Temple Of Dread - World Sacrifice

Chronique CD album (39:29)

chronique Temple Of Dread - World Sacrifice

Ne sachant plus à quel vaccin se vouer ni de quel confinement demain sera fait, nous sommes tous à la recherche de repères, de réconfort, de valeurs-refuges. La famille, les livres, le sudoku, ainsi que certains rituels domestiques – comme l’entretien quotidien et méticuleux de plans de radis – permettent à certains d’oublier l’angoisse causée par ce monstrueux inconnu sans visage qu’est devenu l’avenir. Le métalleux isolé du monde par un rideau capillaire hirsute, son T-shirt douteux clamant un amour immodéré pour la nécrophagie SM, et un casque crachant de houleux décibels a quant à lui une corde de plus à son arc: le Death old school. Car quoi de plus rassurant, quoi de plus immuable, quoi de plus ronronnant que 40 bonnes vieilles minutes de growl baignant dans un épais jus de distorsion et le crépitement incessant de caisses claires vertement malmenées?

 

A la liste déjà longue des pourvoyeurs de ce puissant antidépresseur métallique il faut aujourd’hui ajouter Temple of Dread, trio teuton qui aime poser tout de patches vêtu devant de mornes tanks à l’imposant canon (jugez en vous-mêmes en jetant un œil à la photo officielle du groupe datant de ce printemps 2021). Après un premier album que les plus malins auront déjà écouté – désolé, je ne suis pas malin – ces vaillants voisins d’Outre-Rhin ont mis tout juste un an pour confier à Testimony Records le World Sacrifice dont il est aujourd’hui question.

 

Si la pochette qui orne l’objet ne permettra sans doute pas au groupe de se faire des cors en nouilles (comme disent les dyslexiques) via un merchandising intelligemment ciblé, la musique qui sommeille au creux de ses microsillons est heureusement bien plus vendeuse. La formule est simple, mais les ingrédients assez nombreux pour qu’on puisse avaler la chose sans avoir eu le temps de se lasser les papilles: beaucoup de Death époque Leprosy (pour la majorité) / Spiritual Healing (pour le reste), quelques ambiances scandinaves sans le saindoux HM-2, et puis du gras qui groove, du lourd qui bave, comme savaient le faire Pestilence époque Consuming Impulse, Morgoth époque Cursed, Obituary ou encore Massacre. Les morceaux sont dynamisés par de nombreux breaks éprouvés mais juteux. Les solos nous parlent d’un temps que les adeptes de Snapshat ne peuveuh pas connaîtreuh. Les blasts sont loin d’être la règle rythmique unique. Et quelques coups de nerf plus ou moins explicitement Punk rappellent que la musique qu’on aime elle vient de là elle ne vient pas que du Blues.

 

Si Pidji me demandait quel morceau de l’album diffuser sur CoreAndCo Radio, je lui indiquerais à coup sûr le vaillant morceau-titre, très accrocheur et résumant en 4 minutes tout le bien dont les Allemands sont capables. Par contre, hormis celui-ci, peu de compos méritent vraiment d’être distinguées de leurs congénères tant l’ensemble est homogène. Citons quand même « Machine », piste plus courte, plus brutale, mais malheureusement un peu moins convainquante que la moyenne malgré un riff au petit arrière-goût schuldinerien. Evoquons aussi la reprise extrêmement fidèle du « Sold Baptism » de Morgoth, qui n’apporte rien à l'original si ce n’est le plaisir de reprendre une bonne rasade de cette excellente soupe de tradition. Et mentionnons enfin le conclusif « Blood Craving Mantra », titre reprenant au singulier le nom du premier album, démarrant sur un simili-remake des titres « South of Heaven » et « Mandatory Suicide », et se drapant dans le continuel ânonnement d’un mantra (c’est de circonstance) qui, sur la durée, à tendance à anesthésier.

 

Pas de quoi réveiller vos voisins de réseaux sociaux pour leur dire d’y prêter une oreille urgente, donc. Néanmoins l’écoute de World Sacrifice procure ce genre de plaisir simple permettant de se sentir bien, et de passer les confinements et autres périodes d’hibernation dans des conditions optimales de confort auriculaire. A consommer sans trop de modération, mais en conjonction avec la prise régulière d’albums moins pantouflards, pour l’hygiène.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: World Sacrifice propose un bon vieux Death old school de tradition tout à la fois baveux, rugueux et accrocheur comme le faisaient Death avec Leprosy, Pestilence avec Consuming Impulse, Morgoth avec Cursed, Obituary ou encore les canaillous créchant du côté de Stockholm.

 

 

photo de Cglaume
le 19/04/2021

3 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 19/04/2021 à 10:28:37

7.25 /10 !!! vous êtes blasés les gars. Ce disque était dans mon top 10 2020 (enfin j'me comprends)

cglaume

cglaume le 19/04/2021 à 10:46:14

Que ne l'as-tu chroniqué toi-même pour le défendre mieux ! :P

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/04/2021 à 16:46:50

Comme le premier: du death pépère qui roucoule bien.

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