Rudy Charis - Interview du 21/06/2017

Rudy Charis (interview)
 

Pour aborder ton livre je commencerai par les chiffres. Dans ton interview sur vs-webzine tu disais ne pas vraiment savoir à quoi t’attendre en terme de ventes et que 200 exemplaires ce serait déjà bien. Es-tu au courant des ventes et peux-tu nous dire à combien vous en êtes 1 an après ?

Et bien on devrait atteindre cette barre d’ici peu. Mais comme beaucoup de livres qui sortent aux éditions Camion Blanc, on s’adresse à un public de niche, j’imagine donc que ce chiffre est honorable…

 

Être édité, cela veut-il dire avoir une avance sur les ventes pour financer ton travail en amont ?

Pas du tout ! Ni chez Camion Blanc ni ailleurs en général, il me semble que les auteurs qui reçoivent des avances sont la minorité d’auteurs ayant déjà une belle notoriété, et qui en vivent…

 

Combien de temps t’a pris l’enquête et la rédaction ?

2 ans.

 

Ce livre va-t-il te rapporter de l’argent ?

Non, j’arrive tout juste à rembourser mes frais de promo (flyers etc…)

 

Pour en finir avec les chiffres, combien de fois t’a-t-on dit « merci » pour avoir eu la bonne idée de faire un livre sur les Hellacopters ?

Beaucoup de fois et c’est ce qui est vraiment sympa dans cette aventure ! D’ailleurs même avant que le livre ne sorte, beaucoup des personnes qui sont intervenues me disaient combien ils trouvaient ça bien et courageux d’écrire sur un groupe si important, qui eux-mêmes essayaient de faire parler de petits groupes qu’ils aimaient… du coup ça relançait la machine dans les quelques moments où on se dit qu’on s’est lancé dans un truc un peu trop fou...

 

Concernant le livre je vais commencer en tant que « fan » interpellé par les multiples « Nick Andersson » sur le quatrième de couv’. On sait qu’en fonction des pseudo il orthographie son « alias » de plusieurs façons, mais sous « Andersson » il utilise presque toujours « Nicke ». Est-ce une bourde ou est-ce que je me trompe ?

C’était conscient puisque comme tu le dis il a alterné les deux… mais c’est vrai que je n’ai pas vérifié à chaque fois que j’écrivais Nick/Nicke si c’était Royale ou Andersson… Et pendant le Sweden Rock, j’ai compris que les gens l’appelaient Nicke (prononcé Nicky) en Suède…

 

Idem pour la couv’, certes il est chouette le dessin de Dirty Donny, mais - comme pour le poster qui accompagne le vinyl de la réédition de Supershitty To The Max qui lui n’est pas top – quand on sait quel super dessinateur est Nicke Andersson, on se disait que ça aurait été chouette une illustration de sa part. Est-ce un choix dès le départ cette couverture ou avais-tu fait une demande à Nicke pour une illustration (sachant qu’il a fait la couv’ du livre Swedish Death Metal) ?

Je lui ai posé la question quand je l’ai vu dans son studio, mais il n’avait vraiment pas le temps. Mais la couverture de Dirty Donny reprend exactement le style de monstre que dessine Nick et qui a inspiré Dirty Donny depuis ses débuts, donc la boucle était en quelque sorte bouclée. Aussi Swedish Death Metal est d’abord un livre en anglais qui a été traduit en français, peut-être que le cachet proposé n’était pas le même non plus, et qu’il avait plus de temps à ce moment-là, ou plus envie qui sait ?

 

La question que beaucoup se posent, moi le premier, et qui doit t’être posée souvent, à savoir, alors, ils sont cools les Hellacopters ?

C’est aussi celle que je me posais avant de les contacter puis de les rencontrer, et je peux confirmer ce qu’on peut lire partout : oui ils sont sympas et abordables. Le plus avenant étant Robert, le batteur.

 

Comment ont-ils réagit quand tu es venu vers eux pour écrire ce livre sur leur musique, sur leur vie, et est-ce que ça été difficile d'entrer en contact avec eux ?

