Enslaved - Heimdal

Chronique CD album (48:25)

chronique Enslaved - Heimdal

Enslaved et moi, une longue histoire d'amour (il n'y a qu'à voir par exemple ma signature sur les différents forums où je m'exprime), mais qui est partie en jus de boudin à partir de la doublette Isa / Ruun (2004 / 2006). Bon an, mal an, j'ai suivi la carrière du groupe tant sur albums qu'en live, domaine où il reste aussi solide que le mont Ulriken. Hormis vaguement lors de ses trop peu nombreux EP, la flamme qui m'animait sur la divine triplette Eld / Blodhemn / Mardraum ne s'est jamais réveillée. Ce ne sont pas les indéniables qualités de composition et l'ouverture vers le Rock Prog des années 1970 (bien au contraire me connaissant) qui l'ont éteinte, mais un manque de riffs d'anthologies et de mélodies mémorables. Les guerriers vikings s'étaient pour moi sédentarisés et embourgeoisés, et leurs sorties régulières ne provoquaient chez moi plus qu'un sentiment de somnolence (et visiblement je ne suis pas le seul au sein de ce webzine). Jusqu'à la sortie de ce Heimdal, leur seizième album. A mon grand étonnement, je me suis surpris à vouloir le réécouter, chose qui ne m'était pas arrivée depuis bien longtemps avec les Berguénois. « Tu es définitivement un Trve oui je m'incline, du coup » affirmait gentiment un membre de la team, parce que je ne m'ennuie plus à l'écoute d'un nouveau Enslaved.

 

Fort logiquement, l'album s'ouvre sur le son d'une corne qui résonne dans les cieux. Un rappel mythologique s'impose je pense. Chez les Scandinaves de l'époque médiévale, Heimdal est le dieu, du groupe des Ases, gardant le pont arc-en-ciel, le Bifrost, qui relie Asgard, la résidence des dieux autour d'Odin, et Midgard, le domaine des humains. Au moment de Ragnarök, son cor, Gjallarhorn, résonnera pour alerter les habitants d'Asgard de l’arrivée de leurs ennemis pour la bataille de la fin des temps.

 

Par rapport aux productions précédentes du groupe, celle de Heimdal me semble plus rugueuse, moins lisse, foncièrement plus Black Metal. Du point de vue de l'écriture, le groupe ne s'est pas réinventé, reste sur ses fondamentaux mais en terme de riffing, il propose des choses pour moi plus intéressantes. Le Rock Prog, le psychédélisme, le chant clair font toujours partie de l'alchimie d'Enslaved, mais une certaine rage rend son propos moins lisse, moins formaté qu'il pouvait l'être par le passé. La présence d'un nouveau batteur, Iver Sandøy, qui oeuvrait auparavant dans des formations de Thrash et participe à son deuxième album avec le groupe, n'est peut-être pas étranger à cet état de fait. Arve Isdal (Adurey Horne...) n'a plus grand chose à prouver en matière de guitare lead, et le démontre une nouvelle fois au travers quelques solos toujours à propos.

 

Il semble avoir retrouvé sa capacité à narrer les récits de ses ancêtres et à poser des ambiances glaçantes et éthérées. Il n'y a qu'à écouter des titres comme « Congelia », « The Eternal Sea » (avec son intro des plus sympa) et « Caravans To The Outer Worlds » (qui a bénéficié de l'exposition en 2021 de la sortie de deux EP) pour s'en convaincre, avec un propos plus Black Metal et plus expérimental qu’il ne peut paraître au premier abord. L'ensemble est moins monotone qu'il n'a pu l'être sur les albums précédents, la composition a gagné en dynamisme, permettant d'éviter l'ennui qui pouvait me gagner. Sans complètement se révolutionner, Enslaved semble être revenu sur des rails qui lui permettent de regagner mon attention. J'ai bien conscience que mon avis est loin d'aller dans le sens général de la critique qui chante les louages du groupe depuis Below the Lights, mais « qui aime bien châtie bien » comme disait ma grand-mère, qui me racontait au coin du feu comment elle avait accueilli avec mon grand-père un certain Rig pendant trois jours.

photo de Xuaterc
le 23/05/2023

3 COMMENTAIRES

Black Comedon

Black Comedon le 23/05/2023 à 09:05:13

Enslaved a une recette efficace qui propose toujours des morceaux très intéressant mais si ça sonne toujours plus ou moins de la même façon.
Arriver à dire quel morceau et dans quel album est un vrai challenge.
De ce fait c'est difficile de noter leurs albums, j'ai l'impression que comme pour Cannibal Corpse par exemple, on sait à quoi s'attendre, l'album sera de qualité mais sa réception dépendra plus de notre état d'esprit.

Xuaterc

Xuaterc le 23/05/2023 à 09:27:52

"Enslaved a une recette efficace qui propose toujours des morceaux très intéressant mais si ça sonne toujours plus ou moins de la même façon.
Arriver à dire quel morceau et dans quel album est un vrai challenge."
C'est précisément mon point de vue, sauf pour cet album qui, j'ai l'impression appote plus de variété

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 23/05/2023 à 11:46:19

Un poil mieux que les 4 derniers albums... C'est tout.

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