Nekrogoblikon - The Fundamental Slimes and Humours
Chronique CD album (45:53)

- Style
Nawak Metal - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
1 avril 2022 - écouter via bandcamp
Une fois de plus, le gros troll poilu a caché le petit goblin à pustules. Parfaitement, regardez mieux : au sein du Top 2022 du lapin jaune (… putain, déjà 3 monstres chimériques en même pas 2 phrases !), la dernière tuerie de Trollfest (Flamingo Overlord) a complètement éclipsé la 5e éructation discographique de Nekrogoblikon (The Fundamental Slimes and Humours). Alors que crénom, voilà pourtant une sortie qui aurait pu (dû !) figurer dans ledit top. Pas forcément tout en haut, mais clairement bien placé. Parce que foutredieu, la bestiole (… et les six humains qui l’accompagnent) n’a pas son pareil pour pondre du tube à longueur de tracklist ! Allez, on fait comme d’hab’ : quelques paragraphes pour développer – que les feignants-pressés pourront zapper – avant de se congratuler au sein d'une conclusion célébrant joyeusement la découverte de cette belle petite pépite Nawak qui a le bon goût de renforcer la présence du genre dans le bilan d’une année 2022 pas si Youpi-Pompélop que ça en la matière, quand on y regarde de près…
Welcome to Bonkers, l’album d’avant, sorti en 2018, avait déjà toutes les cartes en main : des ressemblances nombreuses avec Trollfest, un synthé très présent, un chant clair cousin de celui d’Hentai Corporation, Jason Suecof derrière les manettes, des refrains chan-mé... Autant de caractéristiques aujourd’hui inchangées, et c'est-ça-qu'c'est-bon ! En revanche l’album restait encore suffisamment proche du Death mélo originel pour qu’on puisse se contenter de le considérer comme pratiquant une variante particulièrement chtarbée du genre. Or, 4 ans après, le groupe a décidé de larguer les amarres : s’il continue de riffer lourd, de shrieker dru, voire même de matraquer sans pitié, sa musique n’évoque plus tant que ça les coulées brûlantes du Death scandi’. On pense plus aux folies speedées de Trollfest, donc, notamment sur un « Yin » à l’appétit aussi déraisonnable que la vitesse. On pense aux saccades imparables des ex-dieux Amoral (sur le premier titre par exemple). On peut également entendre du Black vertement blasté après l’intro Ziltoïdesque de « Going To Die ». Mais si tout ça mérite éventuellement un qualificatif « extrême », ça ne suffit plus à rattacher spécifiquement cette nouvelle sortie à une chapelle bien délimitée. Comme Avatar avant lui, Nekrogoblikon se met à composer sans plus se soucier du contexte stylistique. D’ailleurs on pense souvent très fort à Johannes Eckerström et ses collègues suédois, sur « Golden Future » par exemple, comme sur l’hymne pour le coup un peu trop consensuelle « Bones ».
Au rayon des bonnes surprises, The Fundamental Slimes and Humours offre donc toujours plus de tubes. Et ceci dès le tout début, avec un trio de tête imparable. Puis – jouons les fines bouches en ne nous attardant pas sur des morceaux qui le mériteraient pourtant – sur « A Lesson in Hate » qui dégaine l’accordéon humppa, et son successeur, « This is It », candidat solide pour les rappels de fin de concert, dont vous risquez de reprendre bientôt le refrain comme le pré-refrain (« This is my tiiiiiiiiiime, not your tiiime… »). On fond également pour « Caroussels » qui semble tout droit sorti du répertoire d’Ufych Sormeer – d’ailleurs, avec le recul, on se rend compte que le chant clair de Nicholas emprunte autant à Bzour, le chanteur des nordiques, qu’à Radek, celui d’Hentai Corporation.
