Five Alarm Funk - Big Smoke

Chronique CD album (42:50)

chronique Five Alarm Funk - Big Smoke

RHAAAA LOVELY BORDEEEEEEEEEEEEEELLL !

 

Là, c’est dit : ça va mieux. Oui, ok, désolé pour les projections… Mais soyez compréhensifs : parce que quand même, Big Smoke c’est

  • Merinos, Benco et Zest Citron réunis pour vous réveiller le matin au top du meilleur de ce que vous avez dans le bide
  • du soleil, du rhum, des colibris et des papillons qui volettent devant les manguiers
  • un orgasme qui dure 42 putain de minutes à t’en transformer les bourses en un petit tas de poudre de bonbons lyophilisés (Mesdames, je vous laisse transposer)
  • une drogue euphorisante boostant à ce point les sensations positives qu’on affronte l’overdose le sourire crânement planté en travers de la trogne
  • un torrent de bonheur dans une actualité mondiale aussi joyeuse qu’un meeting de soutiens d’Eric Ciotti au fond d’un vieux hangar à Laval

Vu sous cet angle, vous conviendrez que le cri primal qui ouvre cette chronique n’est pas si disproportionné que cela…

 

C’est tardivement – nom de nom l’album date de juin 2020 ! – que votre interlocuteur a été percuté par Big Smoke. Et quel choc les copains ! Joyeusement hyperactif, la banane jamais en berne, et fort d’une rythmique survoltée plus typée Rock 2000s que boite à rythmes des 80s, cet album a empaqueté sous le feu de camp lunaire de sa pochette une bombe de bonne humeur tellement explosive qu’elle pourrait redonner l’espoir à un éleveur de porcs dépressif exilé à Méa Shéarim.

 

Des explosifs, des substances euphorisantes : ça mérite une enquête…

 

Le collectif canadien répondant au nom de Five Alarm Funk – qui a été nominé 2 fois aux JUNOs (les Grammy canadiens), et dont la renommée scénique est grande outre-Atlantique – mêle dans un bordel parfaitement organisé joie de vivre Funk, énergie Rock, trépidations Ska, saveurs tropicales… et plus, car affinités. Ces énergumènes prétendent jouer du « Punk Funk », mais je trouve l’appellation bien réductrice, même si elle traduit assez bien la puissance et les good vibes dégagées. Au passage il est assez compliqué de savoir qui doit être inclus dans cette entité, car les infos ne sont pas si nombreuses que ça sur le web, et en dehors de Tayo Branston – batteur / chanteur / fondateur, un peu comme Mike Browning de Nocturnus, voilà – les effectifs semblent être à dimensions variables. En dehors du line-up Rock à deux guitares somme toute assez classique, on compte dans cette troupe de joyeux lurons des saxophonistes, des trompettistes, ainsi que des percussionnistes. Plus, pour ce 7e album, des guests de luxe : Leo Pellegrino de Too Many Zooz (j’avoue, là, je sèche…) et surtout Monsieur Mighty Bootsy Collins ! Et c’est en mode tantôt instrumental, tantôt loufoquement bavard, que ce grand orchestre splendide nous invite à oublier la hausse du cours des matières premières et la 666e vague du Gros-vide pour convertir tous les liquides alcoolisés récemment engloutis en bonne vieille sueur johntravoltesque.

 

