basés sur une seule note de synthé répétée en boucle. Il y va davantage d’une formule narrative où chaque pièce peut être considérée comme une B.O de film dont vous seriez - le héros – l’acteur. Et ces 5 pièces ont chacune leur intérêt. C’est ce qui rend cet album passionnant et rempli de suspens. La simple écoute du sublime "Turning Ever Towards the Sun" d’ouverture confirmera mes dires et fera taire vos craintes.
Je voudrais quand même terminer par un petit coup de gueule, un cri de colère oui, pour mes amis les intermittents du metal qui pourraient râler contre l’approche musicale ici proposée sans l’avoir écoutée. Y’en a marre les gars, hein. Vous commencez à nous les brouter menu. Au départ c’était amusant mais ça suffit maintenant. Vous savez l’investissement que demande un album comme celui là ? Alors ça sert à rien de venir tout gâcher avec vos banderoles, vos Manowar et vos Mayhem. Si vous voulez dire quelque chose vous n’avez qu’à d’abord écouter ce disque et en parler gentiment. C’est sûr si on reste chez soi avec son clairon on ne risque pas d’y comprendre grand chose. Je me suis bien fait comprendre ? Je compte sur vous. En vous remerciant, bonsoir. Et bonne écoute.
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE