Bitcho - Interview du 22/11/2012

Bitcho (interview)
 

Salut Jaap ! La seconde édition du Mudfest vient de se terminer, quelle est ton impression ?

Salut ! Nous avons eu des supers retours après la première édition (ndr : Year of no light, Toner low, Mars red sky, Kodiak... Tu m'étonnes !), de la part du public mais aussi des groupes, donc j'ai rapidement décidé d'organiser une seconde édition. Malheureusement le lieu où se tenait la première édition (Azijnfabriek, Roermond) a été fermé au mois de Juin, du coup j'ai cherché un autre lieu avec plus ou moins la même atmosphère, dans la même région. J'ai eu la chance d'avoir été contacté par les potes du Perron55 à Venlo, une ville à 20 minutes de Roermond, ils me demandaient si on pouvait bosser ensemble. Et les choses sont allées mieux que je ne l'espérais, et nous avons eu une excellente seconde édition à Venlo, et c'est en partie grâce aux gens, spécialement les bénévoles du Perron55, qui ont travaillé très fort pour que tout se passe bien, et du coup je peux t'assurer que nous auront bel et bien une nouvelle édition en 2013 !

 

 

 

Quelle est ton opinion à propos du public Hollandais, spéciallement en ce qui concerne la scène Doom/Stoner/Sludge (et tout ce qui tourne autour) ?

Je ne voudrais pas être méchant mais en général je dirais que le public Hollandais est fatigué, trop gâté et même des fois assez difficile. Je parle là du public "mainstream". Les gens ne vont plus voir un groupe à moins que ce soit un groupe qu'ils connaissent déjà, et ils ne cherchent meme pas à découvrir les groupes sur le net. J'ai l'impression que la musique a été assassinée par les médias il y a bien longtemps dans ce pays, et "nous" ne sommes maintenant ouvert qu'à des trucs commerciaux qui passent à la radio ou à la TV, et il se trouve que c'est majoritairement ce genre de musique qui est programmée aux festivals de Hollande.

 

Bien sûr, nous ne sommes pas tous comme ça. Il y a toujours des gens pour aller à des (petits) concerts et qui supportent des genres underground qui changent de la pop et du commercial. Je pense qu'il existe un petit groupe entièrement voué à la scène Doom/Stoner/Sludge/Psychedelic, et ces gens vont partout là où un groupe de ce genre joue. Ces gens là n'hésitent pas non plus à se déplacer loin pour voir des concerts, alors que la plupart des gens ne font pas ça, et la plupart de ces gens sont eux-mêmes dans des groupes ! Il y a une nouvelle tendance où les groupes bossent ensemble et trouvent des concerts l'un pour l'autre, et je crois que cette tendance va s'amplifier dans le futur pour devenir le meilleur moyen de jouer dans ce pays.

 

Pourrais-tu nous en dire plus sur les autres festivals en Hollande, mis à part le Roadburn ?

Eh bien, toutes les villes et villages ont leur propre festival une fois par an, mais les groupes qu'ils invitent sont des groupes qui sont mis en avant par les médias et les plus grosses agences de booking du pays. Et c'est justement pour cette raison que ces festivals ne valent pas grand chose à mes yeux : il n'y a aucun groupes qui puissent te surprendre. Maintenant, il y a un petit nombre de festivals, plus petits, indépendants qui se foutent de la tendance, mais ils sont durs à trouver. Le Perron55 par exemple accueille quelques festivals dans ce goût, ça va du  Punk old school à un Grindcore fest de deux jours. Sinon en Stoner / Doom / Sludge mis à part le Roadburn je connais les Dutch Doom Days à Rotterdam auquel je ne suis jamais allé, mais c'est plus axé sur le Metal à ce que j'ai entendu...

 

Quelle est ton opinion à propos du Roadburn, en regard de ces "petits" festivals comme le tiens ? L'influence du Roadburn t'aide ou te dessert-elle ?

Je pense que le Roadburn est un super festival qui a parcouru beaucoup de chemin. Ne vas pas croire que c'est devenu aussi gros d'un jour à l'autre. Ce festival a donné la chance à tant de groupes de jouer devant une plus grande audience, et je pense sérieusement qu'il s'agit là d'un festival unique en son genre où des gens ayant les mêmes goûts se retrouvent, et montent ensemble des projets futurs. Par exemple, Walter, l'organisateur du Roadburn, nous a donné beaucoup de support pour la première édition du Mudfest, donc oui le Roadburn aide vraiment les petits festivals à grandir et à se faire remarquer par le public.

 

Ma plus grosse surprise au Mudfest était de constater qu'il y avait autant de groupes Français invités ! Pourtant c'est bien connu que la scène Française ne s'exporte pas ou mal, et là on pouvait voir à la première édition Year of no light, Mars red sky, Huata, et cette année Glowsun, Celeste, Wheelfall... Comment expliques-tu cela ?

En France, vous avez des super groupes, c'est tout ! Je sais vraiment pas comment ça se fait, c'est peut être une coïncidence, mais j'aime vraiment votre approche de la musique. Vous avez des styles très variés, mais on dirait que vous avez tout de même tous quelque chose en commun, et vous travaillez souvent ensemble pour trouver un moyen d'arriver à vos fins, d'une manière ou d'une autre. Je vois ça aussi dans le grand nombre de labels et de zines indépendants qu'il y a par chez vous. En fait la seule chose qui me manque, c'est un groupe qui chante en Français... Il n'y en a donc pas ? Je suis toujours en train d'en chercher un...

 

... Bien sûr que si, il y a Barabbas, le groupe de Doom, ils chantent en Français ! Sinon, quelle est ton impression de la scène Doom qui grandit ?

Je pense qu'on a fait le tour du Doom depuis Black Sabbath, mais il a peut-être changé ou évolué, et il s'est répandu plus largement, proposant des crossover qui se traduisent par des sons nouveaux, intéressants. Je pense qu'il y a différentes sortes de Doom, et c'est aussi la raison pourquoi la scène est de plus en plus grande. Je ne suis pas un grand fan de la classification des styles par groupes, même si c'est la seule façon d'expliquer ou décrire le style des groupes. Je préfère plutôt écouter ce que quelqu'un fait et puis estimer par moi-même quel genre ça peut être, et je suppose que tout le monde a sa propre interprétation du Doom...

 

A présent, parlons de tes autres projets. Ton groupe, Bitcho, peux-tu me le présenter ?

Nous sommes une horde de six géants Bataves de Roermond, Pays-Bas, et nous avons commencé quelque part en 2007 je crois, à un concert d'Electric Wizard. Nous étions entre amis, à boire de la bière et à regarder un groupe de rock jouer un Jeudi soir, et il se trouvait que deux d'entre nous jouaient de la basse. Rien de spécial, vraiment. Alors que c'était au tour d'Electric Wizard de jouer, on déconnait en disant qu'on pourrait jouer plus fort, plus lentement, et en faisant plus de bordel. Après cette nuit, cela pris quelques temps avant que nous ne passions à notre première répète. On était alors 5 membres, chacun était occupé à picoler. On a commencé à écrire des choses monotones, des grooves répétitifs, qu'on pourrait il me semble appeller des morceaux, avec deux basses, une batterie, un clavier analogique, des filtres passe bas et un chant. On a enregistré notre premier album (Toybox) par nous mêmes et l'aide de Punto, avec qui j'ai joué dans un groupe un an avant, et invraisemblablement ça s'est transformé en quelque chose de cool. Alors, on a fait quelques concerts pour voir à combien de temps on pouvait faire tenir le public avant qu'il se barre, mais ça ne marchait pas très bien. C'est alors que Wim, qui jouait de la basse, un extraordinaire addict du noise, de l'anti-musique, brûleur d'église et notre ami à tous, me proposa de nous rejoindre et de nous renforcer avec... Encore une basse. On ne pouvait pas refuser, c'est comme ça qu'on s'est retrouvé à trois basses. Il y a deux règles majeures auxquelles nous nous tenons : 1 - boire plein de bières, 2 - faire ce que l'on veut, quand on le veut.

 

Donc vous êtes un groupe avec trois basses. Tu peux m'en expliquer l'intérêt ?

Comme je disais plus haut, ça s'est fait comme ça. On ne s'est jamais dit qu'on allait faire un groupe à trois basses, on voulait seulement boire des bières entre potes et faire de la musique lente et distordue... Mais un jour on s'est rendu compte qu'on pouvait faire marcher ça, et créer une musique intéressante avec trois basses. Du coup maintenant on a un peu investi dans du matériel, et on crée des arrangements avec des choeurs, des polyphonies et autres bizarreries.

 

Bitcho, ça veut dire quoi ?

Tu veux vraiment savoir ? C'est quelque chose comme une anecdote. Avant, Bitcho était utilisé comme une expression désignant les trucs dégeulasses, les trucs qui puent, mais aussi pour (laisses moi essayer de le dire avec diplômatie haha) les femmes non attirantes et/ou inintéressantes : "Dieke kut!". C'est du dialecte de Roermond, et ça veut littéralement dire "grosse chatte". C'est marrant qu'on n'utilise plus cette expression aussi souvent que dans le passé.

 

Et qu'est-ce que vous essayez d'exprimer dans votre musique ?

Si tu parles du sens des paroles, alors je dirais que c'est juste la somme des imaginations les plus tordues qui vivent dans la tête de Tresjer. Musicallement, on essaye surtout d'amener les gens à une sorte de trance, mais les gens peuvent expérimenter ça comme bon leur semble. Et aussi, on essaye de faire boire plus de bière aux gens qui nous voient.

 

Mais c'est qui, Tresjer ?

Haha, Tresjer c'est comme ça qu'on appelle notre chanteur Lei, ça veut dire thrasher en dialecte de Roermond.

 

Quels sont vos projets à venir ?

Nous avons enregistré un morceau apellé "10050 Cielo Drive", pour un split sur un 12" qu'on sortira avec nos potes d'Huata. Ca sortira en début 2013 avec Musicfearsatan. Après ça, on sait pas encore. On aime vraiment faire des splits, alors on va peut être en faire encore un, et on aimerait aussi rééditer notre premier album "Toybox" via un label, car on l'avait sorti seulement en 100 exemplaires de CD qu'on avait gravés nous mêmes. Personellement, je vais bientôt m'atteler au Mudfest 2013, et plus loin je vais tenter de faire plus de graphismes, et aussi j'ai besoin de trouver un boulot pour payer mon loyer. Je vais peut être commencer un autre projet musical mais je n'ai pas encore décidé vers quel genre de musique je vais me pencher, donc rien de sûr pour le moment.

 

Pourrais-tu me raconter tes expériences passées, les meilleures et les pires ?

La pire expérience que j'aie eu musicallement parlant c'était de vendre mon Ibanez Roadstar II, il y a de cela douze ans. La meilleure expérience est toujours actuelle : faire de la musique simplement parce que ça me plaît, et quand je le désire. Je suis vraiment fier de travailler avec d'aussi bons amis, d'aussi bons musiciens et groupes, des bookers et les labels qui ont cette attitude DIY. C'est ça, le futur.

 

Eh bien, ce sera tout pour aujourd'hui ! Un dernier mot peut-être ?

TOTAL SUPPORT A LA SCENE UNDERGROUND, ET BUVEZ PLUS DE BIERES !

photo de Carcinos
le 11/12/2012

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