Old Man Gloom - the ape of god I
Chronique Vinyle 12" (47:00)

- Style
Sludge Noise - Label(s)
Profound Lore - Sortie
2014 - Lieu d'enregistrement God City Studio
- écouter via soundcloud
Adeptes des rites sacrés du primitivisme et du régressionisme, le temps de la méditation est maintenant révolu. Il n’aura d’ailleurs pas duré très longtemps depuis la dernière messe. Non contents de nous laisser sur une offrande négative jusque dans son titre (parce que ouais, jamais album n’avait aussi bien porté son titre que ce No) il y a à peine deux ans, nos quatre apôtres sont de retour avec une sixième ET une septième offrande bien planquées dans leur toge. En effet, après nous avoir balancé un press kit minimaliste avec un album de huit titres sympathique mais un peu décousu (et pour cause), les quatre clowns d’Old Man Gloom nous apprennent que cet album était un hoax bidouillé à partir d’edits de leurs DEUX nouveaux disques, portant tout deux le même titre. Et, comme un con, votre serviteur s’est empressé de chroniquer ce sketch en attendant la sortie officielle…
Mais qu’à cela ne tienne, aucun problème, on est des professionnels… Et puisque Turner, Newton, Scofield et Montano nous l’on joyeusement fait à l’envers, et bien je m’en vais vous pondre deux nouvelles chroniques bien distinctes pour deux albums bien distincts. Vous pourrez donc lire ici la chronique de the Ape of God. Si vous voulez lire celle de the Ape of God, rendez vous plutôt par ici. C’est bon ? Vous suivez ?
The Ape of God sera donc le titre de notre sixième incursion dans l’imaginaire tordu et cryptique du quartet que l’on ne présente plus et ce dernier ne surprendra personne tant il cristallise à lui seul toutes les thématiques chères au groupe : la dichotomie entre notre statut de primate et le rapport au divin. Mais si le titre de l’album lui même nous pousse à porter notre regard sur la discographie d’Old Man Gloom depuis ses débuts, le propos quant à lui n’est pas en reste.
En effet, le disque s’ouvre avec un chant céleste et aérien bien que lesté d’une tonne de distorsion et de samples bruitistes prompts à annoncer l’habituel cataclysme sonore dont le groupe est coutumier depuis ses débuts. Le riff débarque, simple, frontal, syncopé. Le reste suit tel un coup de boule entre les yeux. On reconnaît immédiatement la patte du quatuor : le riff ne change pas, l’intention ne fléchit pas mais l’intensité quant à elle grimpera en flèche pendant les quelques cinq minutes qui nous séparent du retour final des chants saturés, ces derniers adoptant un ton à la limite de la moquerie de cour de récréation, comme si le groupe continuait à se rire de nous au travers de leurs chansons.
Seconde piste : « Promise ». Nouvelle intro ambiante faite de larsens et d’impacts telluriques. Cette ambiance étrange et religieuse est toujours là, elle s’attarde encore quelques dizaines de secondes avant de laisser la place à la seconde déflagration du disque, encore plus violente, chaotique et rageuse que la première. Nate Newton et Aaron Turner s’arrachent littéralement la voix avant de replonger la compo dans un nouveau maelström mélodique et éthéré qui ne servira qu’à relancer une dernière secousse, courte et douloureuse.
On vient à peine de dépasser les dix minutes et on est déjà lessivé. Pour cause, jamais le groupe n’avait autant enchainé les mandales qu’ici. C’est d’ailleurs peut être à partir de ce constat que le tempo se décide enfin à ralentir sur « Shoulder Meat ». La première partie de ce troisième titre ne sera pas sans nous rappeler Isis (c’est d’ailleurs au tour de Turner de se charger du chant principal, comme par hasard). La seconde partie se fera plus rampante et menaçante. Un tapis de palm mutes telluriques fait vibrer nos tympans avant qu’une mélodie breachienne n’emporte tout ce bordel dans un énième torrent de reverb et de saturation. « Fist of Fury », la bien nommée, suuivra en prenant la forme d’un viol auditif de deux minutes, ultra violent et expérimental.
« Simia Deï » marque le retour des chœurs, toujours plus mystiques, accompagnés d’une rythmique martiale et hypnotique, qui nous pousse, une fois encore, à dire que cet album porte merveilleusement son titre. Si la musique d’Old Man Gloom demeure noire et pesante, elle semble maintenant s’élever vers des contrées plus spirituelles et méditatives, un peu comme celles qu’Isis avait conquis lors de la sortie de Celestial en son temps. On pense aussi au Seminar II du groupe, sorti il y a plus de 10 ans. L’intro de « the Lash », rallongée par rapport à l’edit publié sur le web, confirme ces impressions avec sa longue introduction contemplative.
Et c’est ainsi que l’on arrive à la fin du disque en se prenant un « Never Enter » au tempo bien rapide et à l’intention bien hardcore. Bien sûr, les reverb abusives et les bidouillages bruitistes sont toujours là mais cette fois, le groupe semble vouloir nous infliger un dernier uppercut avant la conclusion de leur messe. « After you’re dead » sera donc partagée entre riffs implacables et mélodie entêtantes pour un résultat épique à la hauteur des meilleurs titres du groupe comme « Christmas » ou encore « to Carry the Flame ». Bien sûr la compo s’enlise très vite dans un énième torrent de larsens, les chœurs mélodiques ayant cette fois laissé leur place aux hurlements primaires. Joli pied de nez final assez frustrant et désappointant tant cette propension du groupe à balancer quatre minutes de bruit blanc pour une minute de musique semblait appartenir au passé comme par exemple sur son Seminar II que ce disque aurait tendance à nous rappeler un peu. Mais la bonne nouvelle, c’est que pour une fois, on aura pas besoin de se venger en retournant au début du disque : il est tout aussi simple d’écouter the Ape of God, je veux dire l’AUTRE the Ape of God.
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