Krav Boca - Pirate Party

Chronique CD album (34:19)

chronique Krav Boca - Pirate Party

Putain comme ils enchaînent !! Treize mois, tout juste le temps de poncer Barrikade jusqu'au cœur, et bam : Pirate Party. Krav Boca enquille les sorties d'albums au même rythme que li studienti font pleuvoir les cocktails molotov sur la préfecture d'Ajaccio. L'avantage c'est que l'incendie n'a pas le temps d'être maîtrisé, ce qui permet de rester bien chauds – aspect d'autant plus appréciable qu'il s'agit d'une sortie hivernale, et que celle-ci précède de peu des élections une nouvelle fois pestilentielles. En même temps comment s'étonner d'une telle prodigalité quand l'époque – le R.N. triomphant, les cons finement (!), la maison Terre qui brûle, Poutine qui s'essuie les pieds sur le paillasson des voisins – nous pousse à déborder de la seule énergie vraiment renouvelable : celle du désespoir !

 

Pourtant cette fois le pitch de cette galette nouvelle semblait moins ancré dans la guérilla urbaine. Un titre festif, une pochette magnifique sentant la sueur joyeuse, jusqu'au message officiel affiché par le groupe : « An album dedicated to free party and DIY events. ». Et pourquoi pas après tout... Faudrait pas que la multitude des combats à mener nous fasse perdre de vue l'essentiel : si la vie reste belle – au moins par intermittence – c'est parce qu'elle nous offre des occasions de rire, de danser, de baiser... Ouaiiiiiiiis, tous à oil-pé : les Toulousains ont décidé que, le temps de leurs dix nouveaux titres, on ferait tourner les serviettes, les oinj' et les capotes !!!

 

… Oui mais en fait non : si « Intro » laisse sporadiquement entendre les beats pulsants d'une rave party, et que le morceau-titre enfile in fine un costume de scène semblant prêté par les voisins de Punish Yourself, ce sont bien là les seuls signes extérieurs d'une envie finalement peu débordante de faire la teuf. Car ce nouvel album est plus sombre que jamais, l'amertume palpable, le mal-être pas toujours compensé par une saine colère. D'autant que, en dépit des interventions de Dimitri qui continue de colorer d'accents hellènes des propos majoritairement virulents, et malgré cette mandoline dont les sanglots stridulants font cette fois encore couler de chaudes larmes sur les joues déterminées, le Krav Boca nouveau a perdu de sa « méditerranéité » : nulle odeur d'épice, nul brouhaha de médina ne vient plus égayer les luttes du collectif.

 

Remarquez que dans la ville rose, si « morose » ne rime pas plus qu'ailleurs avec « fest-noz », les idées noires peuvent cependant aboutir à du grandiose (… arrête donc ton slam anémique, vil scribouillard!). C'est du moins la conclusion à laquelle on ne peut manquer d'arriver à l'écoute d'« Eclipse », qui cultive ses rancoeurs dans un écrin musical confectionné aux petits oignons, ou plus loin sur « Arraché », dont le désespoir est sublimé par d'intelligents contrastes et la justesse des interventions de Ratur (« J'kiffe les fossés pleins d'ronces et quand ça dépasse sur la route »). Et quand la négativité atteint son maximum, que ça déborde par le trop plein, c'est le pétâge de plombs « Abyss », rires déments, obsessions gluantes, jus de charbon psychiatrique...

 

Alors non, en effet, cette fois pas de grands voyages sous le soleil, et pas de « Camtar » ni de « Ultra » pour se colorer la crête de couleurs vives. Mais de nouveaux appels irrésistible à l'insoumission. Comme le très bon « Control » boosté à la fois par le flow punchy du Canadien Lee Reed et par un refrain qui nous claque à la gueule (… d'ailleurs on est frustré de ne pas l'entendre une toute dernière fois en fin de morceau). Comme un « TN Punx » super véloce, presque Thrashcore, et emblématique de la face Punk du groupe. Et surtout comme un « Nemesis » qui interdit tout simplement de ne pas hurler en choeur « Sentence – Hérésie, Vengeance - Némésis ! »... 

 

C'est sûr, vous ne trouverez ici ni petits fours, ni coupes de mousseux, ni bimbos en mini-jupes, ni boule à facettes. Mais si pour vous une fête réussie est une fête lors de laquelle on gueule beaucoup, on casse plein de trucs, et on n'essaie pas de faire semblant, pas de doute : vous allez kiffer la nouvelle invitation des pirates de Krav Boca !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: après des City Hackers et Barrikade qui nous avaient méchamment mis le feu au poudre, dur pour Krav Boca de réitérer l'exploit, surtout après seulement un an de silence. Pourtant, s'il n'arrive pas tout à fait à égaler ses aînés, et s'il peut donner l'impression de faire de fausses promesses (non, ça ne va pas être la fiesta sur le galion), Pirate Party réussit à conjuguer mélancolie, noirceur et révolte viscérale en dix titres nouveaux qui continuent d'inscrire la légende des Toulousains en tags brûlants sur les murs de nos villes.

photo de Cglaume
le 05/05/2022

10 COMMENTAIRES

papy_cyril

papy_cyril le 05/05/2022 à 07:00:23

Il manque mandoline dans la description, non ? :D

cglaume

cglaume le 05/05/2022 à 07:14:43

"Mandales in" plutôt :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/05/2022 à 09:06:05

Moins impactant, au final, que les prédécesseurs. Avec un tel taux de productivité, la formule ne va pas tarder à me gaver.

8oris

8oris le 05/05/2022 à 09:24:09

Moi je l'aime bien ton slam de vil scribouillard !

cglaume

cglaume le 05/05/2022 à 09:45:31

<3

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/05/2022 à 17:16:38

Je ne sais jamais comment interpréter ce genre de trucs: paire de bourses ou de boobs ??

cglaume

cglaume le 05/05/2022 à 17:39:21

C’est censé être un cœur. Du coup tes deux propositions sont valides :D Ça peut aussi être un boule tendu vers l’arrière, offert aux quatre vents :D

Freaks

Freaks le 06/05/2022 à 11:14:04

Sur moi ça a toujours autant cet effet BimBamBoum! 
Toujours rien à redire... Qu'ils continuent sur le même mode, sont trop rares les combos de cette Trempe! 

Freaks

Freaks le 08/05/2022 à 01:40:04

A 3 du, ça claque toujours bien.. 
Union "populaire" à venir.. "Sentences hérésie! Vengeance Nemesis!!" :p

Jo

Jo le 10/05/2022 à 08:36:48

Encore un gros projet !

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