Skindred - Smile

Ils auront quand même passé pas loin de 7 mois à nous faire saliver, ces filous de Skindred. Depuis novembre dernier pour être exact, mois au début duquel sortait « Gimme That Boom », le tout premier extrait de leur 8^e album. Les préliminaires ont ensuite repris en mars, le fan étant dès lors aguiché plus ou moins tous les mois avec, successivement, « Set Fazers », « If I Could », « L.O.V.E. », et enfin « Unstoppable ». Et pour le coup on ne peut pas dire que ces mises en bouche aient témoigné d’un quelconque essoufflement des Anglais : car comme teasing de maboule, ce collier de perles se pose là ! Alors forcément, on commençait à se demander si – tels ces films qui donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre dès la bande-annonce – les loustics en auraient encore sous le coude pour le 4 août, jour de la sortie officielle de Smile.

… C’est vrai ça : l’un des 7 titres nouveaux a-t-il la carrure pour prendre le relais de ce « Turn Around, CHOUPETTE », accroche délicieusement déformée par l’oreille françoise, qui nous pollue le crâne depuis la fin 2022 (cf. « Gimme That Boom ») ?

Eh bien, a priori non : ce premier échantillon reste le plus in-ya-face des hits du grand Sourire. Pour autant ce constat n’a rien d’une douche froide. Car les pistes révélées lors de la sortie de cette vigoureuse contraction des zygomatiques occupent judicieusement l’espace autour des tranches de kiffs que nous vous avions déjà décrites ici (…désolé, mais on ne va pas rabâcher : cette chronique est déjà suffisamment longue !). Et le constat est sans appel : ce cocktail aux 12 parfums offre à nouveau ce que la maison Skindred fait de mieux. Autrement dit de la variété dans le propos et du soleil à l’apéro, ceci via de copieuses tranches de Ragga / Reggae / Rock / Metal à déguster des dreads plein le bonnet, la nuque consciencieusement préparée, pour des good vibes comme s’il en pleuvaient.

Il faut admettre qu’au premier abord on est un peu étonné que, étant donné le titre de l’album, les choses démarrent sur « Our Religion », morceau à la frappe sournoise évoquant l’image de gorilles belliqueux qui se toisent, se tournent autour, se menacent, avant de finalement se mettre sur la trogne bien comme il faut. « Life That’s Fine » revient par contre à 100% là où on attendait le groupe, avec en bonus un petit glaçage électroïde qui profite autant aux passages ragga-pas-contents qu’aux coulées fraîches mais vives qui caractérisent le Skindred qu’on aime. Au rang des nouveautés les moins viscéralement kiffantes on listera « This Appointed Love » (aux dreads un rien trop easy/cheesy), « Black Stars » (dont l’intro à la « We Will Rock You » disparait derrière des niaiseries prenant vite le dessus sur un Rap Metal trop superficiellement vénère), puis plus loin « Addicted » (pas mauvais pour un sou, mais « mineur »). Heureusement, parmi les inédits aoûtiens on trouve également le très bon « State of the Union », dont le mélange Synthetic Ragga Metal positif marche du tonnerre, sans en faire des caisses. Même constat pour un « Mama » 300% Reggae, tranquillement enjoué, qui semble indiquer que Benji a de meilleurs rapports avec sa daronne qu’Ice T (remember « Momma's Gotta Die Tonight » ?). Et en guise de point final, « Unstoppable » remplit parfaitement son rôle de un-dernier-hit-pour-la-route, entre mosheries Rock’n’Roll irrésistibles, gouaille Ragga et belles montées vers un refrain idéal à scander.

Si Big Tings pouvait inquiéter un peu quant à une possible perte de pertinence des Anglais, Smile vient remettre les choses au clair, le point sur le i de Fusion, et Skindred sur son trône. Désormais habitués des gigantesques scènes de festival, ayant par ailleurs un belle première partie de KISS a leur récent actif, et bénéficiant du support d’un peu tous les gros médias metal-friendly, on ne voit pas trop ce qui pourrait empêcher Benji et ses potos de rappeler à la Metalosphère que non, la musique à gros décibels qui plait au plus grand monde, ce n’est pas forcément sale (non, on ne mentionnera ni Sabaton, ni Amon Amarth, ni Powerwolf: on n'est pas langue de pute à ce point... si?). Alors ami chevelu, n’aie pas peur de mettre un peu de couleurs, de rhum et de good vibes dans ton quotidien : tu verras, ma « Choupette », qu’on peut headbanguer avec un grand sourire en travers de la trogne!

La chronique, version courte: sur Smile, le cocktail [gros riffs moshy Néo, accroches de sagouins, bagou et rythmes jamaïquains, plus un léger rien d’Electro] – bref, la marque de fabrique de Skindred – fait à nouveau des étincelles, après un Big Tings en demi-teinte. Fort de hit singles qui déglinguent et d’un accès all inclusive au bar de la plage, ce 8^e album amène à nouveau le groupe au plus haut – vérité que, évidemment, les allergiques aux good vibes parfois crémeuses et à l’efficacité poppy contesteront. Mais les « choupettes » que nous assumons être ont passé un été 2023 au top grâce à ces 42 minutes de vivifiants UV musicaux.

Cglaume

le 24/08/2023