Iron Maiden - The Number of the Beast

"Woe to you, oh Earth and Sea
For the Devil sends the beast with wrath because he knows the time is short...
Let him who hath understanding reckon the number of the beast for it is a human number
Its number is six hundred and sixty six"

Si Seventh Son of a Seventh Son fait partie du patrimoine de l'humanité (je ne peux décemment donner tort à Moland sur ce point), qu'en est-il de The Number Of The Beast dont la pochette est immédiatement reconnaissable et a inspiré tant de détournements ?

Quarante deux ans et pas une ride, joyau intemporel, bête indémodable, les mots manquent pour décrire ce troisième album d'Iron Maiden, qui pourtant a engendré une littérature qui pourrait remplir de bottins entiers (vous savez, cet objet du XXème siècle qui a fait naître tant d'aveux dans les locaux de la maréchaussée). Je n'estime pas être en mesure d'apporter un nouvel éclairage, une quelconque nouveauté dans sa critique, mais je trouvais inadmissible qu'un webzine comme COREandCO fasse l'impasse dessus.

Le point principal de ce TNOTB est l'arrivée au chant de Bruce Bruce, Air Raid Siren, Bruce Dickinson en remplacement de Paul Di'Anno, présent sur les deux premiers albums et un des acteurs majeurs du début du succès de la Vierge de Fer et avec qui elle a déjà donné prêt de 250 concerts. Le style de vie on ne peut plus Rock'n'roll du chanteur, ni véritablement Punk ni totalement metalleux, rendait son implication précaire dans un groupe qui commençait à devenir une véritable machine de guerre. Certains ne sont toujours pas remis de ce changement de vocaliste et ne l'acceptent toujours pas.

En 1982 (l’album a été composé, enregistré, produit et mixé à la vitesse de l’éclair), Iron Maiden est parvenu à capturer et synthétiser tout l’esprit du Metal de son époque en terme de son et d’écriture. Si les deux premiers albums montraient un groupe au top de sa forme, avec TNOTB il franchit un nouveau palier, chaque musicien éclabousse de sa classe, sans en avoir l’air, tout ce qui a pu sortir auparavant, et les années suivantes : la basse trépidante et galopante de Steve Harris, les duels affutés et inspirés des six-cordistes Murray et Smith, un Bruce Dickinson qui met toutes ses tripes sur la table de mixage pour prouver au monde entier (comme dirait Bobby Liebling) la véracité de l’image au dessus, et les rythmiques endiablées de Clive Burr dont il s’agit malheureusement du chant du cygne. Mais quelle prestation !

The Number Of The Beast n’est pas exempt de défauts, nul n’est parfait, on peut citer « Invaders » dont le côté direct trouvait plus sa place sur Killers, mais qui reste une bonne entrée en matière. Le sujet « Gangland » (la piste n°7) mérite d’être abordé. Beaucoup, moi le premier, pensent que ce morceau n’a pas sa place sur l’album, alors que l'aurait « Total Eclipse », superbe morceau qui s’est retrouvé en face B du single « Run to the Hills », paru le 12 février 1982, quelques semaines avant TNOTB. Sur la réédition remastérisée de 1998, il sera inclus en huitième position, tandis sur que la version vinyle de 2022, il prend purement et simplement la place de « Gangland » . Un mot également sur « Hallowed Be Thy Name ». Attention, je vais peut-être m’attirer les foudres des puristes mais j’ai toujours trouvé que la version studio avait des problèmes de tempo, l’intro est trop rapide tandis que la suite est trop lente. Ces aspects sont rapidement corrigés en live. Heureusement.

On pouvait le percevoir auparavant (en particulier « Phantom Of The Opera » qui reste un parfait résumé des intentions et des capacités d’Iron Maiden), le groupe aime complexifier son propos et ne cache plus son amour immodéré pour le Rock Prog des années 70. Les mélodies vocales et de guitare s’entremêlent très régulièrement pour le plus grand bonheur de l’auditeur. « Children Of The Damned » ou « 22 Acaccia Avenue » par exemple, démontrent très bien cette habilité du groupe à composer des hits Metal. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les deux albums qui vont suivre, Piece Of Mind et Powerslave, lui seront objectivement et qualitativement supérieurs, il se dégage cependant de The Number Of The Beast une aura de magie qui le rend inclassable et indémodable.

ATTENTION ! L’écoute à un fort volume risque de vous transformer malgré vous en sataniste et vous donner envie de manger des nouveau-nés.

Xuaterc

le 21/01/2024