Boris - Dear

Chronique CD album

chronique Boris - Dear

25ans de carrière, de cassage de tympans en bonne et due forme, de sorties aussi fabuleuses que parfois de mauvais goûts. L'héritage discographique de Boris est tel qu'on s'y perd, entre chefs d’œuvres, collaborations, splits, explorations soniques et californias au thon, il y en a pour tous les goûts, si tant est qu'on aime le wasabi et le saké à des doses invraisemblables. Car la démesure et l'abus font parties intégrantes de la recette Boris et c'est pour ça qu'on les aime tant.

Où se situe donc ce Dear dans ce marasme d'albums, lui qui semblait annoncer un adieu à la scène des nippons et qui finalement -selon ce qu'en dit le label- aurait plutôt redonné un peu de peps au groupe pour continuer l'aventure ?

Et bien un gros Fukushima sonore comme ils savent le faire. Un condensé maitrisé de leur penchants les plus gogols pour le fuzz et les voix duveteuses haut-perchées. Avec une préférence pour leur période ultra heavy-drone qui nous ramène à leur trilogie monumentale Absolutego, Amplifier Worship et Dronevil - plutôt qu'au stoner-garage d'Heavy Rock, Smile ou Pink, on pourra nuancer cependant en observant qu'ils sont plus muris et moins bruts, mais peut-être aussi de fait moins foufous.

Ainsi, les chants aériens et les mélopées shoegaze/post-rock de leur période Rainbow et compagnie sont encore ancrés dans leur vocabulaire: du léger "Beyond" au plus épique "Memento Mori" en passant par le presque trip-hop "Biotope" ou le très pop "Dystopia-Vanishing Point". Le petit enrobage sucré qui fait du bien autour de ce disque qui est pourtant aussi lourd qu'un repas aligot/côtes du Rhône par 35°C.

L'écart entre ces morceaux acidulés et plus envolés et l'autre moitié de ce Dear est d'autant plus grand que cette seconde enfonce le clou et projette une tension et une force tellurique digne de la bombe H dans nos conduits auditifs. On a ici l'essentiel de ce qui compose un menu Boris: des riffs saignants enrobés de beaucoup de GRAS. Si le disque commence assez sobrement avec en entrée "D.O.W.N. - Domination Of Waiting" et "DEADSONG", classiques du combo aux relents noise et doom, les choses s'accélèrent doucement avec "Absolutego" plus épicé et viril qui fait la nique à tous les sous-chefs du genre qui se prennent pour des étoilés en pondant 1 riff moisi toutes les 8mn.. Si "Kagero" fait plus office de digestif avec ses voix éthérées sur fond de guerre sous-marine, l'épitomé du disque à mon sens se trouve dans "The Power" avec ses multiples couches de fuzz empilées comme un 1000 Feuilles dronesque. Et que dire de ce finish éponyme tonitruant achevant toute discussion sur qui à la plus grosse cuisine à bruit du japon.

J'avais déjà dit du bien de la dernière trilogie drone-noise du groupe (Asia, Urban Dance et Warpath), et je persiste à penser que cette formule qui fait subtilement mal aux oreilles et décoller les plombages est ce qu'il sied le mieux à nos productifs nippons. Même si la subtilité présente sur Mabuta No Ura, Akuma No Uta, Flood, ou le triptyque ambiant de The Thing Which Solomon Overlooked leur va aussi à ravir (sans parler du bijou Altar avec Sunn O))) et des collaborations avec Merzbow qui dans un autre registre sont également jouissifs) j'aime les voir s'imposer dans le panthéon des gros amplis et des tsunamis de fuzz. Arigato))) au trio.

photo de Viking Jazz
le 11/07/2017

1 COMMENTAIRE

Seb

Seb le 13/01/2020 à 22:41:53

Bonne surprise, je viens de découvrir en écoutant l'album avec Sun O))) et du coup, ça me donne envie d'approfondir dans ce groupe.

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