Old Man Gloom - the ape of god II

Chronique CD album (47:30)

chronique Old Man Gloom - the ape of god II

Adeptes des rites sacrés du primitivisme et du régressionisme, le temps de la méditation est maintenant révolu. Il n’aura d’ailleurs pas duré très longtemps depuis la dernière messe. Non contents de nous laisser sur une offrande négative jusque dans son titre (parce que ouais, jamais album n’avait aussi bien porté son titre que ce No) il y a à peine deux ans, nos quatre apôtres sont de retour avec une sixième ET une septième offrande bien planquées dans leur toge.  En effet, après nous avoir balancé un press kit minimaliste avec un album de huit titres sympathique mais un peu décousu (et pour cause), les quatre clowns d’Old Man Gloom nous apprennent que cet album était un hoax bidouillé à partir d’edits de leurs DEUX nouveaux disques, portant tout deux  le même titre. Et, comme un con, votre serviteur s’est empressé de chroniquer ce sketch en attendant la sortie officielle…

 

Mais qu’à cela ne tienne, aucun problème, on est des professionnels… Et puisque Turner, Newton, Scofield  et Montano nous l’on joyeusement fait à l’envers, et bien je m’en vais vous pondre deux nouvelles chroniques bien distinctes pour deux albums bien distincts. Vous pourrez donc lire ici la chronique de the Ape of God. Si vous voulez lire celle de the Ape of God, rendez vous plutôt par ici. C’est bon ? Vous suivez ?

 

The Ape of God sera donc le titre de notre sixième incursion dans l’imaginaire tordu et cryptique du quartet que l’on ne présente plus et ce dernier ne surprendra personne tant il cristallise à lui seul toutes les thématiques chères au groupe : la dichotomie entre notre statut de primate et le rapport au divin. Mais si le titre de l’album lui même nous pousse à porter notre regard sur la discographie d’Old Man Gloom depuis ses débuts, le propos quant à lui n’est pas en reste.

 

En effet, le disque s’ouvre sur de longs larsens harmonisés préparant l’arrivée de ce qui me semble être un saxophone et, enfin, des guitares, le tout dessinant peu à peu le premier pattern du disque, hypnotisant.  « Burden », première piste du disque, malgré ses 13 minutes, est ce genre d’introduction propre à vous coller des frissons si forts que les zygomatiques se mettent eux aussi à se crisper nerveusement. La tendance se confirme d’ailleurs au fil des minutes : le propos s’intensifie, des samples grinçants accompagnent les riffs qui semblent ne jamais avoir été aussi lourds et massifs, même sur the Ape of God (mais si, vous avez compris). Jusqu’à l’issue de cette première tuerie et de sa longue et lente conclusion, le fantôme de Zozobra, merveilleux troisième album du groupe (constitué d’une seule et longue piste), nous hante. Quant à moi, je me dis que la suite a intérêt à être vraiment à la hauteur de ce premier contact tant il est porteur d’hautes attentes.

 

C’est d’ailleurs au tour de « Predators » de remplir l’espace sonore. On avait déjà écouté ce titre sur le web et le quatuor l’avait aussi fait figurer sur son hoax quelques semaines auparavant. Le titre est bon, très bon : un début prenant sous des airs de cavalcade épique glissant peu à peu vers un nouveau riff ultime, rappelant lui aussi les aspirations mystiques du groupe à l’époque où il sortait Zozobra. Ce riff finira d’ailleurs par résonner tout seul, sans chant, basse, batterie ni même distortion, en un simple son clair claquant donnant aux dernières minutes de ce second morceau un air de procession religieuse accompagné de chœurs étranges, inquiétants et dissonants... Un dernier frisson avant le silence. Mais ce silence ne durera par ailleurs pas longtemps puisqu'un bourdonnement viendra vite le rompre pour nous faire entrer dans la troisième longue piste du disque. Plus frontale, plus facile et peut être moins mystique que les deux pistes précédentes aussi. Les patterns de batteries (plus martiaux que jamais) et les guitares nous guident lourdement vers l’arrivée tardive de nouveaux samples étranges faits de sons distordus et de voix agonisantes. Un dernier riff, lourdingue à souhait, conclut le titre dans l’habituel torrent de larsens avant une ultime secousse, expéditive et abrutissante.

 

Parce que oui, ce disque d'Old Man Gloom se révèle être le plus progressif de leur discographie. Plus avares en secousses brutales et en explosions de violence gratuite, les quatre compos qui nous sont ainsi livrées se dévoilent peu à peu, au grés des couches de guitares, de chant et de samples successifs que le groupe distille intelligemment dans le but évident de nous entrainer avec lui dans de longues plages hypnotisantes mais pourtant riches en rebondissements. Et c’est donc des guitares nues et un chant clair qui nous accueillent pour la dernière piste du disque. Soutenus par des samples grésillants, tout comme sur Zozobra, ces premières minutes puent la déprime et la désillusion. Mais ces dernières se feront une nouvelle fois rattraper progressivement par ces éternels chœurs qui annoncent cette fois les derniers motifs du disque : une batterie minimaliste et toujours aussi martiale débarque, un riff marteau piqueur atonique la seconde, d'autres guitares se greffent progressivement à la marche, miaulantes, inquiétantes. Aaron Turner hurle. et alors que ce dernier scande « choke ! choke ! », un dernier sample mélodique noie l’ensemble pour le replonger dans le silence. On se dit alors que tout est passé trop vite et que ces quatre titres malgré leur durée respectives avoisinant le quart d’heure, nous ont laissé la désagréable impression d’avoir écouté un simple ep (mais putain de bordel de merde, quel ep !!!). Cela dit, la bonne nouvelle, c’est que pour une fois on n'aura pas besoin de se venger en retournant au début du disque : il est tout aussi simple d’écouter the Ape of God, je veux dire l’AUTRE the Ape of God.

photo de Swarm
le 18/11/2014

1 COMMENTAIRE

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 19/11/2014 à 09:32:05

Hé ben, bel exercice de style.
Proficiaat

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