Envy - Atheist's cornea

Chronique CD album (43:00)

chronique Envy - Atheist's cornea

"La musique est un langage universel".
N'y a-t-il pas plus cliché comme affirmation ? En même temps, n'y a-t-il pas affirmation plus vraie ?

Je ne comprends pas un mot de japonais et pourtant Envy m'en a appris bien plus sur le poids de la société nipppone que ne l'aurait fait n'importe quel livre de sociologie sur l'extrême orient.
Envy me parle, me touche. Envy m'a aussi sérieusement ennuyé. Ces dernières années, chaque titre faisait craindre un morceau gonflé en mélatonine. Leur verveine musicale venait après des années de cris venus du coeur et d'instruments aux sonorités plus curatives qu'une thérapie chez un psy.

Alors voilà. Plus de 20 ans qu'Envy joue, parle, évacue cette pression sur ses épaules et nous libère de la notre par la même occasion. Et ils y parviennent encore, 20 ans après, avec "Atheist's cornea".

 

Son leader à casquette a la voix plus grave, plus usée, mais capable d'être aussi vive qu'antan. Les mots (peut-être), le ton (clairement) : tout est là pour partager cette douleur que l'on suppose, que l'on comprend, que l'on partage sans en connaître le contenu.

Envy n'est pas le leader d'une scène screamo pour rien : c'est dans le hurlement que tout passe, comme il est toujours passé. Cela faisait longtemps qu'il ne nous touchait plus en plein coeur aussi violemment. Plus de longues séquences de spoken words (hormis sur le titre "Atheist's cornea"), mais des parties chantées avec clarté, précision, finesse, fébrilité.
Le chant ne revient pas complètement aux origines : il mêle astucieusement le scream du passé dans lequel il excellait pour y associer un peu de douceur. Les lignes font toutes mouches, les mots nous traversent, mais ils ne seraient rien, ou alors bien peu, si l'orchestre ne s'était pas magnifié pour ce LP.

Car c'est sans doute là qu'Envy a trouvé les ressources pour sortir un album qui peut atteindre une marche de son podium discographique.


Ce Envy 2015 est inspiré, mais aussi mis en valeur par une production intelligente : propre et moderne, elle met l'accent sur la batterie qui mène à bout de bras ces 40 et quelques minutes.
On pourrait n'entendre qu'elle, chaque frappe est aussi parlante qu'une série de cris, ou qu'une suite de riffs. Tantôt rapide, tantôt violente, explosive, elle donne le tempo mais fait de ses crescendi des poussées d'adrénaline. Ses cymbales peuvent jouer avec nos nerfs lacrymaux, et c'est sur "Footsteps in the distance" qu'elle se met le plus en valeur.
Loin d'être un simple outil de base pour la construction des morceaux, cette batterie est le coeur, le poumon, le cerveau de cet album.

Côté guitare on retrouve les classiques arpèges chialants, les riffs déchirants...pour un résultat inspiré.
On retrouve aussi le groupe consciencieux lorsqu'il fait dans la "simplicité" (en allant piocher leur son d'antan) mais lorsqu'il agrémente ses morceaux d'ornements musicaux.
C'est ainsi que "Shining finger" avec ses violons et son clavier devient le morceau le moins naturel, le plus surfait avec des sentiments en mousse...mais n'en demeure pas moins bon dans sa réalisation.

Dans ce LP, après un démarrage en trombe, on pouvait craindre une sévère déception avec "Shining finger" puis "Ticking time and string", un peu en deçà, plus lents, moins explosifs, mais ils vont se marier à merveille avec un album qui sait rebondir et nous mener facilement jusqu'au dernier morceau.

 

En ayant fait le choix d'une durée "classique" de 43 minutes, Envy est sorti de sa période post-rock soporifique pour mêler le passé screamo avec un présent plus concis (à l'image de la 2nde piste). Les japonais ne s'attardent pas, vont droit au but mais ne se précipitent pas pour autant. Ils parlent en ayant parfaitement conscience du chemin qu'ils empruntent tout en nous parlant, nous touchant.
Il était difficile d'imaginer qu'Envy nous reviendrait en grande forme...mais il est allé bien au-delà de toutes nos espérances.

 

photo de Tookie
le 20/07/2015

5 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 20/07/2015 à 09:17:54

Le retour au top de ENVY, un des albums de l'année pour ma part.
Prestation magique au Hellfest cette année.

JoZzef`

JoZzef` le 31/07/2015 à 11:45:45

ptin..je les ai loupé, la tristesse... et je t'ai loupé aussi pidji ;)

pidji

pidji le 31/07/2015 à 11:58:48

Roooh t'y étais Jozzef ? Tssss et le téléphone ? ^^

JoZzef`

JoZzef` le 31/07/2015 à 15:15:52

mui..j'y suis toujours à clisson.. mais je descends sans téléphone, trop risqué ;)

Rafff

Rafff le 27/01/2020 à 22:17:29

Toujours aussi bon !

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