J’ai commencé par contacter Robert en lui disant que je lui avais parlé pendant ce fameux coup de fil dans une boutique de Stockholm quelques années auparavant… et il s’en souvenait (super histoire que nous vous laisserons découvrir dans l'avant-propos du livre. Ndlr) ! Du coup on a commencé à échanger comme ça, il répondait à mes questions au fur et à mesure, et quand je lui ai demandé s’il avait des photos à me fournir, il m’a carrément proposé de venir chez lui, si j’avais l’occasion de passer à Stockholm, pour choisir les photos avec lui, ce qui a auguré de pas mal d’anecdotes supplémentaires… Quand je suis arrivé chez lui il m’a dit que Boba allait se joindre à nous, et quand Boba est arrivé, lui m’a dit qu’il avait parlé avec Nick et qu’il était aussi prêt à m’accueillir chez lui deux jours plus tard pour discuter ! Je peux te dire que pendant toute cette matinée j’étais aux anges ! Mais ils étaient surtout surpris qu’un français écrive un bouquin sur eux en français, la France étant un des pays où ils ont le moins marché…

 

Y a-t-il des personnes avec qui cela ne s’est pas bien passé ou qui n’ont pas répondu à tes demandes d’infos/interviews/échanges ?

Oui certaines personnes n’ont simplement pas répondu à mes demandes, ou de manière trop sporadiques pour que je puisse vraiment pousser le truc. Mais en règle générale il faut être très patient quand on contacte des musiciens, qui plus est quand ils sont actifs.

 

Aurais-tu des anecdotes de tes rencontres, moments, soirées, passés avec eux et qui ne sont pas mentionnés dans le livre (et que tu pourrais te permettre de raconter) ?

Disons que la soirée que j’ai passée avec Kenny (le bassiste) a été longue, très sympa… et mouvementée… mais je n’en dirai pas plus… Et ce qui est dommage c’est que la batterie de mon téléphone m’a lâché et que je n’ai enregistré que la première partie de notre discussion. Je pensais pouvoir me souvenir du principal du reste de la soirée mais le lendemain tout était parti dans les effluves d’akvavit…

 

Il y a des points assez obscures, étranges, surprenants sur lesquels tu écris. Comme par exemple ces contrats sur les labels internationaux comme Sub Pop et - surtout - Universal. Ils auraient dû se faire un max de fric non et surtout être bien plus connus (surtout avec des chansons d’un tel calibre) ?

C’est toujours un peu une zone d’ombre, parce que d’un côté ils disent se satisfaire de leur carrière, qu’ils n’ont jamais voulu passer un certain cap (comme lorsqu’ils refusent un contrat américain juteux avec apparts payés à New-York), mais d’un autre côté ils pensent qu’ils auraient peut-être pu faire des choix différents à certains moments. En tout cas ils sont fiers d’avoir toujours pu garder un contrôle total de tout ce qui touchait de près ou de loin à leur musique, même chez Universal… C’est peut-être cette intransigeance qui n’a pas payé, mais c’est difficile de leur en vouloir…

 

L'histoire se répète un peu avec Imperial State Electric non, on ne peut pas dire que leur musique soit grandement diffusée, et ils n'ont pas l'air de le rechercher. Sais-tu si les royalties leurs rapportent de quoi vivre de leur musique ?

Oui grâce notamment au système suédois qui offre une sorte de statut d’intermittent du spectacle (même si c’est moins confortable que par le passé apparemment). Et Nick produit pas mal aussi pour compléter ses revenus.

 

Pour revenir aux 'copters, cette bagarre à la salle de Ris-Orangis que tu mentionnes dans le livre, ça n’expliquerait pas en partie le fait qu’ils aient été ensuite presque absents des salles françaises, comme s’ils étaient « black-listés » ?

Je ne sais pas. Et les années ayant passées, peu de gens se souviennent de ce moment et des conséquences qu’il a pu avoir… Après quand on connaît les mecs, on sait qu’ils n’ont pas dû y être pour grand-chose, par contre certainement que certains des roadies n’ont pas été cool ce soir-là, d’où le renvoi à la batte de base ball ahah !

 

T'ont-ils parlé de regrets ou de déceptions quant à leur histoire avec les Hellacopters ?

Ce n’est pas l’impression que j’ai eu, au contraire, encore une fois ils sont fiers de leur parcours qui ne devait être au départ qu’une succession de sorties de singles sur différents labels. Quand ils regardent derrière ils sont d’abord contents. En ce qui concerne Nick, l’énorme succès de son premier groupe Entombed, ne l’a pas empêché de partir en pleine bourre… Et pour Robert, le groupe n’aurait pas tenu si longtemps si ils avaient accepté certaines propositions.

