Sumo Cyco - Initiation
Chronique CD album (40:49)

- Style
Fusion Neo / Electro / Pop / Punk / Dancehall Metal - Label(s)
Napalm records - Date de sortie
7 mai 2021 - Lieu d'enregistrement The Abbey & The Hideout Recording
- écouter via bandcamp
Sur CoreAndCo, pas de tabou. On se dit tout, on assume. Alors voilà :
Oui, j’ai porté les vêtements de ma mère devant la glace du salon quand elle était absente.
Oui, j’ai regardé Les Marseillais à Islamabad en mangeant du Nutella à même le pot.
Oui, j’ai voté Modem et je supporte le PSG.
Oui, je trouve Initiation, le dernier Sumo Cyco, excellent.
(NDLR : toute ressemblance avec des faits réels serait pure coïncidence…)
De tous temps il y a eu des « groupes-punching balls » sur lesquels il est de bon ton de taper. Ainsi, pour le petit nouveau qui débarque, rien de tel qu’une bonne vanne sur Attack Attack! ou Tokio Hotel pour se faire accepter dans la grande famille des « Gens de bon goût ». Et il semblerait que les Canadiens de Sumo Cyco aient l’insigne honneur d’être les prochains à endosser le rôle peu enviable de tête-à-claques – ceci malgré un palmarès respectable (la première partie de The Offspring, des scènes partagées avec Life of Agony, Filter…). Du moins est-ce la certitude que l’on acquiert dès qu’on a le malheur d’avouer que l’on apprécie le groupe en ces salons où traîne l’intelligentsia musicale.
Il faut dire que, loin d’être caché au fond de leurs santiags, le talon d’Achille des Sumo Cyco est particulièrement proéminent. Les talons, même, pour être exact. Au niveau stylistique tout d’abord, la Fusion pratiquée par les Canadiens a de quoi piquer : Neo Metal / Electro / Pop / Punk Rock / Dancehall… Forcément, même avec un éclairage merdique, à l’annonce du menu on voit des moues se former sur les faciès. Les influences revendiquées ? Skindred, No Doubt, Refused, Rob Zombie. A l’évocation de Gwen Stefani, bim, deuxième coup de froid dans le club de bikers… D’autant qu’en se promenant sur la tracklist on a parfois l’impression d’entendre Ace of Base (tiens, le début de « Awakened »), voire même de la bonne vieille Eurodance (No, No… There’s no limiiiiiiit, vers 2:00, sur « Vertigo »). Mais bien que tout cela ait en effet le potentiel pour en faire couiner plus d’un, à mon sens le problème majeur n’est pas là. C’est surtout l’aspect visuel du groupe qui blesse le proverbial bât. Il suffit de regarder une vidéo ou deux pour vite s’en rendre compte. Flashy et synthétique comme un distributeur de bonbons Haribo dans un centre commercial, looké et superficiel comme la vitrine d’un magasin Pimkie, le groupe a de plus tendance à mettre en avant l’avantageux physique de Skye "Sever" Sweetnam d’une manière assez peu FEMEN-friendly. Alors il est vrai que la chanteuse – au registre relativement large, et à la gouaille Rock délicieuse – joue ouvertement de sa dualité Harley Quinn / Barbie… Mais damned, la composante la plus niaisement blonde de sa personnalité contribue à lui faire perdre de précieux points « dans les milieux autorisés » !
Ceci étant dit, on s’en ballec’.
Car qu’il soit rose fluo, grossièrement racoleur, limite putassier – quel que soit les noms d’oiseaux attribués à raison ou non à l’album – il reste une vérité objective que les critiques les plus acerbes ne pourront éroder : Initiation est une putain d’usine à tubes. Deux écoutes max suffisent à inonder vos synapses sous une cascade de gros son complètement irrésistible. Et vos capteurs sensoriels, émoustillés comme des collégiennes à une signing session de Justin B., se retrouveront vite avec l’impression d’assister à l’union improbable mais explosive de Kontrust, Mindless Self Indulgence et Ze Gran Zeft. Une overdose de plaisir immédiat (mais pérenne) qui ordonne séance tenante de cesser toute activité autre que le remuage de boule frénétique, les yeux fermés et la veine pulsante.
