Pastors Of Muppets - Heavy Birthday

Chronique CD album (55:22)

chronique Pastors Of Muppets - Heavy Birthday

10 ans. L’âge où l’on commence à lire Harry Potter. L'âge où l’on nique une paire de grolles par mois parce qu’on s’en sert comme râpe à bitume dans la cour de récré pendant les matches de foot. L'âge où en Géo on apprend que le village est dans la commune, qui est dans le canton, qui est dans l’arrondissement, qui est dans le département. L'âge où l’on va au coin parce qu’on a claqué les bretelles de ce fayot de Rémi… Le bel âge quoi!

 

10 ans que la réponse hexagonale à Apocalyptica, Steve’n’seagulls, Baaba Kulka et [toi aussi rajoute ici un groupe qui fait des reprises décalées] fait mine de pondre des solos de Stratocaster et d’éructer sa hargne cachée derrière ses trompettes, ses saxos et ses trombones. Et de manière convaincante qui plus est! Si vous créchez quelque-part dans le Grand Sud-Ouest, ou si vous êtes venus régulièrement au Hellfest, il y a de grandes chances que vous les ayez déjà croisés: et dans ce cas, peu de chance que vous ayez oublié cette fanfare reprenant les Mets, AC/DC ou encore Iron Maiden, d’autant que les lascars sont sapés comme leurs idoles – qui en Slash, qui en Angus Young, qui en Shagrath.

 

Pour fêter dignement ses 10 printemps, le groupe ne pouvait pas se contenter d’un cake Savane couronné de 10 bougies. Il est donc retourné en studio afin de nous proposer un nouvel album plein de décibels pas électriques mais presque. Enfin quand je dis nouveau… La vérité c’est qu’Heavy Birthday reprend les 5 morceaux de Heavy Meal (sorti en 2015), auxquels il adjoint de nouveaux compagnons de tracklist: « Locust » de Machine Head, « Sad But True » de Metallica, « Pillars of Eternity » de Down, « Hangar 18 » de Megadeth et – enfin – « Master’s Apprentices » d’Opeth. Bref, du matos un peu moins consensuel que d’habitude, il faut bien leur reconnaître ça. Pas consensuel, ni facile – parce qu’adapter une pièce à rallonge pleine de growl comme le dernier des nouveaux titres cités, c’est tout sauf du gâteau.

 

Le souci de la formule Pastors of Muppets, c’est que sans la grosse disto’ et le mur de son qui en découle, l’espace sonore peine parfois à être rempli à la hauteur de ce que proposait l’original. Cela se ressent à intervalles réguliers, par exemple sur « Locust », sur un « Sad But True » un peu amorphe (et qui risque même de gaver les éventuels aliens qui ne connaitraient pas l’original), sur « War Pigs », ou encore sur « Freedom » qui gagne en rondeur mais perd du coup en hargne. A l’opposé, le passage au tout cuivre réussit parfaitement à « Back in Black », dont le format initial, plus Rock, plus aéré, est plus naturellement compatible avec notre orchestre à patches. Plus ambitieux, plus casse-gueule aussi, le défi de la transcription de « Hangar 18 » est lui aussi brillamment relevé. Même avis positif pour « Creeping Death » (ils le maîtrisent sur le bout des pistons leur Metallica les Bordelais!), ainsi que sur « Domination » qui – même s’il ne peut être tout à fait aussi agressif que l’original – finit l’aventure sur une bonne claque aussi réussie que maline, ce point final nous laissant sur une vraie bonne impression.

 

Heavy Birthday provoque donc les mêmes réactions que ses prédécesseurs: on est tout d’abord amusés, puis agréablement titillés par l’audace de ces adaptations, ainsi que par la prouesse technique que celles-ci représentent. Ce premier accueil est d’ailleurs d’autant plus positif que la bonne humeur palpable qui émane du skeud renforce la complicité que ces reprises décalées créent de fait entre l’auditeur et le groupe. Mais forcément, avec le temps, la surprise disparaissant, on ressent avec plus d’acuité les carences naturelles de ces versions cuivrées. Et ces différences de volume et d’énergie créent une frustration qui, bientôt, pousse à zapper l’exercice en cours pour retourner écouter les originaux. Bref, vous l’aurez compris – et le groupe aussi, qui doit commencer à en avoir plein le dos qu’on lui ressorte toujours cette même rengaine: ce nouvel album des Pastors of Muppets est parfait en mode découverte, lors des 3 premières écoutes, ainsi que pour la déconne, en mode "soirée entre potes". Par ailleurs il enrichira d’autant la setlist des concerts donnés par le groupe – et c’est tant mieux, l’exercice live étant celui qui convient le mieux à nos amis. Par contre la probabilité pour que la chose tourne longuement sur vos platines et lecteurs MP3 tend asymptotiquement vers l’axe des abscisses, si vous voyez ce que je veux dire à demi-mots…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Heavy Birthday, c’est une fois de plus la fête du slip clouté version fanfare municipale. Ce sont des reprises de classiques (AC/DC, Metallica, Megadeth, Black Sab’, RATM) au saxo, au tuba, au trombone & compagnie. C’est fun, osé, plutôt réussi… Mais la durée de vie de la chose est assez courte. A noter pour les habitués des Bordelais: le petit truc en plus, cette fois, c’est l’élargissement de l'exercice à des répertoires moins universellement célébrés (Opeth, Down, Machine Head).

photo de Cglaume
le 29/11/2017

3 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 29/11/2017 à 11:11:40

" les bretelles de ce fayot de Rémi" : C'est dingue de voir à quel point les personnes portant le même prénom peuvent avoir des traits de personnalité communs.

cglaume

cglaume le 29/11/2017 à 11:16:48

Ha ha, je n'avais pas tilté sur le prénom mon Toukie ! :D

pidji

pidji le 29/11/2017 à 11:21:39

haha ! Va pas le vexer !

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