Cannibal Corpse - Chaos Horrific

Chronique CD album (39:19)

chronique Cannibal Corpse - Chaos Horrific

Cela fait 35 ans et 16 albums que l’on vit une belle histoire d’amour avec Cannibal Corpse. Alors évidemment, un couple avec une telle longévité, c'est synonyme de bons, mais aussi de mauvais côtés. Parmi ces derniers, vous l’imaginez sans mal, il n’y a plus beaucoup de place pour la surprise, l’excitation des premiers jours ayant fatalement fini par s’émousser – d’où des demi-molles parfois, eh oui, ChatGPT ne nous a toujours pas expliqué où se situait le bouton ON / OFF du moteur à libido. Parmi les avantages en revanche – vu la constance et la fidélité du compagnon en question – il y a cette confiance que l’on peut aveuglément placer dans son partenaire. On sait qu’il sera toujours là à nos côtés. On le connait comme notre poche, même s’il arrive toujours à trouver des attentions nouvelles, des petites fantaisies qui émoustillent et prolongent l’idylle. Depuis tout ce temps, celui-ci a fini par tellement intégrer notre quotidien qu’il est devenu tout à la fois un peu de notre horizon et de nos fondations. Et si l’intensité des sentiments du début n’est plus à présent qu’une sensation rendue floue par la nostalgie, celle-ci a été remplacée par une tendresse et un attachement d’une profondeur au final plus importante encore.

 

Et puis, quand des fois l’on souhaite retrouver un peu le goût de cette passion par laquelle tout a commencé, rien de plus facile : il suffit de ressortir les albums photos et les lettres échangées alors / les 6-7 premiers albums... et le feu de rejaillir alors comme par magie du proverbial ancien volcan !

 

Chaos Horrific est donc le 16e jalon d’une belle et longue histoire. Et si celui-ci ne recèle aucune réelle surprise – ainsi que l’on s’y attendait – il réussit à apporter un peu de cette énergie qu’il est vital d'injecter régulièrement dans le quotidien afin d'éviter une trop grande routine. Massif et rassurant, puissant et inamovible, ce nouvel album continue là où Violence Unimagined s’était arrêté il y a seulement 2 ans, Erik Rutan cumulant cette fois encore les postes de producteur, mixeur, et guitariste remplaçant de Pat O'Brien.

 

Après quelques petites secondes à se faire secouer les feuilles par « Overlords of Violence », le constat s'avère sans appel : « Les boss sont de retour, et ils ne sont pas là pour jouer au Scrabble ! ». C’est que le morceau est taillé sur mesure pour provoquer cette sensation : démarrant sur un court remuage de bretelles à coups de basse (c’est d’ailleurs la seule fois où on l’entendra aussi clairement), celui-ci ouvre ensuite grand les vannes d’un fougueux torrent décibélique, l’auditeur se faisant ensevelir pendant 3 minutes non-stop sous cette coulée houleuse, impatiente et impitoyable, qui est la marque du Cannibal Corpse que l’on aime. Ici comme dans les morceaux qui suivent, le canevas guitaristique s’avère tendu et dense, dégageant une certaine prestance technique sans jamais sombrer dans la démonstration. Et ça tombe bien : c’est exactement l’approche que l’on a appris à aimer chez ces charmants anthropophages !

 

Mais les Floridiens sont également connus pour ces mosh parts de rhino borné, livrées dans leur plâtrée de groove néandertalien. Cet aspect plus grumeleusement amical attend néanmoins « Frenzied », le morceau d’après, pour se manifester, ce qui permet à ce benjamin tracklisquesque d’être un poil moins monolithique que son prédécesseur – quoique moins marquant par contre, reconnaissons-le.

 

Et les 8 morceaux suivants de continuer à faire contraster grosse roustes violentes et écrasements de tempos grassouillissimes, certains s’en sortant évidemment mieux que d’autres, le bilan final entre compos faisant se rehausser agréablement les sourcils et morceaux appuyant sournoisement sur les paupières influant directement sur la note finale attribuée.