 

Tu as assisté au premier concert de reformation, n’ont-ils pas trop vieilli et l’énergie était-elle toujours là ?

Si tu regardes leur dernier concert de 2008 sur youtube, tu verras qu’ils n’ont jamais été aussi bons, et c’est l’impression que j’ai eue l’an dernier. Ils ont vraiment tout déchiré, avec toujours autant d’énergie et en plus, les versions de leurs vieilles chansons à la sauce 2016 avaient gagné en musicalité, avec un son terrible. Mais d’après Nick, ce qui a été vrai pour le Sweden Rock ne l’a pas été à l’Azkena espagnol, et ce en partie à cause de Kenny, qui n’a pas été au niveau alors qu’il avait, encore d’après Nick, donné un de ses meilleurs concerts avec The Hellacopters de toute sa carrière…

 

Peux-tu nous dire comment était le public en terme de réaction ? Est-ce que ça chantait à tue-tête, et le public des Hellacopters en ce concert en 2016 était-il fait de « vieux de la vieille » ?

Les premiers rangs étaient pleins de jeunes de 20 ans voire moins, et le reste du public était homogène. Il y avait tous les styles dans le public, les calmes, ceux qui chantaient et ceux qui pogotaient… Et pour te donner une idée de la réaction à cette reformation, les organisateurs avaient placé le groupe sur la deuxième scène du festival Sweden Rock, mais vu le monde qui s’est pointé pour les Copters, ils auraient plutôt dû les mettre sur la grande scène, ça débordait de partout !

 

Le décès de Strings est le point noir de ce retour dans l'actualité des Hellacopters. Sais-tu s'ils étaient restés en bons termes et s'il avait été sollicité pour la reformation (parce que si certes il n'était pas là aux débuts du groupe, c'est quand même avec lui en deuxième guitariste qu'ils ont fait le plus d'albums) ?

Oui c’est bien triste… Ils étaient restés en bons termes mais Strings s’étant installé à Göteborg, ils ne se voyaient plus trop… Il venait juste de se reprendre un appartement à Stockholm…

Il n’a pas été question qu’il vienne jusque là puisque Strings n’avait rejoint le groupe que pour la tournée suivant le troisième album, et les concerts de reformations en 2016 étaient montés pour les 20 ans de Supershitty to the Max ! (album joué intégralement, même les titres jamais joués en concert à l’époque, plus quelques face b) et en 2017 ils le sont pour les 20 ans de Payin’ the Dues. Par contre Strings travaillait sur un nouvel album solo avant sa disparition…

 

Et puis Kenny qui ne continue pas l'aventure, serait-ce pour des raisons de santé ou d'état d'esprit ?

Comme me l’a dit Nick dans mon interview le mois dernier : ils sont sur différentes planètes…

 

The Hellacopters en porte d’entrée, mais, comme le montrent tes multiples apartés sur d’autres groupes (une excellente idée), ça a du t’emmener à plein de découvertes musicales que tu ne connaissais pas auparavant ? Et une de ces découvertes t'a-t-elle chamboulé comme les Hellacopters avaient pu le faire ?

En fait je n’ai pas découvert ces groupes pendant l’écriture du livre, mais bien avant ça en écoutant les Hellacopters et leur projets parallèles. Mais disons que s’il y a un groupe que j’écoute plus que les autres depuis le livre ce serait The Solution, encore un groupe au succès minime mais qui aurait dû tout casser 2/3 ans avant la vague Amy Winehouse

 

Et puis, sais-tu si Nicke serait ok si on l’invitait à faire une apparition sur un disque ? (!)

Franchement je pense que si la musique lui plaît, que vous êtes patient et que vous pouvez vous offrir ses services, je ne vois pas pourquoi il dirait non. Par exemple, il n’y a pas très longtemps (2013) il est apparu sur l’album « et le clip » d’un petit groupe italien dans la veine Hellacopters : The Trousers

 

Quelle est la suite pour toi ?

Terminer la traduction du livre en anglais, j’espère avant 2018… Et ensuite commencer l’écriture sur le prochain livre sur The BellRays

 

 

 


 


Merci !

photo de R.Savary
le 13/08/2017

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