Krav Boca - Heretic

Chronique CD album (40:09)

chronique Krav Boca - Heretic

Qu’ils sont prolifiques les bougres !

Ils enchaînent, ils enchaînent : Marée Noire en 2019, City Hackers en 2020, Barrikade en 2021, Pirate Party en 2022, les EP 6PM et 6AM à cheval entre 2022 et 2023… Et donc, logiquement, Heretic en 2024.

… Une vraie pub pour la Wonder ! Mais sans le petit lapin. Ni la publicité, en fait. Parce qu’essayer de nous vendre la came d’une grosse multinationale, vous êtes d’accord : c’est pas très Krav Boca !

 

Alors évidemment, quand on prend en compte le fait que :

* cette tribu nous balance la sauce en continu – on en parlait il y a quelques lignes

* sa tambouille Rap / Punk / Metal / Mandoline est hyper typée

* des écarts Dance’n’Twerk nous ont vilainement gratouillé l’oreille sur son dernier EP

on pouvait craindre que ce soit en proie à une certaine blazitude que les quatorze nouveaux titres nous trouvent. Sans compter une réelle appréhension : les zigotos ne s’aventureraient-ils pas cette fois trop loin dans ces sonorités synthétiques plus proches de Bob Sinclar que de Cripple Bastards ?

 

Que nenni, rien de tout cela : Heretic nous rassure en deux temps trois mouvements.

Car :

- les loustics sont plus vénères que jamais. Que ce soit en mode keupon, mais également dans une approche plus frontalement Metal

- plutôt que de tourner en rond dans les terrains vagues stylistiques où elle règne en maître depuis quelques années déjà, la Boca family s’est aventurée à l’extérieur de ses frontières, expérimentant avec les gros beats et les boucles entêtantes de Ruby My Dear – dont vous savez combien on apprécie ici la folie

 

Bilan des courses : du kiff, du kiff, du riff.

 

Venez par-là, que je vous montre…

 

Non, non, on ne se fera pas le grand tour : vous êtes grands, vous avez Deezer, Youtube, Bandcamp, votre pote Tonio… Vous saurez parcourir ces chemins de A à Z sans qu’il soit besoin qu'on vous tienne par la main. En revanche, si vous êtes de ces durs-à-convaincre qui n’accordent qu’une unique écoute en diagonale aux nouveautés, assurez-vous de ne pas louper les immanquables ci-après :

# « Panik », au top de l’urgence et de l’adrénaline, qui tabasse au milieu des sirènes, des filets de mandoline, des coups de lattes et des grosses grattes qui grognent

# « Mortier », qui brûle les paniers à salade et enfonce les portes des commissariats à grands coups de riffs Metal/Punk et de gros beats coups-de-bélier-dans-le-casque

# « Chiens dla KS », plus viscéralement Rap, aux muscles renforcés par la cuirasse confectionnée par le beat maker Critical

# « Makita », qui glisse des trilles Jungle dans la mêlée et fait revivre une Mano Negra à nouveau jeune et ayant bouffé du tyrannosaure

# « Fanatik », qui peut être envisagé comme la pièce mise par les Toulousains dans le jukebox Trap Metal (… car, oui oui, ce sont de profondes saignées BM qui viennent s’inviter au milieu des rythmiques synthétiques)

(NB : la liste pourrait continuer encore... Mais point trop n’en faut)

 

Au fil des écoutes, une fois solidement hameçonné, vous constaterez que, OK, « Trauma » donne dans le même genre de rage désespérée que celle s’exprimant sur 6PM. Mais celle-ci est sublime, et, qui plus est, relevée par un refrain frondeur boosté au D-beat ainsi que par de grandioses trémolos Black (à 2:27). Vous remarquerez l’élégance et la force narratrice de « Brasier », dont l’« Indus/Rock » instrumental (on va dire) rappelle un Kong manifestant des velléités organico-cinématographiques. Vous réaliserez enfin que, certes, « Post-Mortem » semble ne rien avoir à faire en queue de peloton… Pourtant ces cordes oniriques et ce piano froidement solennel apportent une magnifique pointe de noblesse à la révolte permanente exprimée par le groupe…

 

Les yeux fiévreux, les tempes frémissantes, vous comprendrez alors pourquoi le groupe est si fier de ce nouvel album, et pourquoi celui-ci vous laisse une si forte impression au fond des tripes.

 

 

 

PS : Je vous ai dit que les Krav Boca sont putain de prolifiques ? Une preuve de plus : ils bossent déjà sur l’album suivant. Et, scoop : plutôt que d’enrober le matos après coup – comme c’est a priori le cas sur le présent millésime – Ruby My Dear devrait être plus impliqué encore dans l’aventure, ceci dès l’étape de composition…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : soyons honnêtes : au vu du contenu de 6AM et de la fréquence des sorties estampillées Krav Boca, on avait un peu peur qu’Heretic nous lasse, et conséquemment nous pousse à descendre discrètement de la caravane toulousaine. Grave erreur : en poussant plus à fond le curseur Metal, en empunkifiant plus fort encore son Rap, et – attention : point-clé – en allant s’acoquiner avec les vigoureux beats de Ruby My Dear, la milice masquée s’en revient au plus fort de ses capacités, revigorée comme jamais !

 

 

 

 

 

photo de Cglaume
le 11/10/2024

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/10/2024 à 12:05:25

Alléchant

Thedukilla

Thedukilla le 11/10/2024 à 15:31:08

Ce sample du « Shook Ones Pt.2 » de Mobb Deep sur « Mortem », qui finit par se fondre dans des trémolos Black du plus bel effet…
Comment regarder ma moitié et lui dire encore « je n’aime que toi » après ça ?

cglaume

cglaume le 11/10/2024 à 15:47:16

:D 
... comme c'est bien dit !

Jo

Jo le 12/10/2024 à 12:24:41

Encore vu en festival cet été, ça va tout simplement être leur meilleur projet !

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