Flagman - Tastes Incredible

Chronique CD album (25:04)

chronique Flagman - Tastes Incredible

I’m a FLAG-MAN !!

Ba-da-ba-da-ba-be bop-bop-bodda-bope

Bop-ba-bodda-bope Be-bop-ba-bodda-bope…

 

Désolé je sais : je n’aurais pas dû. Car si d’aventure votre cerveau est comme le mien – un aimant à bouses – vous allez vous retrouver avec cette salo**** scotchée au ciboulot comme un vieux chewing-gum à la semelle…

En même temps, c’est assez raccord avec l’esprit des sales garnements trublionnant sous le patronyme de Flagman. Pas que ceux-ci pratiquent le Nawak Metal au sens premier du terme, non : ils se « contentent » de s’adonner à une Fusion Funk Metal particulièrement agitée du bocal, un peu comme celle que l’on obtiendrait en mélangeant la basse joyeusement autiste de Primus aux élucubrations zébulonnesques de System of a Down. Sans oublier d’y ajouter la grosse veine bleue menaçante qui pulse sur les tempes de Mike Patton quand il s’époumone sur les compos les plus camisole-de-force de Mr. Bungle ou d’Irony is a Dead Scene

 

L’Homme-au-Drapeau, donc, qu'il s'appelle… Oui, mais encore ? Il était en tête d’une délégation aux J.O. de Paris ? A priori non. Et en y regardant de plus près, il semble que cet homme soit en fait un trio (… c’est pas Legion, ni une bande-de-jeunes-à-lui-tout-seul, mais c’est déjà pas mal) : Sam Stewart à la basse et au chant, Grant Freeman à la batterie, plus Cody Singleton, parce qu’il faut bien une guitare, quand même ! Ce trio barjot d’Orlando (en Ride-Flo) n’en est pas à son premier rot. C’est qu’avant Tastes Incredible, il avait déjà commis deux albums, en 2019 et 2022 (certains sites – pas le leur – mentionnent même un Gibberish, en 2018). Pour être complètement transparent, j’avoue avoir déjà jeté une oreille à certains de ceux-ci… Et n’avoir pas été super emballé. Because trop dans la vibe absurdo-répétitive qui me rebute chez Les Claypool & co (… personne n’est parfait !). Trop hystéro-anti-Pop. Trop hérissé de piquants et prompt à refiler des échardes.

 

... Oui eh bien c’est comme ça : je suis douillet, et je vous emmerde. Dans le respect strict des Conventions de Genève, toutefois. Parce qu'on sait vivre, chez CoreAndCo.

 

Mais ce nouvel opus – qui débarque au terme d’un long semestre sans nulle nouveauté Funk Metal en dehors du Freak Dreams de Slope – je ne pouvais me permettre le luxe de l’ignorer. Et grand bien m’en a pris. Car si les loustics refusent toujours à leurs auditeurs le droit à une certaine quiétude nerveuse, leur rondelette nouvelle création recèle tout de même de bien beaux jambonneaux.

 

Parmi les compos qui vous feront peut-être regretter d’avoir tenté l’aventure figurent quelques notables exemplaires de manque d’hospitalité musicale. Comme « Champagne & Roses », aux épines saillantes, à la tension quasi-dillingerienne, et à l’équilibre plus ou moins précaire. Comme « Hollow », morceau bien cool en vérité, mais qui ne vous laisse jamais vous reposer, qui s’excite comme un Psykup dont les fils se toucheraient, et qui ne s’autorise jamais l’éclosion d'un beau refrain épanouissant. Mais le pire reste encore le conclusif « Dinner », sorte de chien de faïence regardant droit dans les yeux le « Everyone I Went to High School with Is Dead » de Mr. Bungle, avec le même regard sadique, la même absence de pitié, la même amusicalité bruitiste.

 

Heureusement Tastes Incredible ne se résume pas à ces trois titres, sans quoi je me serais déjà essuyé les pieds dessus (… quoique non : je vous ai dit qu’« Hollow » était quand même bien sympa ou pas ?). On y trouve toutes sortes de petits délices bigarrés, un peu comme dans une boîte de Quality Street. Tiens, cette basse saillante qui nous accueille sur « Hot Off The Log », on a envie de l’embrasser goulument sur la bouche. Ainsi que le déchaînement qui s’ensuit. Ainsi que le refrain qui vient encore après, entonné les yeux mi-clos, dans un mode très Dog Fashion Disco. Mouvementé, espiègle, surexcité, mélodiquement iconoclaste mais futé : de la graine de copain, ce coquin. Et ça continue encore et encore. Sur le très bon et tout aussi fiévreux morceau-titre, tendu comme un bras saluant un tiers de l’actuelle Assemblée nationale. Sur la pause en terrasse Ragga-Surf lounge « Lunch ». Sur l’hyper ventilation SOADienne « Bombs Away ». Mais aussi sur un intrus, « You're So Lucky This Isn't A Real Gun », qui tente, et réussit à nous séduire dans un registre plus lancinant, quelque-part entre Nine Inch Nails et Korn.

 

Des dingos vous dis-je.

Et sacrément sexy avec ça...

 

Alors si pour vous le Funk Metal c’est forcément bikini-Martini-guiliguili sans renverser Mamie dans les orties, pas sûr que cette dernière livraison de Flagman vous convainque entièrement. En revanche si vous aimez quand la tension rampe et bave comme une limace, que la folie menace, que la basse phagocyte l’espace, et que les postillons à la pelle se rammassent, signez sans même lire les petites lignes !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Primus, System of a Down et Mike Patton sont sur un bateau. Les trois tombent à l’eau… Qui les a poussés ? Facile : c’est Flagman, trio floridien de Funk Metal méchamment secoué. Pourquoi ? Parce qu’à un moment donné il faut bien tuer le père. Ainsi parlait Œdipe. D’ailleurs on ne vous dira pas ce que la mère de ce trio est devenue, la pauvre…

photo de Cglaume
le 25/09/2024

3 COMMENTAIRES

Black Comedon

Black Comedon le 25/09/2024 à 14:53:16

J'ai très beaucoup aimé, un bon retour dans la fin des années 90.
Merci !

cglaume

cglaume le 25/09/2024 à 15:42:53

Tope-là !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 25/09/2024 à 19:54:43

Oh Oh Oh, mais c'est bien ça ! Effectivement la basse est claypoolienne. C'est braillard et keupon dans l'esprit.

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