Mithridatic - Miserable Miracle
Chronique CD album (42:47)

- Style
Blackened Death Metal - Label(s)
Kaotoxin Records - Sortie
2016 - Lieu d'enregistrement Sainte Marthe studio
- écouter via bandcamp
De mémoire (... et après vérification), le morceau de Mithridatic qui ouvrait le volume 12 de la compil’ Combat Nasal (« Hunting Fever » de son petit nom) s’essuyait les chenilles sur nos arpions avec la classe implacable d’un escadron de Death polonais. Le souvenir cuisant de ce morceau déchausse-molaire, la présence du titre en tête de la fameuse compil’, et la signature du gang chez Kaotoxin Records – connu pour son amour immodéré pour le gros qui tâche, mais aussi pour 6:33 et Carnival in Coal – ne pouvait que m'actionner les glandes salivaires à plein régime. Du coup, hop: right clic, save as (j’ai le droit d’abord: c’est du matériel promotionnel)… Et roule ma poule! Welcome dans le sombre maelstrom de Miserable Miracle, 1er album d’un groupe qui, manifestement, chérit la consonne M plus que tout autre.
Bon alors, comment vous dire… Mouaif. Eh si. La longue intro atmo-crispante qui démarre « The Supply... » n’envoie pas franchement la grosse tartignole attendue, d’autant que le morceau continue de dérouler ses presque 4 minutes le long d’un black suicidaire doomeux qui donne envie de piquer une tête dans une piscine gonflable remplie de plumes et de goudron. Heureusement « ...For Terror and the Crowd » redresse direct’ le manche du Panzer en direction du front de l’est. En effet ce gros Death à l'artillerie lourde s’avère aussi varié et riche que lourdement armé, la polonitude de la chose étant encore renforcée par un chant à la Vader, et par un petit solo final brûlant dans la plus pure tradition Azagthotienne (mais si voyons: le Death à la polonaise, c’est Morbid Angel avec une tourelle et un gros blindage!).
Malheureusement, les renforts ne suivent pas vraiment derrière. Il y a trop de méandres visqueux, trop de ralentissements maladifs, trop de croassements de vieille carabosse mal lunée pour que le lapin crétin que je suis prenne son pied. Ça manque d’accroche et d’enthousiasme. Ça blaste parfois plus que de raison (en même temps on peut avoir envie d’en abuser quand on a derrière les fûts Kevin Paradis - Svart Crown, Benighted, Seth, Agressor & co). Et même si les ambiances sont parfois assez bien gaulées (mention spéciale à « Funambule Pénitent »), rien à faire: le sentiment de reviens-y – qui, faut-il le rappeler, est l’indicateur absolu de la ça-bute-itude d’un album – refuse de se manifester…
Pourtant, malgré un début bien lourdaud « Funambule Pénitent » est tout à fait sympa, « Hell Compasses Points » bûcheronne pile-poil comme on pouvait l'espérer, et « Vitrified Desert » remplit royalement son office de fermeur de rideaux en alliant atours Death Technique (bon petit riff d’ouverture alambiqué), belle attaque en piquée, groove écrasant, et générique de fin opportunément épique. Sans compter que le sample qui finit « I Will Harm » aurait tendance à lorgner du côté de la mafia Nawak.
Sauf que le reste du fameux « I Will Harm » tape trop dans les blasteries broussailleuses, les funestes attentes et les Hate Eternaleries revêches. Quand c’est-y qu’on se fait accrocher les synapses nous aut’? Et sans être mauvais, « Dispense the Adulterated » échoue lui aussi à nous faire pousser des « Whouaouh ça décalotte! » enthousiastes. M’enfin le comble du fond du trou est surtout atteint sur « Oxydized Trigger Sabotage », morceau qui se complait dans un sombre malaise dandy tout en épaisse lenteur. Arf. J’aurais dû emmener un recueil des meilleures blagues de Toto pour faire passer le temps pendant l’administration de ce genre de grosse pilule qui peine à passer (… heureusement que ce n’était pas un suppo d’ailleurs!).
C’est vrai, j’aurais dû me méfier: et de 1), M Strobl – l'hémisphère gauche du Combat Nasal ci-avant évoqué, proche de M. Kaotoxin et éminent chanteur de We All Die (Laughing) – est un Janus qui, quand il ne badine pas sur un air de Disco, est notoirement amateur de metal poisseux. Et de 2) les infos promos insistaient bien sur le côté sickening blackened Death Metal, ainsi que sur un rapprochement avec Ulcerate, Portal ou Mayhem… Du coup tout ça tombe sous le sens. Et si vous aussi, outre le bon gros Death qui envoie, vous aimez les craies qui crissent sur le tableau noir et les lames de rasoir qui massent hardiment les avant-bras consentants, vous devriez prendre votre pied. Quant à ma pomme… N’avait qu’à mieux lire les pancartes le cglaume!
La chronique, version courte: eh non, Mithridatic ne se contente pas de nous lifter la moelle épinière à gros coups de Blasting Death Metal à la Polonaise. Le groupe se plait aussi à se faire retors, à voleter avec les noirs corbeaux du Black fielleux, et à tartiner de goudron des morceaux qui sinon seraient sans doute trop catchy. Du coup soyez prévenus: si Miserable Miracle soufflette bien méchamment la joue gauche, il est plutôt du genre à faire des léchouilles acides à la bile sur la droite…
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