Si le paragraphe précédent parle du « rayon des bonnes surprises », c’est que de petites gênes causées à l’auditeur empêchent The Fundamental Slimes and Humours de disputer le trône de Flamingo Overlord. Car s’il est le vecteur principal de beaucoup des passages purement Nawak de l’album, le synthé de Mr Von Doom est parfois un poil trop envahissant. Sans compter qu'il arrive que le groupe se laisse glisser sur la pente dangereusement glissante de la facilité. Comme sur ce « Going to Die » dont les trois dernières minutes – trop poisseusement roudoudou, et trop pleines de « Hey hey hey ! » pénibles – sont assez insupportables. Ou sur « Bones », dont la mélodie principale semble avoir été composée « à un doigt » par David Guetta.
N'empêche, comment bouder son plaisir face à une telle somme d’accroches réunies au sein d’une seule et unique galette purement Nawak – mais néanmoins velue !? Ce n’est pas tous les jours que, tout en headbanguant sur des passages speedés où cavalent des shrieks aussi virulents que survoltés, on voit passer derrière nos paupières fermées non seulement les Trollfest, Hentai Corporation, Ufych Sormeer et Avatar précédemment évoqués, mais également 6:33, le Moron Police des grands jours, Will Wood (à la toute fin de « Right Now »)... Et même Toehider, sur le conclusif « No Such Thing As a Key » ! Alors nawakophiles-of-ze-world-iounailletide, entendez mon cri de ralliement : certes cette chronique arrive bien trop tardivement, mais ce n'est pas une raison pour laisser passer votre chance de laisser le plus californien des goblins mettre un peu de TchikiBamTchiBam dans vos vies et vos playlist !
La chronique, version courte: si l’album précédent de Nekrogoblikon (Welcome to Bonkers) se contentait de greffer avec talent un gros nez rouge au Deah mélo ancestral, The Fundamental Slimes and Humours fait définitivement exploser tous les repères pour proposer un Nawak Metal [relativement] extrême, généreux en tubes, et évoluant à la croisée de Trollfest, Ufych Sormeer et Avatar.
9 COMMENTAIRES
noideaforid le 03/04/2023 à 14:20:28
Je suis tout ému de lire cette chronique :)
cglaume le 03/04/2023 à 14:29:22
Haha, j’ai pensé à 2-3 personnes en l’écrivant, dont toi 😉
Moland le 04/04/2023 à 07:03:19
Moi je valide l'interjection "foutre dieu", une de mes préférées.
Avec sa variante "fichtre cul".
En revanche, je ne connaissais pas le vocable "shriek". Un rapport avec le géant vert ?
Xuaterc le 04/04/2023 à 07:37:09
Foutriquet!
https://rateyourmusic.com/discussion/music/death-metal-growls-or-black-metal-shrieks-what-takes-most-talent/1/
cglaume le 04/04/2023 à 08:07:13
Growl, grunt, bark, pig squeal, shriek: qu’il est varié le vocabulaire anglo-vocalo-métallique ! 🙂
noideaforid le 07/04/2023 à 15:37:40
Je ne connais pas Ufych Sormeer et will wood, des albums à écouter en particulier ?
cglaume le 07/04/2023 à 20:18:15
Ufych: All Stars et Crazy MAC
Will Wood: Self-ish
https://m.thrashocore.com/chroniques/chronique/3416-ufych-sormeer-all-stars-2010-chronique.html
https://m.thrashocore.com/chroniques/chronique/1975-ufych-sormeer-crazy-m-a-c-2006-chronique.html
https://www.coreandco.fr/chroniques/will-wood-the-tapeworms-self-ish-7602.html
Greg le 18/04/2023 à 18:12:42
Enfin quelqu'un qui parle de cet album !!! Ces mecs ont un putain de gain de folie qu'il fait bon retrouver dans le métal !!! Les disques précédents sont superbes aussi, vraiment c'est un groupe à découvrir !
Merci pour cette chro encore bien ficelée.
cglaume le 18/04/2023 à 19:37:39
Toujours prêt pour chroniquer du Metal joyeusement fêlé 🫡
AJOUTER UN COMMENTAIRE