Iron Maiden - Piece Of Mind

Après une longue tournée éreintante pour promouvoir The Number of the Beast, plus de 180 dates à travers le monde, dont quatre-vingt-quinze rien qu’aux États-Unis, et dix en Australie et au Japon, Iron Maiden s’accorde quelques mois de pause, cinq pour être précis, avant de reprendre la route pour le World Piece Tour. Le groupe en profite pour enregistrer son quatrième album, et surtout pour trouver un remplaçant à Clive Burr, qui abandonne le tabouret de batteur en décembre 1982. Il ne leur faut pas longtemps pour recruter Nicko McBrain (ex-Trust), qui reste à ce jour le batteur de la Vierge de Fer. Ce que beaucoup considèrent comme le line-up classique de Iron Maiden est alors au complet.

Je ne sais pas si le groupe saisit rapidement l’importance de ce recrutement, tant le batteur est devenu une pièce maîtresse de la mécanique Iron Maiden. Toujours est-il que l’album s’ouvre sur le titre « Where Eagles Dare », qui débute par un court solo de batterie (un peu comme « Stargazer » de Rainbow). Je n’y entends pas grand-chose en termes de technique de batterie, mais la prestation de Nicko McBrain sur cet album m’a toujours bluffé, en particulier sur ce titre d’ouverture.

Quelques semaines sont prises pour composer, et pour la première fois, le chanteur participe à cette phase en co-signant trois morceaux et en apportant un : « Revelations ». Puis le groupe s’envole pour Nassau, aux Bahamas, et s’enferme aux studios Compass Point, sous la houlette, comme pour Killers et The Number of the Beast, du producteur Martin Birch. Je ne sais pas si la pression de donner un successeur à un tel monument a été forte au moment d’écrire Piece of Mind (dont le nom de travail a longtemps été Food for Thought), mais en tout cas, le groupe semble sûr de lui, sûr de ses compositions, dont la qualité s’est affinée. L’arrivée d’un nouveau batteur lui a certainement permis de proposer des structures plus complexes : l’esprit Punk qui imprégnait les albums précédents semble cette fois avoir totalement disparu. Le bassiste et tête pensante d’Iron Maiden, Steve Harris, qui a composé seul quatre titres, n’a jamais caché sa passion pour le Rock Progressif.

Ce n’est une surprise pour personne : le musicien est outrageusement mis en avant dans le mix, ce qui renforce le côté « cavalcade » de la musique du quintet, qui n’a pas recours à la double pédale ou grosse caisse, malgré le style pratiqué. Deux titres sont sélectionnés comme singles, agrémentés chacun d’une reprise : « I Got the Fire » (Montrose) pour « Flight of Icarus », et « Cross-Eyed Mary » (Jethro Tull) pour « The Trooper », qui fait partie des cinq morceaux les plus joués en concert.

Iron Maiden répond avec un humour tout british aux attaques des fondamentalistes religieux décérébrés (pléonasme) qui ont accusé le groupe, à tort, de satanisme. Entre autres, au début du morceau « Still Life », on peut entendre un texte passé à l’envers. Remis dans le bon sens, il s’agit de Nicko McBrain, imitant l’accent jamaïcain et disant : "What ho said the monster with three bonce, don't meddle with things you don't understand" ("Qu’a dit le monstre à trois têtes ? Ne te mêle pas de choses que tu ne comprends pas").

Mais ce ne sont pas les seuls à avoir mis des bâtons dans les roues au moment de la sortie de Piece of Mind. En effet, le dernier titre de l’album est clairement inspiré du cycle de Dune, le roman de SF de Frank Herbert. Celui-ci, n’aimant ni le Rock ni le Metal, a refusé que le groupe donne au morceau le nom de son livre. Finalement, Iron Maiden a dû opter pour « To Tame a Land ».

La légende est en marche… Piece of Mind est la quatrième étape d’une discographie impeccable, mythologique, au moins jusqu’à la fin des années 80. Iron Maiden n’a jamais été à la mode : il a toujours fait à sa tête, proposant un Metal à l’écart de toutes les tendances.

Xuaterc

le 08/12/2024