Punish Yourself - Gore Baby Gore!

Chronique CD album (47:00)

chronique Punish Yourself - Gore Baby Gore!

Sur CoreAndCo on s’dit-tout-on-s’cache-rien. Par exemple je n’essaierai pas de vous enfumer en jouant l’expert es-Punish Yourself qui suit la trajectoire punitive des Toulousains depuis leurs tout débuts. La vérité c’est que, en cette lointaine époque où l’on faisait encore des découvertes grâce aux CDs samplers offerts avec les mags (Oui, j’ai connu l’émission Croque-vacances présenté par Claude Pierrard, Isidore et Clémentine, et alors ?), j’ai eu l’oreille hameçonnée par le morceau « Gay Boys in Bondage ». Et que par la suite j’ai tenté de raccrocher les wagons avec Pink Panther Party, puis Holiday in Guadalajara, albums qui malheureusement m'en ont touché une sans gratouiller l’autre… En l’absence d’autres options plus en phase avec l’actualité, il ne me restait donc plus qu’à remonter l’axe des temps pour retrouver ces sensations Fiesta Techno Indus qui nous avaient fait follement guincher en ces jours lointains d'insouciance pré-Covid, pré-TikTok... préhistorique, donc.

 

La solution évidente aurait bien entendu constitué à acquérir Sexplosive Locomotive, ze album avec ze morceau qui tue. Mais ça aurait été trop logique, trop facile, trop convenu. Bref, pas assez en phase avec la folie du groupe (ni avec la vôtre puisque, faut-il vous le rappeler, vous êtes actuellement en train de lire la prose d’un lapin jaune)... Mais soyons tout à fait honnête : la vérité c'est que Gore Baby Gore m’a fait de l’œil lors de l’un de ces déstockages dont les VPC ont le secret. C’était l’occasion ou Djamel, comme on dit. Du coup le train qui blow des jobs attendra encore un peu…

 

La bonne nouvelle, c’est que ce que disent la légende et les commentateurs est vrai : ce cinquième album – comme son prédécesseur, a priori – est un formidable festival de remuage de boule Punko-Techno-Fluo-Narco-Indus. Bonheur, plaisir, et iroquois phosphorescents ! Ça y est, les revoilà enfin mes ambiances « Danse & trance humides en club mad-maxien » ! Ça y est, ils sont enfin là les néons fripons, les extravagants frissons et les piercés du téton ! Car Gore Baby Gore est une puissante décharge d’énergie déviante, à la fois insolemment colorée et puissamment hormonée, qui mêle « A l’arrache »-attitude Punk, sens du spectacle apocalyptique, beats dansants, metal hurlant et mécanismes cliquetant en une formidable ode à un hédonisme protestataire et écorché vif.

 

Mais allons directement à l’essentiel sans passer par la case Départ : ce qui fait briller Gore Baby Gore plus fort que beaucoup de ses compagnons discographiques, c’est un trio de tubes dantesques. « Mothra Lady » d’abord, véritable hit de Dancefloor Electro Metal qui pousse l’Homo Metalus Vulgarus à se trémousser irrésistiblement sur la piste : au top de la teuf la Mothra meuf ! Quelques tours de platine plus loin, « Worms » s’avère être un énorme morceau d’Indus ambiant à la pulsation obsédante et au lointain chant féminin ethnique (… on va dire ça à défaut de mieux). Tout en ondulations solaires et en progression reptilienne, ce titre a manifestement été écrit pour rendre hommage au Faster Pussycat Kill Kill de Russ Meyer (cf. le sample « I never try anything, I just do it »). Dernier coup de cœur sans appel, « Las Vegas 2060’s » transpire un mélange de swing, de gouaille anar’ et de classe cuivrée qui donne envie de s'atteler à l’écriture d'une nouvelle Steam Punk où des zombies mafieux se friteraient dans un casino destroy.

 

Autour de ce triumvirat proéminent, beaucoup d’autres très bons morceaux : un « Come on Come on » noisy, vénère et vrombissant, caractéristique de la « trademark Punish Yourself ». Un « Sister Apocalypse » déterminé, rehaussé d’une touche de saxo. Un « Gun » hyper efficace qui rallume la lumière stroboscopique et fait péter les Watts dans le champ de tir. Et enfin un « Voodoo Virus » excellemment martial, sur lequel s’invite Jean-Luc de Meyer, le frontman de Front 242. On évoquera encore l’intervention de Candice de Eths sur « Dead-White Skin » (morceau sympa mais évoquant un peu trop la transhumance de pachydermes en direction du célèbre cimetière des éléphants), trois interludes traits-d’union, ainsi que deux morceaux moins séduisants : « The Dextrine Ritual » qui louvoie lors de divagations incertaines (on y devine un solo, à mi-parcours, mais celui-ci est noyé dans la fumée), et « Doctor Doom » qui n’est que halo de voix désincarnées perdues dans une nappe luminescente.

 

Quand on sort de ces trois quarts d’heure joyeusement décadents, on se dit qu’en dehors de sa nationalité, il n’y a pas grand-chose qui justifie que Punish Yourself ne bénéficie pas de la même renommée qu’un Marylin Manson ou un Mindless Self Indulgence, le cocktail fièvre trépidante / sexe non raisonné / guitares mécaniques / machines folles / crêtes grimaçantes n’ayant que peu de marge de manœuvre pour accoucher d’un album plus enivrant que celui ici évoqué. On recommande donc aux collectionneurs de feutres stabilo ainsi qu’au fans de décibels apocalyptiques de se pencher sur ce pavé de Gore’n’Roll débridé !

 

 

PS : l’album existe dans une version CD + DVD permettant de mater Night Of The Voodoo Gun, un concert enregistré en 2005 reprenant une grande partie de Sexplosive Locomotive (sans compter deux morceaux de Gore Baby Gore présentés en avant-première : « Come On Come On » et « Worms »), ainsi que Are You Ready To Fuck El Diablo ?, reportage / collage ayant plus de queue que de tête, et reprenant de multiples moments / instantanés filmés on- et backstage (on y croise un Thomas VDB en présentateur toujours en verve).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: gigantesque dancefloor underground où des freaks libidineux flirtent avec des androïdes anarchistes, Gore Baby Gore mêle avec bonheur guitares Indus, crêtes Punk et beats Techno au sein de 13 morceaux tantôt dansants, tantôt hypnotisants, mais toujours déviants. Une grosse poignée de hits ressortent insolemment de cette vrombissante masse sonore, parmi lesquels « Mothra Lady », « Worms » et « Las Vegas 2060’s » offrent un panorama aussi complet qu’excellent du savoir-faire des Toulousains.

 

 

photo de Cglaume
le 04/07/2021

2 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 04/07/2021 à 12:11:54

Assez bizarrement c'est ma seule lacune dans la discographie des fluos, pourtant riche en "bootlegs officiels"

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/07/2021 à 18:29:53

Un skeud très fun et récréatif. Ta kro me donne envie de le dépoussiérer et de relire du TANK GIRL: l'original. Pas les trucs récents de hippies. 

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