Five Alarm Funk - Sweat
Chronique CD album (1:00:42)

- Style
Funk + Rock + Soleil = bonheur - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
3 mars 2017 - écouter via bandcamp
Ça n’est pas si fréquent, mais qu’est-ce que c’est agréable ! Quand, tout juste quelques semaines après avoir découvert un album, vous avez déjà l’impression que c’est un vieux pote, que vous le connaissez depuis toujours, qu'il est ce genre d’épaule musicale sur laquelle vous pouvez vous reposer en toute confiance en cas de coup dur. Eh bien avec Sweat on est en plein dans ce genre de sensation rare. D’ailleurs si l’amitié vraie devait avoir une incarnation sonore (l’image est peu judicieuse éthymologiquement parlant, mais bon…), ce serait sans nul doute ce mélange joyeux de Rock musclé et de Funk cuivré.
... Mais commençons, si vous le voulez bien, par faire un pas en arrière.
Car si l’on transpire aujourd’hui sur un album de 2017 (… alors que Pidji, le boss en ces lieux, préférerait qu’on se cantonne aux nouveautés, ou aux véritables vieilleries susceptibles d'animer les dimanches CoreAndRétro), c’est à cause de la découverte, il n’y a pas si longtemps que ça, de Big Smoke, le tout dernier Five Alarm Funk. Celui-ci nous avait filé une telle claque (9,75/10, quand même) qu’il n’était décemment pas imaginable de faire comme si les Canadiens n’avaient pas composé 6 albums avant celui-ci. Alors pour amorcer ce périple back in time tout en évitant un choc trop violent – sait-on jamais de quoi les débuts d’un groupe peuvent être faits – il nous sembla judicieux d’aller jeter une oreille sur son voisin direct sur l’axe des temps. D’où, donc, Sweat.
S’ensuivirent sourcils en accent circonflexe, sourires conquis, épaules qui ondulent, cervicales qui approuvent, pieds qui martyrisent métronomiquement le plancher, jusqu’à une chorégraphie de Billie Jean esquissée maladroitement entre le salon et la cuisine. Car Sweat est fait du même excellent bois que son petit frère, énergique, profond et funky, le lien de parenté le plus évident entre les deux étant ce « Capital City » à la dégaine d’irrésistible marlou qui se retrouvera revisité – le titre, pas le marlou – en compagnie de Bootsy Collins sur la cuvée 2020. Mais au-delà de ce titre croustillant on retrouve sur les deux galettes la même envie manifeste de faire la teuf, les mêmes occasionnels accents mariachi, Reggae, ou rétro, les mêmes percus, les mêmes rayons de soleil, et le même enthousiasme débordant.
Sur « Widowmaker » (surtout) et « Iceberg » (aussi) on retrouve cette impression de voir défiler un générique de série américaine lors duquel des flics au teint cuivré coursent des malfrats en décapotable sur des routes bordées de palmiers. Plus loin on nous propose de sauter à bord du train de marchandise « Freight Train » pour constater à quel point le défilement saccadé des rails – Tchouga! Tchouga! – peut servir de base à un sommet de Funk à l’ancienne. Puis on lézardera un temps dans le désert mexicain de « Sweat », à onduler du boule tel un crotale à lunettes de soleil extravagantes. On préparera un périple héroïque depuis les hauteurs jamaïcaines de « Ill Wind ». On mélangera coolitude ensoleillée à la Santana, tressautements Ragga mais aussi cuivres occasionnellement Klezmer sur « 10000 Scarabs ». On fera évidemment une foire de tous les diables, poussés par la frénésie gouailleuse de « Power of Funk », mais aussi par les trépidations impératives de « DDPP » – Dance Dance Party Party ! Et on réservera le plus fort de notre exaltation à deux cantiques livrés par les dieux du Funk en personne… « Humans », dont les merveilleux hoquets cuivrés renvoient au « Shut » de Mordred, et dont le slogan – « Live. Love. Learn… To-be-Human ! » – pourrait ramener dans le droit chemin toute une jeunesse lobotomisée par les réseaux sociaux. Et puis « Gods (May The Fuk Be With You) », morceau dont la première moitié est consacrée à un Funk de rue qui ferait passer le « Uptown Funk » de Bruno Mars pour du Fado de lendemain de cuite, et dont la deuxième moitié (à 3:17… Attention, 3… 2… 1…) réussit à passer encore une vitesse supérieure (mais comment font-ils ?) pour adopter une attitude frondeuse, séductrice et pleine de rondeurs offensives, donnant à l’auditeur l’impression d’être pris au piège par un gang de Jessica Rabbit formées à la guérilla urbaine… Rhaaa Lovely !!!!
Conclusion ? Si vos oreilles n’ont jamais croisé la route de Sweat, vous ne le savez pas mais votre vie est bien plus triste que ce qu’elle pourrait être. Alors ne restez pas là à croire que tout va bien quand intérieurement, croyez moi, vous avez de cruels manques à combler…
La chronique, version courte: prédécesseur logique de Big Smoke, (oui, on a attrapé la discographie de Five Alarm Funk par la fin), Sweat est l’équivalent musical d’une heure de bonheur pur passée entre potes et créatures de rêve dans ce genre de paradis terrestre entrevu le temps du film The Beach. Les guitares poussent à l’action, les cuivres fournissent les lunettes de soleil, la basse glisse de l’aphrodisiaque dans les verres : ne vous étonnez pas si vous finissez l’album à moitié à poil dans un bungalow inconnu en bord de mer !
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