Hentai Corporation - Dokktor Zaius
Chronique Maxi-cd / EP (17:02)

- Style
Nawak metal - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2011 - Lieu d'enregistrement Tomáš Koula Studio & Studio Svárov
- écouter via bandcamp
Il faut l’avouer, cette année n’a pas été hyper généreuse en grosses nouveautés Fusion / Nawak qui butent, à l’exception du premier album de Zmey Gorynich, du jumelage serbo-nippon de Senshi, des séances de shred barré de Sleep Terror, de l’excellent dernier Hardcore Anal Hydrogen et des jeux de plages de Downtown Brown (les lives de Dirty Shirt et Psykup ne comptent pas, ceux-ci étant avant tout des best ofs). Non, je suis désolé: 5 albums en 12 mois, ce n’est pas suffisant pour parler de déferlement de décibels frénétiques. 2018 était donc tout particulièrement indiqué pour s'en retourner flâner de par les cyber-bric-à-brac et autres réunions d’anciens combattants du web afin d’y glaner ces infos que les initiés se passent de la main à la main, ces noms qu’on se murmure à l’oreille afin de rester dans le secret, à l'abri des mouchards, entre membres de la même secte. C’est ainsi que, alors que l’automne commençait à retapisser les jardins d’un tapis jaune orangé de feuilles fatiguées, votre lanceur d’alertes nawak préféré (vous en connaissez un autre? « préféré », donc) croisait le chemin des Tchèques de Hentai Corporation.
Hentai: mot japonais qui signifie « transformation », « métamorphose », « perversion », mais qui est utilisé en Occident pour désigner des mangas et des anime à caractère pornographique. […] Familièrement, ce mot est utilisé pour dire « pervers » ou « bizarroïde ». Wikipedia.
Haha: on n’est pas bien là, à la fraîche, décontracté du… Nawak?!
Pas besoin de gratter bien longtemps les thèmes abordés, les artworks ou la musique de ces cinglés géniaux pour se rendre compte que ceux-ci pratiquent une musique – et plus globalement, abordent leur art – de la plus Nawak Metal des façons. Et il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour décréter que le groupe méritait LARGEMENT que CoreAndCo se penche sur l’intégralité de sa discographie (à quelques enregistrements près hein, pas de pinaillage entre nous).
Dokktor Zaius date de 2011, et c’est le genre d’EP dont on tombe instantanément amoureux. 4 titres, 4 spasmes de plaisir (allez: 3 et demi). L’oreille s'y fait d’abord plus particulièrement accrocher par « Would You Give Me More? ». Normal: cymbales et basse sautillant sur la pointe des pieds, piano fripon et scat légèrement cintré, dès l’entame on nous tire littéralement par la manche pour aller claquer des doigts devant la scène. Puis les choses s’emballent sur un rythme plus soutenu, franchement Thrash même, et dégénèrent en mode Nawakcore pô content. Arrive le refrain qui swingue sa mère comme un That Handsome Devil déluré... Et tout ça de sautiller, de meuler, d’allier gros bras, brillant jazzy et franche camaraderie comme un 6:33 faisant de la pub pour Red Bull. Du love par pleines brouettes de pochettes-surprises, mais oui mon zami! Dans la foulée, c’est « No More Love » qui nous met le palpitant au taquet en attaquant sur les chapeaux de roue et en agrémentant l'habituel chant de toon vénère d’un bon vieux grunt des familles, pour un résultat évoquant un Psykup déchaîné. Mais tout cela ne serait rien sans ce refrain plus « crooner », assez typé Carnival in Coal, qui transforme la chose en un énorme tube en un rien de temps. C’est également l’occasion – maintenant qu’on a 2 titres dans les pattes – de remarquer à quel point Radek possède une voix incroyable, mix improbable d’Axl Rose et de Mike Patton.
Démarrant sur une pointe d’orgue de barbarie qui fera frétiller les amateurs de Metal forain, le morceau-titre commence en zigzagant comme une anguille entre les stands. On croirait presque entendre le « Tournicoti, tournicoton… » de Zébulon! Puis quelques confidences psychotiques plus tard, on débarque sur un refrain légèrement funky qui tranche d’avec le début (« I Like It »?), celui-ci dégénérant vite vers des lignes de chant nasal qui nous téléportent instantanément dans le monde merveilleux des frapadingues de 6:33. Orgue déluré, balle rebondissante, chorégraphie désarticulée, la foire est pleine de couleurs et nos oreilles nagent dans le bonheur! Moins pétillant, « Call Me! Woman! » finit tout de même par remporter la mise malgré une approche plus sucrée, portée par un piano mis assez nettement en avant. C’est un peu le « November Rain » du groupe, la gouaille Nawak en plus. Et si certains étaient encore passés à côté de l’excellence de Radek à son poste de préposé au micro, ce morceau fait voler les derniers bouchons de cérumen en éclats.
C'est vrai, tout cela fait beaucoup de lignes pour seulement 4 titres. Mais ceux-ci les méritent amplement! Parce qu’ils provoquent une telle euphorie, une telle envie de partager la bonne nouvelle avec les amateurs de badaboumeries métalliques 4 étoiles qu’on a du mal à ne pas dépasser. Alors on se bouge: allez tous m’écouter, puis récupérer ces 4 titres mortels. Sur Bandcamp il vous en coûtera en gros 2,5 euros. Qui osera dire que c’est trop cher payé?
La chronique, version courte: les coups de cœur immédiats qui aboutissent à de l’amour fou en 2 clics trois mouvements, ce n’est pas si fréquent. La dernière fois que cela avait été aussi foudroyant, c’était pour les 2 EP de The Onironauts, il y a 2 ans. Et aujourd’hui, rebelote, avec cette fois l’excellent Nawak Metal offert sur ce 2e EP de Hentai Corporation. Alors ne restez donc pas mollement le doigt sur votre souris: cliquez, cliquez jusque ça vous déborde par les oreilles nom de nom!!
2 COMMENTAIRES
Lord Orgazmo le 08/01/2019 à 22:44:42
Grand merci pour cette découverte.
C'est déjanté, classieux et volontiers furibond !
Une petite précision sémantico-taxonomique au passage le style pratiqué ici me semble plus "azimuté" que "nawak".
Ou pour le dire autrement on est plus dans l'insoupçonné que dans l'erratique.
Cela m'apparait d'autant plus clairement en comparant cela au dernier Hardcore Anal Hydrogen.
Et ce que tu ne nous a pas (encore) dit, petit fripon, c'est que ces bougres ont continué les aventures de la corporation au logo dentu !
Et en jetant une oreille sur les deux albums qui suivent y a aussi de quoi bien se faire plaisir.
cglaume le 08/01/2019 à 23:28:44
Les 2 albums qui suivent se retrouveront chroniqués ici dans les semaines qui viennent ;)
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