Human Impact - Gone Dark

Chronique CD album

chronique Human Impact - Gone Dark

Commençons par une banalité non moins évidente. Que les choses soient claires : Human Impact n'est pas un supergroupe mais un groupe super. Si on compte dans ses rangs Chris Spencer (chant/guitare) de Unsane, Jim Coleman de Cop Shoot Cop (claviers/machines), - deux groupes mythiques de la scène noise hardcore américaine ayant longtemps partagé le même local de répétition à NYC -, et même si au départ figuraient dans ses rangs deux membres éminents de Swans, l'un des 5 meilleurs groupes de toute l'histoire du name-dropping, Phil Puleo (lui-même ayant traîné ses guêtres et ses baguettes chez Cop Shoot Cop) et Chris Pravdica, rapidement remplacés respectivement par le batteur de Daughters Jon Syverson et le bassiste de Made out of Babies Eric Cooper, que du beau monde, cette entité possède dès son 1e album, sorti au temps de la pandémie, son identité propre, et non celle des groupes dont sont issus ses membres, et que celles et ceux qui ont pu les découvrir sur scène ont pu constater. En live, Cooper impressionne avec sa mâchoire carrée et son regard de possédé. Tandis que Spencer essore littéralement sa guitare entre chaque riff tranchant (véritable marque de fabrique), nappé des stridences des machines de Coleman. Stylistiquement parlant, la musique de Human Impact, mélange de noise, d’indus et de post-punk, ne ressemble à celle d’aucun autre groupe programmé durant la 15e édition du Hellfest où nous avons pu le voir. Partant, l’énergie démente qui se dégage de sa performance se transforme en vagues de claques aussi glaciales que des lames d'acier forgées en Sibérie qui saisissent l’auditoire aux points sensibles et le laissent groggy. Clairement un des meilleurs concerts auxquels nous aurons assisté cette année là. Histoire d'en finir avec les noms de bon aloi, notons qu'aux manettes du second album dont il est question ici, nous retrouvons Andrew Schneider, qui compte dans son pédigrée des groupes comme KEN Mode et Cave In. Les connoisseurs apprécieront. Merci, bonsoir.

 

Adonc, en 2024, Human Impact revient avec son second opus et son line up stabilisé, éprouvé et soudé sur les routes. Et si dès le coup d'essai du 1e album, le quatuor avait d'entrée de jeu convaincu le public et la critique, force est de constater qu'il semble se nourrir avec intelligence de l'héritage des groupes sur les cendres desquels il s'est formé pour bâtir un univers qu'il déploie ici encore un peu plus. Un univers qui puise également dans l'énergie qui circule entre chaque membre en concert. En cela qu'à l'écoute de Gone Dark, on ressent cette rage organique que déversent les musiciens sur scène, dans un savant équilibre avec la froideur intrinsèque de chaque composition. Si la guitare de Spencer insuffle des mélodies qui vrillent le cerveau de manière entêtante quand elle ne part pas dans des brouillages nerveux, elle peut compter sur l'assise solide de la section rythmique laissant la part belle aux lignes de basse possédées par un groove sidérurgique. Qui rappelle ce que proposait Cop Shoot Cop. On pense à des morceaux comme "Surprise surprise" et "Interference", les titres d'ouverture respectifs de 2 des albums cultes du groupe : Ask questions later et Release. Des chansons qui se construisent sur un duo basse/batterie qui maîtrise le secret de l'acier. Chez Human Impact, on ne néglige rien : ni la puissance des ossatures rythmiques, ni les mélodies, dispensées par un chant rageur et désenchanté, à la fois désespéré par l'état du monde et prophétique sur les maux qui restent encore à venir, ainsi que par les machines qui s'immiscent dans les interstices. L'ensemble donne une impression d'inéluctabilité, de fatalité qui vous arrache les tripes.

 

Sans se cogner contre les murs en tentant d'effectuer d'éventuelles embardées, la tracklist enchaîne de manière aussi fluide que l'écoulement du temps autant de maillons d'une longue chaîne que le groupe agite et manipule pour mieux fracasser toute once d'espoir. Il n'est pas impossible d'onduler langoureusement au rythme de "Imperative" avec sa ligne de basse bondissante et les lamentations de la guitare tandis que les machines distillent une ritournelle qui semble entamer un compte-à-rebours fatidique. La batterie sur "Collapse" martèle les 3 temps d'une valse industrielle qui vous emporte dans un tourbillon de fin du monde, tandis que s'élèvent vers le ciel les rugissements du chant. Au milieu de toute cette mécanique glaciale se niche néanmoins une certaine forme de sensualité qui traverse des titres comme "Repeat". Les chansons s'enchaînent dans une logique implacable et dressent un tableau pessimiste sur ce que l'homme s'inflige à lui-même. Le tout avec une classe pleine de crasse et de grâce.

 

photo de Moland Fengkov
le 03/10/2024

8 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 03/10/2024 à 18:33:47

Tiens, ça a l'air d'être le line-up avec lequel j'ai vu Unsane quand ils sont passés y'a.... un an et demi ? Va sérieusement falloir que j'écoute ce skeud.

Moland

Moland le 03/10/2024 à 18:35:02

Tu as déjà des extraits sur Bandcamp. L'album est à l'avenant 

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/10/2024 à 19:16:46

Oh ! C'est bien. Moins insalubre que Kivousavé toutefois.

Moland

Moland le 03/10/2024 à 21:13:01

Crom tu parles de qui ?

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/10/2024 à 21:34:36

UNSANE 

Moland

Moland le 04/10/2024 à 08:39:01

Hmmmmmmm...

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 11/10/2024 à 15:59:51

Et en plus du noise rock ambiant, t'as même le côté punk/HxCx qui ressort de l'artwork. Des touche-à-tout, les margoulins que voilà

Moland

Moland le 11/10/2024 à 22:34:59

C'est à la fois accessible de par son sens des mélodies et fin dans ses arrangements 

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