Entombed - Same Difference
Chronique CD album (43:39)

- Style
Stoner vaguement death'n roll - Label(s)
Threeman Recordings / Music For Nations - Sortie
1998 - Lieu d'enregistrement Polar Studios, Stockholm (Suède)
écouter "Smart Aleck"
Dès lors qu'on m'a quémandé de la faire, je savais pertinemment ce qu'il se passera. Car de la discographie d'Entombed, Same Difference est peut-être la galette qui a été le plus mal considérée. Et des plaques décriées, c'est étrange mais c'est bien celles où j'ai le plus de facilité à me plonger sans trop d’à-priori. Et que je me retrouve souvent en position d'avocat du diable, exhibant sans honte une tendance de goûts fleurant bon le désodorisant « Fleur d'Anus » de toute bonne salle du trône qui se respecte. Car même si certaines bouses restent clairement indéfendables même avec toute la bonne volonté du monde, d'autres peuvent se révéler bien plus racoleurs et par conséquent injustement mésestimés. Et c'est justement dans cette seconde catégorie que se situe ce cinquième album des Suédois.
Même si le virage opéré ici n'est nullement aussi radical que celui qu'on avait eu avec l'EP Hollowman qui ouvrait les hostilités death'n roll après un Clandestine qui n'avait franchement rien death 'n roll, cette cinquième fournée n'est pas non plus en reste d'utilisation de frein à main pour dérapage. Une fois encore, Entombed perd encore pas mal des relents de death qui pouvait bien lui rester. A lorgner encore plus vers le rock alternatif bien commercial comme il faut, il arrive ce qu'il arrive : Entombed tombe dans le stoner/rock'n roll pur jus. Same Difference, c'est le tournant dans la soft music, la galette la plus accessible et commerciale de toute leur discographie. Bref, tout ce qui froisse le bon gros metalhead pur jus moyen. Pas étonnant que ce chien nous fixe avec un regard de chat potté comme pour nous dire que ce n'est pas lui qu'il faille tabasser car il n'est nullement fautif du constat. Celui de la musique comme de la laideur de cette pochette qui n'inspire pas plus que cela et fait comprendre à elle-seule pourquoi sa présence dans moult bacs over-bradés tant ça sent bon le disque de seconde zone.
Bien que les Suédois se montrent autrement plus accessibles, ils n'en oublient pas pour autant d'aborder leur version du stoner/rock'n roll de façon bien plus brutale que ce qu'on a l'habitude de voir dans le style. C'est bien simple, avec Same Difference, on a l'impression que le combo aborde le style en mettant dans chaque élément caractéristique de celui-ci une certaine surenchère : plus virulent, plus groove, plus gras... Plus cradingue quoi. Dire que ça sent la transpiration et l'huile de vidange dans un décor désertique n'a jamais semblé plus vrai ici. Et malgré la surenchère, l'album n'en oublie pas le principal en se révélant comme une usine à hits. Non franchement, je ne vois pas ce qu'on peut lui reprocher puisque chaque piste de cette galette a cette tendance à s'incruster dans ta tête en moins de deux, que ce soit par un refrain – enfin, ce qui s'en rapproche le plus en tout cas – qui tache ou via un bon riff ruisselant qui ferait abdiquer n'importe quelle vis grippée sous la clé de douze. Certes, Entombed ne réinvente pas ici pas la poudre et préfère utiliser celle qui est usitée dans la dynamite de bonne marque qui a de nombreuses fois faite ses preuves en terme qualitatif, pas celle de ce petit et misérable pétard mouillé. Et puis bon, le plus important reste de bien la placer cette dynamite pour qu'elle explose tout sur son passage. Chose qu'Entombed fait bien, il sait la tenir, sait la placer et ce bon feeling tantôt graveleux, tantôt groovy, tantôt bluesy renforcé par un LG Petrov repoussant son registre vocal de manière aussi surprenante que réussie nous pète les oreilles comme le feu d'artifice du 14 juillet.
Alors, même si Uprising suivant les mêmes traces est arrivé deux ans plus tard en revoyant et rééquilibrant sa recette pour un résultat plus abouti, je ne peux m'empêcher d'attribuer en ce Same Difference une meilleure place dans mon cœur. Celle qui te donne un petit feeling de Route 66 lors de la traversée d'un tronçon de la RCEA et te rend ce « road trip du tourisme routier vu par la France qui ne cache pas qu'elle déteste l'humanité, quelle que soit son origine » bien plus fun. Plus qu'à fermer les yeux et le désert fera partie du paysage.
« Putain de camion » disait Renaud. Renault modèle Twingo dira la même chose : « Parce que bordel, qu'est-ce qu'y t'a pris de piquer ton poids sur la Nationale 79 ? Pauvre con ! »
3 COMMENTAIRES
cglaume le 03/05/2015 à 10:44:09
Margoth, débourbeuse de recoins saumâtres de discographie :P
Crom-Cruach le 03/05/2015 à 11:40:26
M'en vais le réécouter car ma mémoire me fait défaut...
Eric D-Toorop le 05/05/2015 à 07:59:56
Entombed goes grunge ^^
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