Allez, je vous fais une rapide compil’ Sumo Cyco-en-4-morceaux puis vous foncez vérifier ça par vous-mêmes, OK ? Vous me remercierez / me pourrirez comme jamais dans les commentaires…
Au menu du « Sumo Bestof », votre lapin coquin vous conseille d’abord « Cyclone », morceau qui vous permettra de vous adapter progressivement grâce à son démarrage à base de riff pétillant et de fougue thrashy dignes des meilleurs Destrage. Et autant vous dire que le refrain qui suivra rapidement vous collera au cervelet comme un vieux chewing-gum sous la semelle (« Cauuught in a cyyyyclone »). Comme vous êtes chauds, on enchaîne sur « M.I.A. » pour chopper dans la foulée un bonus Swag +1000. Entre beats lourds, boucles Dancehall / Dubstep & co, et refrain encore une fois vampirisant, les Canadiens disposent là d’un mega-tube à très haut potentiel radio. On continue avec la Pop/Electro Metal tantôt chaloupée, tantôt dévastatrice de l’immense « Run With the Giants », morceau aussi moshy que sexy… Jamais plaisir « honteux » n’aura été aussi intense ! Si vous voulez retrouver un peu plus de cambouis et de hurlements, vous pouvez finir cette sélection sur « Love You Wrong ». Si vous préférez un autre de ces hits qui adhère insolemment même après l’avoir frotté à l’acétone, je rajoute « Bystander » à votre ordonnance. Mais puisqu’ici on assume même les moins avouables des kiffs, on finira plutôt sur le potentiel plus gros carton radio : « Vertigo » – qui aurait fait passer Evanescence du statut de star à celui de légende si leur muse leur avait inspiré cette compo plutôt que de s’assagir, et si Amy Lee avait un godet de bourbon plutôt qu’une coupe en cristal au fond de la gorge.
Mais pour être honnête, l’intégralité des 12 pistes aurait mérité de figurer dans cette sélection.
Alors si le fait d’aimer un tel album vous conduira forcément à vous faire crucifier dans certains milieux, si on vous jettera quolibets et vieilles chaussettes au visage et qu’on salira votre nom sur les quatre générations précédentes et les six à venir, sachez que ça en vaut quand même le coup. Et puis si vous n’êtes pas d’accord j’m’en moque d’abord : je retourne jouer à « Barbie Football » dans ma chambre sans écouter vos critiques – Nanana main-sur-les-oreilles cabane-magique je-vous-entends-plus c’est-toi-qui-dis-c’est-toi-qui-y-es…
La chronique, version courte: Initiation est une usine à tubes, la rencontre improbable de Kontrust, Mindless Self Indulgence, No Doubt et Ze Gran Zeft, une orgie où copulent Neo Metal, Electro, Pop, Punk Rock et Dancehall. Attention : vous risquez d’adorer… Et ce faisant il est probable que plus personne ne veuille être votre ami (… pas grave : on va devenir les meilleurs potes du monde vous et moi !)
6 COMMENTAIRES
Wlad le 20/08/2021 à 11:42:56
Sur "No Surrender", le chant fait très Claudio Sanchez (Coheed & Cambria), c'est rigolo.
cglaume le 20/08/2021 à 12:22:15
J'avoue humblement ne pas bien maîtriser le sujet
Wlad le 20/08/2021 à 13:42:30
Ce n'est pas bien grave, c'était juste une remarque en passant, qui ne risquait pas d'améliorer la street-cred du groupe qui plus est.
Voilà en tout cas un rayon de soleil dans une année où je n'ai pas été emballé par grand-chose. L'album précédent (Opus Mar) est très bon aussi !
cglaume le 20/08/2021 à 15:02:50
Heureux d'apprendre que je ne prêche pas que dans le vide haha. Et oui, j'ai cru comprendre qu'un coup d'œil dans le rétro discographique ne ferait pas de mal ;)
nipalvek le 21/08/2021 à 02:45:43
C'est cool, Sumo Cyco!
Va jeter une oreille sur le morceau limp, il swing bien!
Et y a un feat avec Benji de skindred sur l'album opus mar.
cglaume le 21/08/2021 à 06:24:09
Yes, le morceau avec Benji est tout ce que je connaissais du groupe avant cet album. C'est d'ailleurs lui qui m'a mis le pied au Sumo étrier :)
Et je vais donc aller écouter Limp !
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