Five Alarm Funk - Rock The Sky
Chronique CD album (42:39)

- Style
Funk Rock joyeusement cuivré - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
11 mai 2012 - écouter via bandcamp
Il y a des fils rouges, comme ça, qui vous collent la banane. Et non non, n’étant pas un vampire fan d’infusion, je ne suis nullement en train d’évoquer malicieusement les ficelles qui permettent à ces dames d’extraire l’assurance anti-fuite arrivée à échéance pour la remplacer par un nouveau bouchon de ce bon Dr Tampax. Le fil rouge en question, c’est cette entreprise dans laquelle je me suis lancé dernièrement consistant à explorer à reculons la discographie de Five Alarm Funk. Après Big Smoke, Sweat et ABANDONEARTH, nous voici à présent rendu en 2012, époque où sortait Rock the Sky, le 4e album des Canadiens. Et c’est à nouveau avec un large sourire Ultra Brite©, le pied qui marque la cadence et la caresse ininterrompue d’une douce brise cuivrée que j’aborde l'écriture du présent papier, la jouissance auriculaire vécue pendant ces 42 minutes n’ayant d’égale que le plaisir pris à vous parler de cette délicieuse expérience.
Premier constat : au cours de ces 11 dernières années, les Vancouverois n’ont manifestement jamais ressenti le besoin de changer la donne musicale. Que Jean-Luc Delarue crève ou que Poutine arrose Kiev, nul impact sur ces joyeux énergumènes qui continuent de pratiquer un [Funk musclé / un Rock puissamment funky] où la guitare titille, la basse gratouille, et une armée de cuivres inonde l’auditeur de soleil tropical, de cocktails colorés et d’une bonne humeur hypervitaminée. Parmi les invariants FAFiens, on citera l’équilibre existant entre pistes purement instrumentales et morceaux bénéficiant d’un chant gouailleur tout droit sorti de la gorge du petit-frère d’Huggy les Bons Tuyaux. Ainsi que cette habitude consistant à placer certaines pistes sous le signe du Guide du Routard. À ce titre, cette fois c'est « Pyramid » qui se verra décerner le Globe-Trotter Award : en effet celui-ci démarre sur un mariage [mélancolie mariachi / déhanché lambada], puis va faire un tour par la case Klezmer, sort les percus et un soupçon de Ska, avant de finir sur quelques petites secondes en compagnie de desperados portant ponchos et éperons… De quoi épuiser un Phileas Fogg, foi de lapin !
Pas de surprise : Rock The Sky s’avère lui aussi être une longue séance de kiff, le summum du premium étant atteint sur trois pics plus escarpés que leurs voisins. On parle en l’occurrence de « Wash Your Face », cette piste introductive débordant d’énergie communicative et combinant chant de marlou charismatique, rythmique impatiente, palmiers floridiens et saxo crooneur. Puis de « The Critic », qui taille un costard aux petits malins qui se la jouent Dieu-le-Père en distribuant bons et mauvais points aux artistes, bien planqués derrière leur clavier (… des lapins qui ont mal tourné !) : ce morceau suinte un Funk canaille, désinvolte et contagieux, insolent et revanchard, qui met les gonades en émoi. Dernier des mousquetaires de 2012, « Pulp » irradie une assurance à la fois légèrement psyché et carrément rigolarde, avant d’ouvrir les vannes d’excès über funky, la pédale de disto’ de la guitare partant dangereusement dans le rouge tandis que la trompette s’en va dénicher les derniers récalcitrants jusque dans les chiottes.
Alors c’est vrai, la note clignotant là-haut est un peu moins reluisante que ce à quoi les albums suivants nous ont habitués. Si ces choses-là ne s’expliquent en général pas – car entre un 8 et un 9, il s’agit avant tout de feeling –, en cherchant un peu il y a peut-être un point pouvant expliquer pourquoi le « YOUPI ! » des trois derniers albums n’est ici qu’un simple « youpi ! ». C’est qu’un certain nombre de morceaux – notamment « Mastodon » et « Monolith », dans la queue du peloton – adoptent une approche plus Jazz que Pop en cela que, au lieu de proposer des compos fortement structurées, avec couplets, refrains, breaks & co, ils ont plutôt tendance à décliner un thème mélodique le long d’un long « jam » lors duquel seules des variations légères, des solos et autres pitreries virtuoses apportent du grain à moudre. D’ailleurs sur « Mastodon », entre ces passages de relais lead et cet occasionnel orgue un peu guindé, on pourrait presque se croire chez les Snarky Puppy. Alors c'est sûr, la chose est éminemment sensuelle et excitante... Mais ce côté « impro’ géniale » n’a pas l’impact terrassant des tubes les plus brillamment frontaux.
Fin de la petite analyse à 2 euros.
Rock The Sky est donc une carte de plus à garder dans la manche pour pimper vos playlists « soirée cools mais sans Canniboule », quand Madame invite ses copines, que les voisins débarquent avec une bonne bouteille, où que le mélange mojito / hormones annonce une troisième mi-temps pleine de passion et de fluides vitaux... C’est une invitation à se secouer les puces, à se décontracter l’anus et à redevenir Homo Funkibus. Il est donc grand temps que vous chopiez vous aussi le virus !
La chronique, version courte : « Jamais déçu avec Five Alarm Funk » … OK, côté rime, ce slogan craint. En revanche le message qu’il porte semble de plus en plus pertinent au fur et à mesure que l’on farfouille dans le back catalogue des Canadiens. Car leur mélange de Rock funky, de cuivres enthousiastes et de météo tropicale reste le traitement le plus puissant connu de nos oreilles pour échapper à la morosité ambiante... Et ce sans que votre Tatie risque un infarctus ou des acouphènes, contrairement à ce que CoreAndCo vous conseille habituellement.
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