La Muerte - EViL

Chronique Vinyle 12" (01:15:48)

chronique La Muerte - EViL

02 août 2015, nous nous rendons avec ma compagne aux Lokersefeesten, festival belge quarantenaire dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler dans ces colonnes. Nous sommes dimanche et traditionnellement, le 1ier dimanche du festival – qui s'écoule sur 10 jours – est consacré à la chose METAL. Au programme de ce divertissement familial, Skindred, Epica, Channel Zero, Black Label Society, Rob Zombie, Soulfly et comme de coutume un DJ régional pour clôturer l'affaire. Si vous ne connaissez pas les lieux, sachez que le festival se déroule sur le parking d'une école communale à gauche de la salle omnisports. Une seule scène où les groupes se succèdent. Scène habituée à accueillir des légendes qui n'ont plus rien à prouver ou plus rien à dire. Je vous invite à aller jeter un oeil sur les quarante dernières affiches.

 

Arrivés bien à l'heure, on a l'occasion de vibrer avec le groove-core à paillettes (lunettes et écharpe comprises) de la bande à Benji ; avant de s'ennuyer ferme devant les hollandais en mode sympho-cheap #claviersàlaCharlieOleg. À vrai dire nous sommes là pour les belges afin de pouvoir goûter aux titres de Kill all Kings en live.
Dès les premières mesures (d'un set qui sera expédié), une bande de 5 vient s'installer 90 cm devant nous. La Muerte (et leur roadie) vient soutenir son bassiste qui officie sur scène à l'instant précis. De dos, les gars se fondent dans la masse et peu de curieux détournent leurs regards. Ça ne paraît rien, mais un frisson parcoure mon échine. Ces mecs sont des légendes. Christian Z et Michel Kirby ; batteur et guitariste de Lenght of Time ; référence hardcore absolue (nos Kickback à nous) qui ont intégrés le nouveau line-up, Dee Jay Moens fondateur et guitariste de la mort (et producteur des vaillants Semitones) et Marc Du Marais emblématique fondateur et chanteur du combo. Les cheveux sont partis ou sont devenus gris, mais c'est bien d'eux qu'il s'agit. 3 bières, des applaudissements sincères et une observation régulière de la scène, plus tard, les cavaliers quittent la plaine. Ils reviendront, toujours à la même place, pour mater, avec les yeux brillants, le show hollywoodien du père Zombi, toujours très à son affaire sur une scène.

 

À l'instar de dEUS, Front 242, Arno, et Channel Zero, dans leurs genres respectifs, La Muerte est un groupe qui a marqué les esprits par une interprétation toute personnel du genre musical qu'ils exploitent. Aussi incompris que culte, les bruxellois ont menés l'essentiel de leur carrière à coups de EP et de Live (le mémorable Raw en 1994 qui refermait un chapitre de leur existence) ; d'un album référence Kustom Kar Kompetition et du culte Every Soul by Sin Oppressed. Pour leur retour en mars dernier à l'Ancienne Belgique, ils font la part belle au mésestimé Death Car 2000 de 1989 dont sont issus 6 titres sur 10.

2015 marque donc le retour sur scène et bien entendu en enregistrement public, d'une entité à part dans le rock business. En avance sur le temps, inclassable puisque toujours rangé autant dans le rock expérimental, dans le métal que dans la new-wave (c'est par ce biais que je les découvre), leur death-blues-stoner atypique semble revenir d'entre les morts (de GG Allin à Jeffrey Lee Pierce) et pour le coup, secoue violemment les meutes endormies.

 

Le 05 août 2015, je retourne aux Lokersefeesten, pour mesurer l'ampleur du mouvement. La Muerte ouvre la soirée (quelle bêtise dans le choix de la prog) qui accueille le Mark Lanegan Band (sublime), The Jesus and Marychain en mode Psychocandy (littéralement) et les jouettes Kaiser Chiefs. Le set sera violent, primitif et déterminé en regard de leurs affables compagnons d'affiche. La Muerte is back, baby, and you re gonna take one, gones ! Marc du Marais qui luttait contre les mouches durant le concert des Channel malgré un chapeau et une veste sur la tête ; arpente de long en large, couché par terre, la scène, un sac en toile de jute sur la tête, et rendant hommage à la team Johnny Timmermans – un magasin dédié aux accessoires automobile de Ninove (dans la campagne alostoise) !

Le set ramassé en 40 minutes laisserait un public interdit, retourné, et silencieux le temps de reprendre ses esprits. Parmi les fans de la première heure qui redécouvre leur groupé fétiche, l'effet de surprise est total, mue par la puissance infernale dégagée.

Je croise l'effroi dans le regard de l'un des organisateurs, pas vraiment préparé à se manger une telle mandale.

J'avoue aussi que ce manque de nuances, si plaisant soit-il, m'interroge un peu compte-tenu des facettes multiples et savamment dosées de leurs productions. Ce qu'ils gagnent en puissance avec le nouveau line-up de feu, ils le perdent peut-être en subtilités ce jour-là, seul « Shoot in your back » conserve sa magie vaudou originelle.

 

En passant commande auprès de Mottow Soundz (leur label sur mesure), je m'attends un recevoir un bel objet de collection. Les sensations, je les ai encore en moi, et Evil ne devrait pas m'apporter d'autres réponses. Ce que je n'avais pas perçu en août, c'est que le combo joue vite, vraiment vite « Ecoute cette prière » trempe dans un speed-metal-core assez absolu par exemple. L'entité est bien vivante (oui, je sais). En puissance, en détermination, avec plus de nuances, de l'excitation et un fameux plaisir – matez l'entrée des artistes sur la vidéo du live -. Brûlant d'un bout à l'autre, ce live est une leçon pour beaucoup. "Lucifer Sam" le bijou du Piper at the gates of dawn est dantesque ; comme à Lokeren, le V8 de la Mustang vrombit sur scène le temps du "Kustom Kar Kompetition" , synonyme ultime du riff metal 90's ; "Burst my soul" résonne toujours comme l'hommage parfait à Black Sabbath... quelques titres en exemple parce que l'oeuvre s'écoute comme un tout.  La Muerte s'enfonce probablement pour de bon dans le culte. L'Histoire du rock belge à travers ce line-up (j'insiste à nouveau tant il est phénoménal) vie un vraiment moment d'anthologie durant ces 75 minutes.

 

Evil, l'objet, est un double vinyle aux sillons cendrés et fumés, il est là pour rappeler la forme d'un groupe aussi incandescent qu'unique.

 

photo de Eric D-Toorop
le 14/01/2016

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/01/2016 à 14:19:43

Purée mais où est passé "Kung Fu Fighting" ? Et hop j'prends 25 piges dans la face.

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