Dååth - The Deceivers

Chronique CD album (43:45)

chronique Dååth - The Deceivers

Attention, poids lourd !

… « lourdingue », même, ne manqueront pas de rectifier les plus trves – il y en a dans la MaisonAndCo, du coup je prends les devants (manque ici un smiley qui rit jaune et sue dru).

 

En effet, Dååth c’est du mastodonte américain qui, dès son 2e album (en 2007), a bénéficié :

* d’une sortie chez Roadrunner

* d’un Kevin Talley (Dying Fetus, Misery index, Six Feet Under) derrière les fûts

* d’un Andy Sneap à la prod

* d’un Colin Richardson au mix

* de featurings de James Murphy (Disincarnate, Death, Obituary) et James Malone (Arsis)

et donc, logiquement : d’un gros buzz.

À l’époque des quatre premiers albums du groupe (en 2004, 2007, 2009 et 2010) je furetais déjà parmi les sorties alléchantes, à la recherche de la nouvelle star Metal. Malheureusement, nulle occasion ne s’était alors présentée de faire de moi le larron qui mettrait enfin le pied dans le domaine musical de ces gugusses. Ce sont des choses qui arrivent, que voulez vous... Et qui arrivaient d’autant plus souvent, à l’époque, qu’on ne streamait pas légalement l’ensemble des catalogues des labels, avec les nouveautés disponibles dès le jour de leur sortie.

 

Bref. Quatorze ans plus tard, ce nom est resté gravé dans la caboche du croulant qui vous cause. Faut dire que ces deux Å coiffés chacun d’une antenne parabolique, ça marque les esprits ! Tout comme ce qui se disait alors du style pratiqué – je vous le fais de mémoire : « un mélange ambitieux de Death mélodique, de Groove Metal[core], et d’éléments Indus ». Alors forcément, quand The Deceivers est venu frapper à la porte de ma boîte mail par l’entremise d’un message promotionnel, il n’eut pas le temps de dire « Bonjour ! » qu’il se faisait déjà triturer les octets par le Media Player de mon ordi…

 

Vous avez vu le style affiché en-tête de chronique : cette fois le groupe a mis le paquet sur les orchestrations et les riffs poilus. À tel point qu’il n’est – donc – pas déconnant, dorénavant, de parler de Death Metal symphonique. Et pas un truc en carton, avec un clavier Bontempi élevé aux hormones qui crie dans le mégaphone. Non, quelque-chose qui a de la gueule. Peut-être pas tout à fait au niveau d’un Septicflesh, mais pas si loin finalement – quoiqu’on risque de me rétorquer à raison que The Deceivers est doté d’une patine plus américaine, autrement dit plus « moderne », plus aseptisée. L’ambition est clairement affichée, le torse bombé, les petits plats calés dans les grands : l'ambiance est plus proche des Oscars que du Festival du Court-métrage de St Gatien en Burette. D'ailleurs, dès « No Rest No End », entre blast beats et orchestrations fastueuses, on comprend que c’est sans doute un Meta-Baron, un Super Saiyan ou autre grosse légume du même calibre qui est aux commandes.

 

Pour autant le groupe ne se contente pas de singer Fleshgod Apocalypse. Il continue en effet de placer des riffs connotés Thrash, voire Groove Metal, au sein de ses compos (paie ton plan Pantera à 1:24 sur « The Silent Foray »). Il n’abandonne pas non plus complètement son amour pour les machines (à tel point qu’on move du booty sur la fin Sybreed-like du même « The Silent Foray »). Et puis il fait preuve d’une sophistication certaine qui, ajoutée aux éléments précédents, nous conduit parfois à penser à The Monolith Deathcult.

