Annihilator - Suicide Society

Chronique CD album

chronique Annihilator - Suicide Society

Si les muses des Slayer et autres Metallica sont condamnées à réveiller à la force du poignet et à tartiner d’épaisses couches de Viagra l’inspiration paresseuse de leurs petits protégés dans l'espoir de leur faire tousser un ou deux albums par décennie, il est rassurant de constater que d’autres vétérans de la scène Thrash ont, eux, la créativité encore bien turgescente, ceci malgré une carrière accumulant les années d’expérience par pleins packs de 10. Parce que ça fait depuis 1984 que, tous les 2-3 ans, le père Jeff Waters nous revient avec sous le bras une nouvelle cargaison de morceaux d’un Thrash mélodique vecteur de bonne humeur et de grosses accélérations bien tranchantes. Après un Feast qui, en 2013, nous aura abondamment irrigué les corps caverneux, on attendait le petit 15e la 6 cordes frétillante, prêt à s’enfiler les morceaux nouveaux là où ça se colle habituellement pour en retirer un maximum de plaisir.

 

Sauf qu’en l’occurrence, avec cette nouvelle livraison, si Annihilator nous revient bien là où on l’attendait, lourdement équipé de ces refrains plaisants, de ces guitares chantantes, de ce groove plein d’entrain, de ces passages de 0 à 100 en 4s chrono et de cette jovialité à la limite de la déconne, il s’avère un peu moins inspiré qu’à l’accoutumée. Un petit coup de mou de sa muse, justement? Toujours utile que – pour caricaturer – Suicide Society nous trimballe entre 1) des morceaux bien sympas mais hyper balisés, dangereusement proches de ce que l’on a déjà en stock sur d’autres CD portant fièrement le même logo 2) des compos anonymes limite bouche-trou, 3) des caresses sombrement sucrées manquant de la dose syndicale de ‘cougnettes pour espérer affoler notre thrashomètre et 4) des échos un peu trop évidents du répertoire des 4 Horsemen.

 

Si si, désolé pour la douche froide. Certes j'oriente la chose avec malice afin de ne vous en présenter que le mauvais profil, mais ça donne néanmoins une bonne idée de ce qui cloche sur ce nouvel opus.

 

Et pour appuyer mon propos, je vous propose d’aller écouter « Creepin’ Again ». Vous voyez, là, en début de morceau, cet ébrouement fougueux: on n’est pas en plein « Brain Dance » peut-être? Et puis les arpèges sucrés qui calment le jeu au milieu de « My Revenge », ne me dites pas que cela ne vous dit rien…? J’arrête ici la liste, mais sachez que vous allez voguer d’impressions de déjà vu en flash-back déstabilisants au cours de ces 9 titres. Et quand il ne se sert pas généreusement dans ses heures de gloire passées, Jeff va taper chez James Hetfield, dont il reprend par ailleurs les intonations de manière parfois troublante (parce que – vous ne le saviez pas? – Dave Padden s’est barré après 12 ans de bons et loyaux services, laissant de nouveau le micro au Leader Maximo du groupe). Si vous voulez vous en convaincre, allez écouter les parties qui cavalent sur « My Revenge »: un vrai pillage de « Dame Inc. »! Et puis tiens, sur « Narcotic Avenue », après la superbe (vraiment!) entame pleine de distorsion, ce break Rock’n’Roll bien hargneux et cette gouaille, c’est pas du pur good ol’Metallica peut-être? Pour en finir avec cette longue pause au Bureau des Réclamations et aborder la question de la fadeur de certaines compos, on admettra que « Break, Enter » brasse surtout de l’air, et que terminer l’opus sur « Every Minute » revient à finir un bon gueuleton sur une endive cuite à l’eau…

 

Bon alors ok, Suicide Society est un peu trop sage, prévisible, voire confortablement pépère. Mais l’expérience et le savoir-faire de Jeff, l’énergie positive dégagée par sa musique, l’abondance de riffs et de solos extrêmement bien gaulés, ainsi que la présence de quelques titres vraiment bons transforment l’écoute de cet album en une réunion d’anciens combattants où, certes il ne se passe pas grand-chose de neuf et de véritablement excitant, mais où l’on est bien content de retrouver ses potos pour parler du bon vieux temps – qui n’est finalement pas si loin que ça, hein Roger? Parce que bien que « facile », le morceau-titre réussit tranquillement à nous mettre en joie. « Snap » – l’une des 2 vraies réussites de l’album – possède l’un de ces refrains dont on est friand, et progresse en suivant un crescendo assez irrésistible. Autre morceau possédant un refrain craquant, « Creepin’ Again » laisse lui aussi des traces, tandis que « Death Scent » est sauvé de l’anonymat par une partie centrale inspirée, ample et belle, qui titille le fond de la bidoche. Dernier titre qui ne peut décemment pas être passé sous silence – vu qu’il constitue la 2e des grosses réussites de la cuvée 2015 –, « The One You Serve » combine avec intelligence chaudes caresses, menaces larvées et libérations grandioses coïncidant avec le refrain. Du grand Annihilator quoi!

 

Couci-couça. P’têt’ ben qu’oui, p’têt’ ben qu’non. A moitié vide, à moitié plein… Le 15e album d’Annihilator ne rassasiera que les fans les moins difficiles du groupe, et ne reproduit donc clairement pas l’exploit de Feast. Après, allez, positivons: il ajoute au moins 2 nouvelles bombinettes au répertoire des Canadiens, plus tout plein de bonnes petites choses à grapiller de-ci de-là, le tout saupoudré sur 3 quarts d’heure d’un Thrash qui reste extrêmement agréable. Alors on boude un peu, ok, mais plus pour la forme qu'à cause d'une profonde déception, les commissures de nos lèvres continuant de pointer avec un optimisme obstiné vers de souriantes hauteurs…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Annihilator revient… Et il est bien moins inspiré que sur Feast. Un peu décevant sur les bords – car trop sage, et trop prompt à recycler des plans ayant déjà fait leurs preuves –, l’album offre quand même son lot de nouveautés croustillantes et de clins d’œil complices. Certes en quantité bien moindre que ce que l’on espérait, mais bon, cessons de grommeler sur le bon vieux temps sinon on va finir dans le même hospice que Cobra Commander

photo de Cglaume
le 01/09/2015

9 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/09/2015 à 18:38:28

C'est du Thrash ça ??

cglaume

cglaume le 01/09/2015 à 18:57:37

C'est censé oui. Avec des touches Heavy (Jeff W. est fan de Judas Priest)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/09/2015 à 19:01:47

Ah bah si tu sorts les arguments "cuir et clous", je m'incline mais en surveillant mes arrières.

Niktareum

Niktareum le 01/09/2015 à 20:48:32

Les 2 extraits étaient tellement mauvais que je ne sais même pas si je vais prendre la peine de l'écouter...

cglaume

cglaume le 01/09/2015 à 21:00:06

Allez va: ne laisse pas passer les 2-3 pépites de l'album si tu peux avoir une version MP3 ;)

S1phonique

S1phonique le 07/09/2015 à 10:19:53

je cite : "Et il est bien moins inspiré que sur Feast."..
Rhooo punaise ça fait peur...

cglaume

cglaume le 07/09/2015 à 10:54:40

Tatata: il est TRES bon "Feast" :P

S1phonique

S1phonique le 08/09/2015 à 10:21:25

Oui c'est vrai : le disque bonus c'est d'la poutrasse de poutrasse \m/

cglaume

cglaume le 08/09/2015 à 11:02:09

Ah non lui par contre il est tout fadasse :P (...en plus je le pense ! J'aime PÔ les remakes)

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