Five Alarm Funk - Voodoo Hairdoo

Chronique CD album (48:45)

chronique Five Alarm Funk - Voodoo Hairdoo

Suite logique de notre exploration à rebrousse-poil de la discographie de Five Alarm Funk, l'escale d'aujourd'hui nous conduit jusqu'à la paillote Voodoo Hairdoo, deuxième album des Canadiens, sorti en 2008. Et l'on commencera cette étape par un avertissement, histoire de vous rappeler que dans les soirées BDSM, sous l'habit du moine se cache souvent des spécimens non validés par le Valican (bref: l'habit ne fait pas...). En effet, la version tribale de la Fièvre du Samedi Soir servant ici de pochette pourrait vous orienter sur des sentiers que vous n'aurez que peu l'occasion de fouler au cours de ces dix pistes. Non, le groupe ne propose pas véritablement 48 minutes de Disco haïtienne. Son champ d'action reste celui où vous l'aviez déjà croisé par le passé. Autrement dit, il pratique toujours ce Funk vif et généreux, qui s'offre parfois des détours par le Rock, la Soul, le Reggae, voire le Jazz lounge cuivré, mais qui ne s'aventure que rarement dans les Caraïbes. Et il ne vous jettera a priori aucun mauvais sort. Alors certes, sur « Cuban Ballers », il nous invite à descendre quelques verres de rhum à La Havane... Mais le résultat est plus proche d'une version vitaminée du Buena Vista Social Club que des rituels magiques organisés dans les banlieues craignos de Port-au-Prince. Il est vrai, par ailleurs, que des percus s'agitent régulièrement en périphérie proche de la batterie. Mais cela ne va jamais bien loin : tout au plus aurez-vous l'impression de faire un détour par le « Black Magic Woman » de Carlos Santana vers la fin du morceau-titre...

 

Au final, donc, rien de révolutionnaire. Voodoo Hairdoo "se contente" de nous offrir une nouvelle tranche de ce que ces zigotos géniaux savent faire de mieux : une musique pétillante, aux cuivres juvaminés, à la guitare qui ne s'est jamais remise du générique de Magnum, à la basse réconfortante, et aux parties chantées rares, mais joyeusement canailles. Ce qui va différencier cet opus de ses successeurs – et lui valoir un bulletin scolaire moins brillant que ceux des trimestres suivants – c'est un déséquilibre certain entre une (petite) première moitié au top de la vivacité fébrile, et une grosse face B plus coulante, certes joyeuse, mais plus pétard que dynamite, plus coussins que trampoline.

 

Commençons par les matières dans lesquelles Five Alarm Funk a obtenu les meilleures notes, toutes regroupées sur les quatre premières pistes... Enfin surtout sur trois d'entre elles, « Rock In » – jumelle de l'outro « Rock Out » – n'étant qu'une mise en bouche introductive. « The best of Voodoo Hairdoo », donc, est constitué tout d'abord de « Waterboat », étalage opulent d'un Funk cuivré trépident, parfois même carrément sur la brèche (notamment pendant l'intervention de Tayo, le batteur-chanteur, derrière le micro), qui n'a pour seul travers que le fait de laisser un peu trop systématiquement chacun des musiciens se fendre de son petit solo perso'. Cette aventure de presque sept minutes est immédiatement suivie de mon petit préféré, « Keeps Me Up at Night », dont le trip Funk&Soul fiévreux est boosté par un duo de cordes vocales mixte particulièrement enflammé. Et le tiercé gagnant de se prolonger sur un morceau-titre proposant une virée dans un beau petit bolide rétro, hilare et rutilant, qui va titiller Santana sur son terrain tout en restant bien plus vif et pêchu.

 

Notez que la suite n'est pas mauvaise, mais les décharges éventuelles qu'elle vous enverra dans les guibolles et la moelle épinière sont d'une intensité moindre.

 

« Ned's Night Out », par exemple, a parfois les paupières un peu lourdes au cours de la sympathique virée nocturne qu'il propose. Ceci est particulièrement sensible lors de cet accès Ragga indolent, à mi-parcours, où l'on décolle un bon moment au-dessus de l'asphalte. Et l'aventure Space Reggae / Dub de continuer avec plus d'évidence encore sur le très cool « The Night Time is the Right Time », qui navigue lui aussi élégamment en terres Soul et Ska. Pour tout dire, pour peu qu'on apprécie les ambiances très « chill » et pas seulement les cuivres marsupilamis, ces deux titres s'avèrent franchement bonnards. C'est plutôt par la suite qu'on commence à décrocher un peu. Sur un « Gorilla » qui nous ballade dans la jungle, mais à l'occasion d'une expédition tout confort, un peu trop moelleuse, un peu trop safe. « Cuban Ballers » est idéal lors de vacances sous les palmiers, mais un peu décalé pour celui qui – rappelons-le – s'est mis en tête de faire un papier pour les lecteurs de CoreAndCo. Quand a « Weather Forecast », c'est ce genre de grande aventure sans danger comme on peut en vivre devant La Croisère s'Amuse, les vieilles séries policières se déroulant sous les palmiers floridiens, les films de Belmondo, voire les émissions de Drucker... Pas franchement vilain, mais carrément trop pépère !

 

Rien de bien méchant en somme. Mais ce petit déséquilibre – qui aurait été moins sensible en alternant titres « pois sauteurs » et pistes « endives vapeur » – se répercute sur l'impression finale que nous laisse l'album. Et donc, forcément, sur la note. Pour nuancer la teinte pâlotte de cette conclusion, notez quand même que cela n'a pas empêché « Keeps Me Up at Night » de rejoindre le club très privé de ma playlist label rouge « Lapin Funk ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : on a beau remonter aux débuts de la discographie de Five Alarm Funk, on peine à y trouver autre chose qu'un Funk pétillant, aux cuivres juvaminés, à la guitare coquine, et à l'énergie débordante. Pour Voodoo Hairdoo, deuxième album des Canadiens, on nuancera cependant juste un brin ce propos uniformément enthousiaste du fait d'une face B plus indolente, et parfois un poil trop paisible.

photo de Cglaume
le 25/01/2025

3 COMMENTAIRES

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 28/01/2025 à 12:00:53

Oh toi alors pour les soirées BDSM tu s'rais surpris mon lapin...

cglaume

cglaume le 28/01/2025 à 16:22:16

Dans celles que j'organise, pas de goupillon 😁

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 28/01/2025 à 16:54:46

'Serais surpris de constater l'étendue du gouffre qui sépare nos p'tites sauteries tiens x)

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