 

Mais je cause, je cause, et j’ai carrément zappé le paragraphe « fiche technique informative » (c’est le moment d’aller reprendre une bière dans le frigo, amis qui vous foutez de ce genre d’infos autant que des coupures publicitaires). Sachez donc que le line-up a bien bougé puisqu’il ne reste plus dans les rangs que les vétérans – i.e. Eyal Levi à la guitare et Sean Zatorsky aux protestations véhémentes. En ce qui concerne les autres postes, joignez-vous à moi pour souhaiter la bienvenue à Kerim "Krimh" Lechner (Septicflesh, ex-Decapitated) au tamtam, Rafael Trujillo (Obsidious, ex-Obscura) au banjo, ainsi que Dave Marvuglio et Jesse Bartholomew Zuretti pour combler les trous restants – les deux derniers loustics ayant moins le profil qui émoustille les lecteurs de People Metal Mag. À noter également que l’album sort cette fois chez Metal Blade, et que c’est Jens Borgen qui s’occupe du mix.

Fin de la parenthèse imposée.

 

Alors, The Deceivers : grosse boursouflure qui joue l’esbrouffe en mode sous-Septicflesh, ou bien nouvelle coqueluche de ceux qui aiment que dentelle et tronçonneuse partagent les tâches ménagères pour un plus grand bonheur musicalo-conjugal ?

 

Eh bien on dira que cela dépend des morceaux et de l’humeur. « With Ill Desire », par exemple, ne remporte pas tous les suffrages : c’est clinquant, remuant, en apparence satisfaisant, mais sur le fond moyennement convainquant. En revanche il faut reconnaître que le groupe, en plus de savoir édifier de belles cathédrales métalliques, a le don pour pondre des refrains bien marquants (on garde les « I Move Like a Serpent », « Vilify, justify… mistify » et autres bêlements de diva – à la fin du refrain de « Purified by Vengeance » – durablement en tête). Et qu’une belle sélection de ses morceaux propose de quoi mettre tout le monde d’accord, notamment ce fameux « The Silent Foray » aux multiples visages, ainsi que l’exceptionnel « Unwelcome Return ». C’est pourquoi j’aurais du mal à ne pas attribuer un bon 8/10 à cet album qui, c’est vrai, a par certains côtés des allures de grosse production un peu trop hollywoodienne… Mais qui est loin de n’être qu’une tête de gondole baudruchesque gonflée à l’hélium par son label. C’est dit !

 

 

NB : quand ils n’apportent rien de notable, les featurings ont tendance à m’escagasser, ceux-ci ressemblant alors plus à de bêtes opérations marketing qu’à des coopérations amicales. C’est malheureusement un peu le cas ici, d’où le fait que j’ai attendu cette « note de fin de chronique » pour vous parler de la présence sur The Deceivers des 6-cordes de Per Nilsson (Scar Symmetry), Dan Sugarman (Ice Nine Kills), Dean Lamb (Archspire), Mark Holcomb (Periphery), ainsi que de l’incontournable Jeff Loomis. Ceux-ci vous garantissent en tous cas la présence de solos nombreux, et de qualité…

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : « Après quatorze ans à naviguer loin de l’actualité metalosphérique, Dååth s’en revient pour jouer dorénavant dans la même cour que Septicflesh et Fleshgod Apocalypse» Cette formule à l’emporte-pièce permet d’insister sur les orchestrations fastueuses et la violence deathmetallique qui s’arrogent aujourd’hui la part du lion dans l’univers sonore des Américains. Pour autant, n'allons pas trop vite en besogne : ces derniers gardent un orteil dans leur ancien terrain de jeu stylistique (thrash, groove metal et machines bénéficient encore d’une autorisation de séjour), et misent beaucoup plus sur la flamboyance de leads bavardes pour sortir du lot. À noter en outre que ce The Deceivers est très « produit », et correspond donc plus aux standards esthétiques d’outre-Atlantique que les deux références auxquelles il est renvoyé quelques lignes plus haut.

 

 

photo de Cglaume
le 12/12/2024

2 COMMENTAIRES

Moland

Moland le 12/12/2024 à 17:39:06

On a le choix dans la Dååth

cglaume

cglaume le 12/12/2024 à 18:17:31

🤪

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