Mais tentons d’expliquer, à l’aide d’exemples qu’on espère parlants, pourquoi il vous faut ABSOLUMENT écouter Big Smoke. Ce qui devrait être facile, vu que l’album regorge de tubes. Après des présentations qui rappellent le début de The Soundtrack To The Innermost Galaxy (le dernier 24-7 Spyz), « Awooga » est une première déflagration festive qui file la patate, pétille d’un feu vif, et laisse paraître en filigrane un visage légèrement tribal – du fait d’un refrain « ethnique » et de l’utilisation de percus pleines d’un brûlant soleil. On continue la série des morceaux envoyant d’amicaux coups de pied au derche avec « Wake The Funk Up », une fête du Funk qui ne tient pas en place et est animée par un cousin germain de l’« infectious » Sarsippius. La prochaine Grosse claque imparable s’intitule « We Play The Funk » et n’est autre qu’une version « re-pimpée » de « Capital City », un titre de l’album précédent revisité – transfiguré même – en compagnie de Bootsy Collins. Si l’une de vos connaissances veut savoir ce que veut dire « avoir du swag », passez-lui ces 4 minutes définitives qui puent le sexe et la classe avec un grand Cul, et vous verrez son faciès soudainement éclairé par la lumière du savoir. Et on inclura encore dans cette série « Wheels on the Bus », hymne combative d’une brigade de brillants bagarreurs qui déboulent en bus pour foutre le bronx dans la casbah.

 

Mais le phénomène Five Alarm Funk sait également se montrer plus profond, plus sensible, plus évocateur. Ainsi « Mufasa » nous emmène jogger dans une savane regorgeant de vie. Le morceau-titre nous fait vivre une course-poursuite Ska joyeuse et haletante. « Chango Vudu » est un Reggae sentimental et positif qui sourit au monde tout en peinant à masquer une grosse boule mélancolique pressant contre son sternum. « Chaos is a Ladder », merveille hors du temps qui a complètement tourneboulé votre interlocuteur, monte très légèrement le niveau de metallosité pour nous prouver que d’autres musiques sont possibles, ceci en mêlant le génie d’un Diablo Swing Orchestra instrumental à la dégaine frondeuse du « Cœur de Loup » de Philippe Lafontaine (putain la référence !). « Put Some Mustard on It » vide des godets dans une boîte Jazz&Blues enfumée sur la scène de laquelle, ce soir, Carlos Santana joue. Quant à « Thumper », il pose d’amples leads pleins d’écho sur une rythmique pressée effectuant d’incessants va-et-vient…

 

L’auditeur va donc de sources d’émerveillement en injonctions à se trémousser au cours de ces trois petits quarts d’heure passés à visiter cette fabuleuse planète…

 

Alors c’est vrai qu’étant depuis toujours un monomaniaque des musiques qui rugissent de la guitare et tabassent de la batterie, ma culture Funk est encore embryonnaire. Ceci étant dit – les thésards bossant sur George Clinton ou James Brown peuvent se gausser maintenant, cet espace leur est réservé – avec ce 7e album (mais aussi les précédents que je découvre peu à peu et dont on recausera), Five Alarm Funk rejoint mon panthéon personnel des dieux modernes des musiques Funk-et-assimilées, aux côtés de Vulfpeck, Ole Børud, Dirty Loops et Louis Cole.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Big Smoke est une formidable vague d’énergie pétillante mêlant joie de vivre Funk, charpente Rock, trépidations Ska et soleil des tropiques avec un talent immense qui n’a d’égal que sa force d’impact. C’est ce genre de disque-hymne à la vie qui transforme les petits matins maussades en invitations au voyage et prouve que, contrairement aux dires des blasés, tous les classiques n’ont pas encore été écrits.

photo de Cglaume
le 11/12/2021

3 COMMENTAIRES

lapaju

lapaju le 11/12/2021 à 20:21:50

Très bon groupe. Jamais vu sur scène mais je pense que ça doit démonter sévèrement.
Par contre Vulpfeck ça commence à tourner un peu en rond sur album.

lapaju

lapaju le 11/12/2021 à 20:35:45

Penche toi sur Snarky Puppy, Electro Deluxe (période Hopeful), Lafayette Afro Rock Band, The Meters (du funk qui râcle)

cglaume

cglaume le 11/12/2021 à 23:10:53

Merci pour les conseils ! Sur ma playlist Funk perso j'ai déjà "Do your thang" de Électro Deluxe et "Atchafalaya" des Snarkies :) J'aime beaucoup ! Je vais essayer tes deux autres groupes...

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