Enslaved - Utgard

Chronique CD album (44:48)

chronique Enslaved - Utgard

Enslaved reste sans doute le maître dans les parutions millimétrées. Deux, voire trois ans entre deux albums sinon rien. Et les Norvégiens reviennent inlassablement, avec une certaine discrétion, ce qu'il n'empêche pas d'être suivi avec une certaine estime et assiduité de la part de son public. Car au final, on sait pertinemment que l'on ne sera jamais accueilli avec une plaque qui serait vraiment à chier. Au pire, on pourra être déçu : soit la direction empruntée par Enslaved qui tente toujours de se renouveler au fil des années ne nous convainc pas, soit on se retrouve face à quelque chose un peu trop évident, signe d'un processus de composition placée sous le signe de l'automatisme. En ce qui concerne le petit dernier, Utgard, on se situe malheureusement dans la déception. Mais au moins lui reconnaîtra-t-on qu'il reste difficile de trancher sur le pourquoi du comment.

 

Parce qu'au final, les Norvégiens, une fois n'est pas coutume, essaient de faire avancer le schmilblick avec de nouvelles influences, plutôt dans l'air du temps. C'est ainsi qu'un « Sequence » nous mènera dans des sphères autrement plus 80's glamouresques – faisant bien écho à des combos comme The Night Flight Orchestra qui portent le revival pailleté pop tubesque 80's mâtiné de hard rock – remises dans des atmosphères un brin plus froides et extrêmes. Ou encore le tandem « Utgard » / « Urjotun » tirant pas mal vers la synthwave qui rapprocherait pas mal du Samael le plus synthétique. « Pourquoi ? » clameront certains. De la même manière pourra-t-on leur répondre du tac au tac « Et pourquoi pas ? ». De mon côté, j'aurais plutôt tendance à voir cela d'un œil perplexe. Non pas parce que la direction ne me convainc pas. Juste que passé ces cas de figure, les autres titres sont beaucoup plus emprunts de son grand frère, E, que l'on aurait boosté aux hormones avec une part black plus frontale sans que rien ne vienne jamais rappeler la ligne d'expérimentation précédente. En découle un ensemble à deux facettes distinctes qui ne donnent pas une impression de cohabiter harmonieusement.

 

De plus, on trouvera également à redire sur la seconde facette, plus typique du style Enslaved, tout sauf surprenante. Elle a beau avoir ses moments, certes classiques, mais efficaces (« Flight Of Thought And Memory », « Fire In The Dark »), il y a malgré tout comme un arrière-goût de réchauffé. Mention spéciale à « Distant Seasons » qui recycle grossièrement « Hiindsiight » de E – sans le saxo de l'amour, quitte à mal faire – preuve du côté automatique du processus de gestation. Ou encore « Homebound » qui aurait tendance à taper dans le côté le plus prévisible et mielleux du mélodique, celui qui rappelle de loin pourquoi le metalcore calibré US peut hérisser le poil.

 

Bref, 2020 a été une année de merde pour tous. Y compris pour Enslaved qui aurait sans doute mieux fait de méditer jusqu'à l'arrivée des jours meilleurs. Alors, certes, Utgard est loin d'être mauvais, si on le prend à l'échelle de la scène black progressive. Mais remis à l'échelle Enslaved, on aurait plutôt tendance à le considérer comme un album « ventre mou », un peu maladroit mais surtout assez paresseux. Bref, à l'image d'un In Times (2015), on aura tôt fait de l'oublier au fil du temps.

photo de Margoth
le 10/03/2021

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/03/2021 à 11:16:23

D'un péééééééééééénible !

Xuaterc

Xuaterc le 10/03/2021 à 17:59:44

Comme souvent avec le Enslaved depuis Isa, on a un groupe qui capitalise sur ses acquis et qui livre quelques bons moment. Mais ils sont capables de mille fois mieux!

fingal le caledonien

fingal le caledonien le 13/03/2021 à 16:36:53

oui, décevant ....assez d'ac  depuis ISA, rien de bien neuf .... vraiment dommage

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/03/2021 à 20:19:30

Ils font du LARP, pas du viking ! ^^

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