Kyyria - Blessed Ravings

Chronique CD album (54:54)

chronique Kyyria - Blessed Ravings

Chineurs du dimanche, amis de la brocante et arpenteurs de greniers sentant la vieille malle et la naphtaline (... je vous laisse le soin de corriger ce début de phrase en mode écriture inclusive), bienvenue au bric-à-brac dominical de CoreAndCo ! Cette fois encore nous vous proposons de retourner inspecter l’étagère du fond, celle dont l’accès est rendu difficile par une antique commode remplie de K7 audios et de VHS, ainsi qu’un amoncellement anarchique de cartons. Mais si: celle sur laquelle on est sûr de dénicher tout un tas de chouettes vieilleries trop tôt disparues des platines et de nos mémoires sur-stimulées. Qu’allons-nous y piocher cette fois… ? Allez tiens : Blessed Ravings, le premier album de Kyyria – dont le nom rappellera peut-être de lointains souvenirs à ceux qui avaient découvert le titre « Mind the Light » via le sampler n°5 de Hard Rock Mag #23 (… rappelez-vous : le CD contenait également « Killer of Trolls » d’Impaled Nazarene, « Threatening Skies » d’Obituary, et surtout « She-Male Whoregasm » de Carnival in Coal !).

 

Non, vraiment pas ? On ne peut vous en vouloir, le groupe ayant arrêté les frais en 1998. Démarré en Suède avec des ambitions progressives, la formation s’est vite relocalisée en Finlande… patrie de Waltari. Oui, autant évoquer tout de suite ce groupe emblématique, la couleur de ce premier album devant au final beaucoup à Kärtsy Hatakka et ses boys, même si à l’époque les commentateurs parlaient plutôt – à raison, là aussi – de Faith No More (écoutez « Jester », c’est bluffant, on se croirait sur The Real Thing). D’ailleurs, puisqu’on en est à citer des noms, profitons-en pour faire la revue des troupes. Car si les membres du groupe ne sont pas forcément hyper connus en 1994, quand ce skeud sort chez Zen Garden (... ce nom: on sent que le label n’est pas très axé War Metal), cela va changer par la suite. Ainsi Niclas Etelävuori, le bassiste, passera 17 ans chez Amorphis, jusqu’en 2017. Ce qui fait 6 ans de moins que Santeri Kallio, son compère au clavier, qui y est toujours, lui. De son côté Mika Karppinen, le batteur, a passé le plus clair de son temps dans HIM, tandis que Ville Tuomi, le chanteur, a moins fait parler de lui, si ce n’est pour des apparitions en tant que guest sur Tales from the Thousand Lakes et Black Winter Day (d’Amorphis, mais oui), et – plus raccord avec Kyyria – sur Big Bang et Release Date… de Waltari ! Mikael Tanner, guitariste et fondateur du groupe, n’aura quant à lui pas survécu à sa création… artistiquement du moins. On pourrait s’arrêter là, mais comme le dit le dicton : « Le dimanche, je m’épanche ». On ajoutera donc que Timo Tolkki (l’ex-Stratovarius et bipolaire notable) a ici joué les ingé-son, et que Roope Latvala (qui jouera plus tard dans Children of Bodom, Sinergy… et Waltari !) joue de la guitare sur un titre.

 

… À présent tout, tout, tout vous savez tout sur le Kyykyy !

 

Je vous le confiais quelques lignes plus haut : plutôt que le Prog initialement visé, c’est vers une Fusion assez particulière, à la Waltari, que le groupe va finalement s’orienter. « À la Waltari », cela veut entre autres dire « sans cadre fixe » – on ne peut ici se cantonner à parler de Funk Metal, de Rap Metal ou de World Metal –, à la frontière du Nawak Metal, le groupe piochant là où il en a envie quand il en a envie, les constantes les plus solides étant 1) l’importance cruciale des parties de basse et de clavier, 2) des accroches limite Pop, 3) de récurrentes (mais non envahissantes) atmosphères psyché-planantes, 4) un chant de lutin espiègle très proche de celui du frontman aux cheveux écarlates. La basse, donc, s'avère souvent monstrueuse, et s'adonne parfois à du slap funky et tendu rappelant Infectious Grooves (sur l’énorme « Open Up » par exemple). Le synthé est lui aussi très présent, ce qui n’est nullement un problème lorsqu'il se contente de poser des ambiances, de couiner en mode pétage-de-boulard, ou de se la jouer so 80s (cf. « Ankara », « Winter Winds »…). Par contre, soyons honnêtes : on pourra parfois le trouver un peu trop envahissant. On évoquait également des épisodes fumette & sourires béats : ceux-ci, parfois augmentés de teintes orientales (cf. « Jagannath »), contribuent à rappeler à notre bon souvenir un autre rejeton de la Waltari familly : les Freaky Fukin Weirdoz. Enfin, pour développer un peu plus avant la dernière des 4 constantes précédemment listées, on reconnaîtra à Ville l’élégance de ne pas rester exclusivement cantonné aux mimiques kärtsyiennes, sa voix s’adaptant à la « metallitude » des riffs au point qu’elle prend parfois des intonations renvoyant aux excès du vieux Heavy Speed à clous, ou au Shock Rock le plus théâtral (écoutez donc « Anchorite »).

 

Alors forcément, face à une telle abondance de bonnes idées, de bonne humeur et de bon son, on regrette que la triplette finale soit un cran en-dessous du reste de l’album – « In The Forst Darkness » étant un interlude sombre pas foncièrement mauvais mais sans valeur ajoutée, « Jagannath » traînant vraiment trop des pieds, tandis qu’« Avalanche Anthem » finit sur une touche trop sérieuse et sonnant trop vieillotte pour passionner les foules… Sans parler des 5 minutes de silence précédant une hidden track sans intérêt... Rogntudju (dirait Prunelle) : parfois il est important de savoir tailler dans le gras, surtout quand le trop plein de lipides entache la qualité de la conclusion ! Mais trêve de Ouin-Ouin et de Râle-Râle : Blessed Ravings permet de remettre de grandes pelletées de charbon dans notre moteur à Fusion, notamment grâce à ses pistes les plus croustillantes telles « Anchorite », « Jester », « My Land », ainsi que les tubes « Skinny Rover » et « Open Up ». Nous ne serons donc que joie et allégresse au moment de fermer la porte de cette chronique, cet enthousiasme étant d’autant plus justifié que la réédition intitulée Blessed Ravings – Remastered, sortie en 1998 et agrémentée de 4 bonus, est disponible sur vos plateformes de streaming préférées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sorti peu de temps après le So Fine! de Waltari et le Mao Mak Maa de Freaky Fukin Weirdoz, Blessed Ravings s'avère être un album de la même trempe, celui-ci pratiquant une Fusion sans limite, un peu funky, un peu Metôôl, un peu « World », un peu psyché – limite Nawak en fait – et soucieuse de proposer des accroches croustillantes amenées par un chanteur taquin, une basse rondelette et un synthé old school. Un vrai petit plaisir, qui ne devrait pas être cantonné aux initiés, et qui aura préparé le terrain pour un Alien qui réussira à faire plus largement parler de lui.

photo de Cglaume
le 21/08/2022

3 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 21/08/2022 à 10:32:20

Ah, je me souviens très bien de Mind the Light, je l"ai écouté un paquet de fois

cglaume

cglaume le 21/08/2022 à 11:33:48

Chronique d’Alien à suivre ! ;)

dubthedude

dubthedude le 22/08/2022 à 07:43:32

Le sampler hardrock mag, j'en suis ! Que de souvenirs !

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