Ailiph Doepa - Oxygen

Chronique CD album (56:51)

chronique Ailiph Doepa - Oxygen

Oui je sais, moi aussi j’ai initialement pensé qu’Ailiph Doepa était une anagramme. Mais impossible de trouver lequel. « Aide Ophelia »? « Pédalo hippie »? « Lapidé hop là »? « Dahlia Epeda »? Non, vraiment non… Et cette fois Wikipedia n’est pas d’un grand secours. L’explication est a priori à trouver ailleurs. Notamment dans le fait que le groupe est:

- japonais

- complètement chtarbé

 

Là: tout de suite on y voit plus clair, non? D’autant que quand je dis « chtarbé », je suis loin du compte. « Nawak » est le bon terme. Car sur leur troisième album (...on va dire, bien que la chose semble bien plus compliquée quand on consulte leur discographie sur le site du groupe) nos 4 samouraïs proposent une version survitaminée et entoonifiée du registre de Maximum The Hormone, un peu comme si Hentai Corporation et Troldhaugen étaient venus en renfort pour repeindre les murs des géniteurs de Bu-ikikaesu. En effet, si on retrouve bien sur Oxygen de grosses mosheries Brutal Néo/Punk/Metal entremêlées de ces coupures Pop décalées qui ont fait la réputation de leurs aînés (ainsi que celle d’un Iwrestledabearonce), le délire va ici encore plus loin. Le cirque est plus bariolé, les ambiances plus typées, la folie plus sautillante.

 

Le mieux est sans doute de parcourir un peu la tracklist et d’y glaner quelques exemples parlants. C’est d’autant plus pertinent qu’Oxygen n’est pas de ces albums monolithiques qu’il faut écouter de A à Z, le carnet de notes à la main, et pour lesquels il n’est pas possible de mettre en avant un titre plutôt qu’un autre. Il s’agit plutôt d’une collection de turlututubes qui font se trémousser follement, chacun avec un parfum un peu différent de son voisin. Prenez « Machu Picchu »: il ouvre l’album sur des sonorités de cornemuse des Andes (si si) avant de sombrer dans la frénésie la plus sauvage. Cela n’empêche nullement le groupe, à 2:02, de partir en mode Nawak / chibi, comme dans ces mangas où les personnages adultes se transforment soudainement en versions miniatures intenables et débilos. Puis de balancer de la grosse mosh part, des passages funky, et des élucubrations scat/toon du meilleur effet. Sur « Poseidon », on part en Polynésie s’agiter le nombril en compagnie de la Petite Sirène, avant de finir le morceau en compagnie de SOAD. Sur l’excellent « Scary Night », le train fantôme se fait plus accrocheur et Nawak que jamais, et l’on se trémousse en poussant des « Spooky Youpi! » d’aliénés. Pour atterrir en douceur, « Millenium Song » emprunte le chemin d’un Punk Rock de lycée à la Green Day, avant d’opter pour un Nawak Metal plus cuivré mais tout aussi enlevé. Et je me retiens d’évoquer sur de nombreuses lignes les excellents « Rainy Tips », « Sparkling Pussy », « Mashed Potatoes » et consorts, sinon je ne m’en sortirais plus. Et pourtant chacun de ces titres est un mini-univers aussi frénétique qu’attachant qui donne envie d’aller chasser des muppets au pistolet à eau, et laisse sur l’impression persistante que ce sont des potes – et non pas des inconnus de tout là-bas au loin – qui sont en train de s’exciter de l’autre côté des enceintes.

 

Youpinaise les copains: ça déboîte, ça se déchaîne, c’est nom de nom d’excellent! Oxygen porte bien son nom: c’est le genre d’album nécessaire à la survie du fan de Nawak Metal. Et quand on s’en envoie une forte dose d’un trait, ça rend hautement euphorique. Alors suivez les conseils de ce bon vieux Docteur Lapin Jaune, et allez fissa vous dédioxydecarbonifier les oreilles auprès des bouillonnants loustics d’Ailiph Doepa… Vous pourrez illico dire adieu à la morosité métallique!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: imaginez que, suite à l’écoute prolongée des albums de Hentai Corporation et Troldhaugen, Maximum The Hormone réalise que, décidément, ses albums ne sont pas aussi Nawak qu’ils pourraient l’être. Passant à la vitesse supérieure, le groupe se défoncerait pour sortir ZE album de Nawak Metal from Japan. Le résultat? Un opus merveilleusement déraisonnable qui serait forcément du même tonneau qu’Oxygen.

photo de Cglaume
le 01/09/2020

7 COMMENTAIRES

Belzebarz

Belzebarz le 02/09/2020 à 19:15:26

Whoua quelle claque ce son !!! Enfin de l'originalité dans le monde du " métal " Merci pour la découverte Cglaume, d'ailleurs souvent tes albums chroniqués ici, sont souvent de bonnes découvertes !!! Je m'empresse d'écouter les autres albums de ces nippons WTF !!!!!

cglaume

cglaume le 02/09/2020 à 19:30:40

Bien content que tu accroches :)

belzebarz

belzebarz le 03/09/2020 à 23:51:00

Ou trouves tu ces genres de groupe ....?? Sans dec :)

cglaume

cglaume le 04/09/2020 à 07:32:39

J'ai des indicateurs aussi passionnés que moi. Et qui furètent à des endroits que j'omets :)

nipalvek

nipalvek le 04/09/2020 à 14:08:42

La bonne pioche( encore une fois!) C'est groovy à souhait! En+ d'être musicalement terrible. La palette vocale est impressionnante. Mars par exemple power métal,death,black, ambiance soviétique,heavy tout ca en a peine 2mn tout en étant fluide .troldhaugen,vu que tu fais la comparaison, même si j'aime beaucoup, je trouve que Ailiph Doepa fait moins patchwork nawak que eux et + structuré ( parler de structure pour le nawak, je vais acheter un casier de bière et faire nuit blanche)

cglaume

cglaume le 04/09/2020 à 14:21:11

Mais parfaitement: le bon Nawak part dans tous les sens tout en étant parfaitement fluide car expertement structuré. Il coule naturellement de Chanana-rybde en Scyl-lalala, pour le dire autrement :D :D

nipalvek

nipalvek le 04/09/2020 à 15:12:46

Sans oublier timdim damesque et brek car toun

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