 

Bonne nouvelle : aucun titre ne mérite cette fois qu’on lâche un « Abusé : là ils ne se sont vraiment pas foulés ! », ceux récoltant les moins bonnes notes ayant quand même en général un petit truc en plus afin de compenser les ondes négatives (ex: l’accélération épique à 2:14 sur « Blood Blind », la superbe descente riffée en intro de « Vengeful Invasion », la fougue Thrash ouvrant « Pestilential Rictus »…). On se concentrera donc plutôt sur les moments qui expliquent qu’on a même apprécié cette nouvelle cuvée encore un peu plus que la précédente. Outre le très revigorant « Overlords of Violence », on a cette fois craqué sur « Summoned for Sacrifice », grosse claque administrée avec une grande classe qui, après un début ne payant pas de mine (plutôt vicieux et louvoyant), libère groove, violence et mélodie pour un résultat 4 étoiles ! Même kiff sur la folie fonceuse de « Fracture and Refracture », le bien sous tous rapports « Pitchfork Impalement », et la conclusion « Drain You Empty », qui fait mine de sombrer dans la neurasthénie mais finit par s’agiter les puces avec maestria.

 

Donc oui, Chaos Horrific est comparable à ces noces de rubis qui – célébration respectable mais quand même moins excitante, une fois imprimée sur un carton d’invitation, que « Metal Gang Bang Night » – imposent le respect, posent un jalon solide sur la frise chronologique... mais vont en laisser quelques-uns blasés. Pourtant il comporte suffisamment de violentes soufflantes, de riffs brillamment furieux et de groove de brontosaure pour satisfaire tout amateur de Death velu et de qualité. Et il conforte donc notre tendresse pour ce groupe de brutes talentueuses qui n’a décidément toujours pas décidé de s’assagir ni même de jouer la sécurité en recyclant sans renouveler. Alors oui, Cannibal Corpse est vieux, mais 1) ça ne s’entend pas le moins du monde, 2) et puis Cannibal Corpse est grand. Alors, tout comme vous devriez mettre la main à la poche de temps en temps pour aider Wikipedia à rester indépendant (d’autant que vous l’utilisez tout le temps, non ?), vous devriez également vous pencher sur cet album afin d’affirmer votre soutien à l’un des vétérans de la scène Death Metal qui mérite le plus votre respect.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : 35 ans à vivre l’amour, le vrai – celui qui laisse échapper des humeurs visqueuses des bubons pelviens – avec Cannibal Corpse... Cela méritait qu’on célèbre des noces de rubis dignes de ce nom ! Et Chaos Horrific s’acquitte très honorablement de cette tâche festive en prouvant 1) que le groupe a autant sa place à l’EHPAD que Ribéry à l’Académie française 2) qu’on peut toujours trouver, après 16 albums de violence maîtrisée, de nouveaux moyens (pas révolutionnaires hein, mais légèrement innovants) de faire vibrer le cœur des fans. Alors si ça vous dit de tenter un massage des vertèbres par un troupeau de tricératops furax (… c’est un peu la sensation procurée par ces 10 morceaux), vous savez quel album charger dans votre playlist !

photo de Cglaume
le 15/12/2023

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/12/2023 à 10:08:46

Absolument rien retenu de l'album

Xuaterc

Xuaterc le 15/12/2023 à 10:57:15

ça fait le taff, sans surprise, cousu de fil blanc...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/12/2023 à 17:25:12

ça fait peur aux potes fragiles en soirée...

cglaume

cglaume le 15/12/2023 à 18:20:12

27 septembre, sur le fofo, Cromy:
« Il m'en avait bougé une sans toucher l'autre mais il est bien sympa en définitif. »

Syndrome Memento ? 😁

Xuaterc

Xuaterc le 15/12/2023 à 18:21:47

"Absolument rien retenu de l'album" CQFD

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/12/2023 à 04:51:05

Non, je l'ai réécouté et réévalué objectivement.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025