Wolves In The Throne Room - Primordial Arcana

Chronique CD album (49:40)

chronique Wolves In The Throne Room - Primordial Arcana

J'ai toujours eu un rapport ambivalent avec Wolves in the Throne Room, groupe de black metal « forestier » (et plutôt de gauche, il est toujours bon de le préciser), du fait d'histoires personnelles compliquées dans lesquelles Two Hunters, qui représente en ce qui me concerne l'apogée de ce qu'a fait le groupe, a eu son petit rôle à jouer. J'ai donc toujours eu beaucoup d'attentes à chaque nouvelle sortie des nord-américains d'Olympia, mais au bout du compte ai souvent été un peu déçu par leur prestation.

 

De ce fait, on ne va pas se le cacher plus longtemps : ce Primordial Arcana ne déroge pas à la règle, et je ne suis toujours pas convaincu par cette nouvelle proposition.

A ce compte-là, je ne sais pas à quel point mes attentes biaisent mes impressions, mais le résultat est là : cet album est sympa, mais pas folichon. Pas mal mais sans plus.

Culinairement parlant, ce serait une bonne tarte avec de bons ingrédients mais avec une erreur manifeste de cuisson ou de thermostat. Une glace au citron bien fraîche par temps de canicule, mais avec supplément moutarde. Une soirée avec de vieux potes, mais avec quelqu'un qui a salé les bières en pensant bien faire. Que ça donnerait du goût.

Bref, du plutôt bien dans l'idée et les intentions, mais avec des éléments qui viennent gâcher la fête.

 

Pour parler du contenu en lui-même, WITTR reviennent sur ce septième long format vers des horizons beaucoup plus black metal que sur les albums précédents, bien que cette direction ait déjà été réamorcée après leur escapade plus ambient sur Celestite.

 

L'ambiance y est aussi décidément plus médievalisante sur celui-ci que sur le reste de leur discographie : la pochette déjà, qui semble tout droit issue d'une table d'une chaumière de jeux vidéos à la Skyrim, l'utilisation de mélodies et d'instruments qui font la réclame à cette époque de l'Histoire (le début de « Spirit of Lightning », par exemple), des clips vidéos dont l'un que je jugerais personnellement a minima de.... risible (on n'en est tout de même pas au niveau des bons vieux classiques d'Immortal et leurs péripéties sylvestres septentrionales, mais jouer de la guitare perché sur une colline dans le soleil couchant vêtu de cuir et de peaux de bêtes, bon).

Ce qui me fait d'ailleurs me reposer une question qui m'était déjà venue en tête il y a longtemps quant au nom du groupe : est-ce que Wolves in the Throne Room ont basé leur patronyme sur la lecture des romans qui seront ensuite devenus la série bien connue Game of Thrones ? Dans tous les cas, les mélodies portées par la guitare vont également régulièrement chercher ce type d'ambiance.

 

Du côté du chant, on est globalement dans ce qu'a toujours fait le combo, avec toujours ce léger retrait dans le mix, et une alternance entre leur shriek typique et quelques plus grosses voix, qu'on imaginera volontiers barbues.

 

Mais là où le bât blesse, selon moi, c'est principalement au niveau de la section rythmique, avec une batterie parfois insipide, en particulier sur les passages les plus low/mid tempo répartis un peu partout dans l'album, et des transitions pas toujours inspirées ou bien amenées entre les différents mouvements au sein des morceaux. Entre des parties poutchak poutchak probablement là pour donner un aspect vilain et martial, ces breaks sont pour moi pour la plupart assez ratés et brisent la dynamique des morceaux plus qu'ils n'apportent du relief.

 

En ce qui concerne le riffing, rien de bien foufou non plus, on en aurait presque une sensation de redite de choses déjà entendues maintes fois.

 

Mais ne jetons pas tout de suite le louveteau à la rivière, car il y a tout de même de très bonnes choses qui ressortent de Primordial Arcana : les claviers au son parfois à la Summoning et (pour une fois) le jeu de batterie en double-pédale sur la mélodie sur la fin de « Prismal Chasm » ; le côté atmosphérique et ambient très réussi sur « Underworld Aurora » (qui évoquera un peu le live que vous avez tous et toutes vu de Heilung) ou la fin de cette même piste avec ses mélodies traînantes ; des envolées de blast et tremolo picking qui fonctionnent toujours ; et surtout « Masters of Rain and Storm », morceau au nom très héroic fantasy qui se démarque vraiment des autres dans le style de riff, plus gras, y compris sur les parties plus rapides, et qui est finalement celui qui se rapproche le plus de ce que faisaient les Wolves in the Throne Room de « la grande époque » (avec même un break acoustique, qui semble presque être posé là pour simplement servir de signature).

 

Au final, on se retrouve avec un album de black atmosphérique que l'on peut qualifier d'honnête, souvent proche de ce qu'il y avait sur Celestial Lineage, mais qui ne se distingue pas spécialement dans la masse des sorties, excepté du fait de leur nom désormais très connu. Malheureusement, le caractère répétitif des compositions prend sur Primordial Arcana un tournant parfois plus lassant qu'hypnotique, notamment du fait des problèmes de breaks évoqués plus haut, ce qui fait perdre en grande partie le côté envoûtant, presque enivrant, qui avait fait la grandeur de WITTR par le passé, bien qu'on en retrouve encore des traces ici et là.

 

L'avènement du post black metal ou de groupes tels que Grima ou récemment Alda, qui ont à mon sens été beaucoup plus consistants ces dernières années dans un style relativement proche, ont peut-être un peu volé la vedette à nos canis lupus des grandes forêts d'Amérique du Nord. Et à vrai dire, ce retour ici à des racines plus black n'est, selon moi, pas assez convaincant pour que Wolves in the Throne Room nous embarquent de nouveau en leur royaume.

Malheureusement pour eux, il semblerait bien que les Loups aient perdu leur trône...

 

A écouter entre deux gorgées de lait de chèvre, emmitouflé-e dans une peau de bête, pour faire passer le temps entre deux averses.

 

PS : Par acquis de conscience, après avoir fini de rédiger cette chronique, je suis allé faire un tour en ligne pour lire d'autres avis, afin d'être sûr que mes impressions personnelles ne biaisaient pas trop mon rapport à ce disque. Il semble qu'il y ait deux sons de cloche, en effet : celles et ceux pour qui cet album est exceptionnel, et d'autres qui pointent le même genre de travers que moi ici.

Donc voilà, au final, ce n'est qu'un avis subjectif parmi tant d'autres : il n'y a que vous pour savoir ce que vous en pensez vraiment, et n'hésitez pas à le faire savoir ci-dessous si vous vous trouvez vraiment en désaccord avec ces quelques mots.

Mais si vous découvrez le groupe avec cet album, un conseil : jetez-vous d'abord sur Two Hunters.

photo de Pingouins
le 13/12/2021

3 COMMENTAIRES

Seisachtheion

Seisachtheion le 13/12/2021 à 09:05:42

Une des grosses déceptions de cette année pour ma part !

Pingouins

Pingouins le 13/12/2021 à 20:43:27

Idem...

Skaal

Skaal le 09/10/2022 à 04:56:32

Two Hunters est un album exceptionnel. Envoûtant,  hypnotique,  planant...
Black Cascade le suit, mais un cran en dessous. Et depuis, les derniers albums ont totalement perdu cette atmosphère. 
Vu en live fois (époque Two Hubters), c'était magique. Malheureusement je n'irai plus à leur live, car ils joueront plus leurs nous titres. 

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