Exocrine - The Hybrid Suns

Chronique CD album (34:54)

chronique Exocrine - The Hybrid Suns

Alors autant, quand les constructeurs automobiles et le gouvernement nous tirent l’oreille pour qu’on passe à l’hybride – voire au tout électrique – on renâcle (d’autant qu’on sait pertinemment que le bilan écologique de ces suceuses de jus de centrale est dans la moins pire des estimations un poil meilleur que celui de la tuture à énergie fossile, dans le pire des cas juste un moyen autrement polluant de remettre sur pied une industrie exsangue), autant quand c’est Exocrine qui nous somme de passer aux soleils hybrides et d’augmenter notre consommation de guitare électrique, on opine immédiatement du chef. Comme le chien-chien sur la plage arrière de la 205 junior, voilà, c’est ça.

 

Parce qu’on avait gardé des paillettes plein les mirettes suite à la trilogie dantesque Ascension / Molten Giant / Maelstrom, les Bordelais n’ayant pas leur pareil pour faire surgir d’aristocratiques gerbes mélodiques de leur Death aussi brutal que technique. Mais vu que la cuvée 2020 avait commencé à semer du chant féminin et de la trompette dans les terres musicales labourées par le groupe depuis quasiment 10 ans, on ne savait pas trop si le cinquième album ne finirait pas par franchir carrément le pas pour proposer un Death progressif plus décomplexé, voire carrément une mixture expérimentale tentant de rivaliser avec l’audace du Timewave Zero de Blood Incantation.

 

… Sauf qu’en fait non. Et j’avoue que la partie la plus frileuse de mon Moi intérieur s’en félicite, la formule proposée par Paul, Isaac & leurs amis n’ayant jusqu’ici été source que de ravissement et autres gémissements extatiques.

 

The Hybrid Suns, donc. Une fois de plus chez Unique Leader. Une fois de plus pourvoyeur de grosses branlées sauvages aussi sévèrement blastées que violemment administrées. Une fois de plus générateur de monstrueuses tendinites et autres luxations des phalanges chez ceux qui tenteraient de suivre la cadence. Ce n’est clairement pas demain la veille que les Français iront danser, des bracelets de chanvre et de coquillages accrochés aux chevilles, autour du feu de camp hippie où les Américains de Cynic trouvent l’inspiration !

 

Et si l’on redescendait un peu plus près du plancher des vaches, histoire de juger ce 5e album par rapport à ses prédécesseurs ? On remarquera que le morceau à chant féminin (« Dying Light »), les boucles électroïdes et les incartades jazzy sont toujours de la partie, mais pas la trompette – le groupe reste audacieux et exigeant, mais ne ressent plus le besoin de pousser le bouchon aussi loin dans les excès de sophistication alambiquée. Les structures des morceaux sont toujours lisibles bien que plutôt complexes, la masse d’information n’empêchant toujours pas l’apparition régulière de délicieuses accroches (écoutez « Dying Light », « The Hybrid Suns » et « Vortex of Shadow » pour profiter du podium en la matière). Le groupe continue d’évoluer dans un genre qui fait le grand écart entre l’offensivité massive d’un Archspire, l’exigence technico-mélodique d’un Gorod, et l’abord grandiloquent d’un Nile, le groupe s'autorisant toutefois des incartades de-ci, mais aussi de-là, selon l'inspiration du moment – dans des plans plus jazzy (on l’a déjà dit, ok ok), plus Thrash (sur « Burning Sand » par exemple), plus Deathcore (ça gruîîke et mosh-partise régulièrement, comme vers 3:03 sur « Blast », qui prend aussi de faux airs de IWABO), plus acoustiques (au début de « Burning Sand ») ou plus synthético-orchestraux (au bout du premier tiers de « Vortex of Shadow »).

 

Alors pour des raisons purement personnelles d’atomes pas toujours crochus, les morceaux de ce nouvel album me retournent avec une intensité un poil plus faible que ceux des deux précédents opus, d’où une très relative baisse de la notation. Mais je ne serais pas étonné que cette impression soit amenée à être réévaluée dans l’avenir, tant on sent que ces 9 titres exsudent l’intelligence et la dextérité. Alors nul besoin que je vous exhorte plus avant à essayer et adopter ces Soleils Hybrides : cette chronique hurle déjà ce message à chacune de ses lignes. Et puis vous serez arrivés à ce constat par vous-mêmes en écoutant les morceaux accessibles via le player situé quelques clics plus haut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: distribuant des torgnoles massives à la Archspire, des caresses mélodico-affolantes à la Gorod, et des atmosphères épico-grisantes à la Nile (sans les momies ni les dattes), Exocrine a conçu son 5e album comme un château-fort moderne : massif, imprenable, conçu par de brillants architectes et décorés par les meilleurs designers d’intérieur, il finit d’imposer les Bordelais comme des incontournables du Brutal Death technique.

photo de Cglaume
le 29/08/2022

4 COMMENTAIRES

noideaforid

noideaforid le 29/08/2022 à 13:39:14

Ça m'a l'air bien intéressant tout ça ! Histoire de me mettre à niveau, le premier album vaut le coup? 

cglaume

cglaume le 29/08/2022 à 13:43:17

Je dois humblement avouer ne pas connaître “ Unreal Existence”, le tout premier

Dams

Dams le 29/08/2022 à 15:04:23

Perso, Molten Giant est mon favori, je vais néanmoins attentivement écouter ce dernier effort.

fedaykyn

fedaykyn le 30/08/2022 à 13:10:36

Cette pochette ! Je ne connaissais pas mais j'adore Gorod et ça m'a donné envie d'écouter. Très bon groupe et j'ai préco le vinyle direct.

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