The Bleeding - Morbid Prophecy
Chronique CD album (31:17)

- Style
Death/Thrash - Label(s)
World War Now Records - Date de sortie
19 octobre 2019 - Lieu d'enregistrement The Fuel Tank
- écouter via bandcamp
« Alerte: tuerie Thrash à l’horizon! »
C’est quasiment en ces mots qu’un voisin de palier facebookien – qui s’amuse parfois à jouer la vigie en haut du mât de l’underground – a attiré mon attention sur Morbid Prophecy, le second opus des Anglais de The Bleeding. Forcément, ces doux mots ont été pour le lapin jaune comme du miel pour le grizzli – ou de la bouse fumante pour la drosophile. C’est donc fiévreusement que j’ai entamé l’écoute dudit album sur Bandcamp. Et en effet, quand déboule « Demonic Oath » – après une courte intro posant une ambiance « Vous pénétrez dans le manoir de Lady Sucubbath… Gare à ne pas abîmer le tapis: elle peut se montrer TRES rancunière » – c’est la mandale, format coup de pelle dans le nez. Ventre à terre, une horde de sauvages nous galope sur la brioche, nous vomit au visage et nous épile les sourcils à méchants coups de cornofulgure revanchards. La vitesse déraisonnable de Defleshed, le fiel haineux d’Impaled Nazarene, mais aussi la mélodie brûlante de Dimension Zero: tu m’étonnes que la chose nous fasse briller l’œil et nous rende les chairs auriculaires moites d’impatience! Oh oui vas-y Johnny, fais-moi mal!!!
Mentalement par contre, on rectifie: plutôt que Thrash, The Bleeding fait dans le Death/Thrash brûlant à vocaux acides. Puis on géolocalise: loin du Grand Ouest trumpien, les Anglais s’inscrivent dans une tradition purement scandinave – suédoise même – néanmoins matinée d’influences germaines old school, sensibles dans certaines éructations Sodomaniaques ainsi que lors de certains coups de reins Kreatoriens. Bref, ça sent le feu, le soufre, le pneu cramé, tout en maintenant un fil mélodique au sec au-dessus de la ligne de flottaison. « Maelstrom » continue dans le tartinage implacable, tout en s’ouvrant timidement à des mélodies qui rappellent le Damned in Black d’Immortal (ce qui, au-delà des vocaux, enfonce le pied plus profond en territoire Black), en lâchant des sprints Slayeriens, voire en jouant la carte Heavy héroïque sur matelas de basse maidenienne (à partir de 2:32). Pas si barbares que ça, au fond, ces sauvages saigneurs!
Le problème c’est qu’ils nous (ou du moins « m’ ») avaient aguichés à grands coups de moteur qui rugit, de tempêtes qui grondent et de nuages de sauterelles qui dévorent. Du coup le virage pris à partir d’« Entering the Pandemonium » ne se négocie pas sans quelques estafilades qui ne vont pas cicatriser si bien que cela – ce qui reste cohérent avec le blaze des zozos en même temps… Car si ce troisième morceau commence crânement, avec la majesté d’un puissant mid tempo plombé, la suite du morceau s’enlise dans des longueurs relativement inintéressantes et des piétinements lourdauds. Gasp. « Morbid Prophecy » évite heureusement ce travers, en soufflant d’entrée dans les bronches de l’ennemi… Pour autant le groupe y parait moins déterminé, moins déchaîné, ce qui se traduit chez l’auditeur en un coitus frustratus, car interruptus.
Pourtant on y croit encore, car tout cela reste quand même vachement bien gaulé, et brûlant au toucher. Mais « Storm of the Hellspawn » déçoit encore. Trop téléphoné, trop peu échevelé, le pied trop sur le frein… On voudrait que le morceau passe la 5e mais il reste cantonné à une 3e à basse ronronnante. « Sadistic Saviour » va quant à lui se vautrer direct’ en sabots dans des marécages poisseux, les guitares n’arrivant que difficilement à se dépêtrer de ces tempos gras de la fesse. Heureusement, les Anglais décident de balancer un break salvateur à 2:38, suivi de l’une de ces putain d’accélérations qui défonce et donne envie d’aller défoncer du costard-cravate lors de l’Université d’été des anciens d’HEC. Ultime marque de maladresse, « Repentance » propose 2 minutes et demi d’une interlude crépuscule-au-coin-du-feu qui tombe comme un cheveu dans la bière. Heureusement The Bleeding se ressaisit in extremis sur un « Hammer of Penance » qui s’avère être le chien de faïence jumeau de l’introductif « Demonic Oath », et nous refait l’épiderme à neuf en deux coups de chalumeau vite fait bien fait.
Alors oui, un peu déçu que Morbid Prophecy ne tienne pas toutes les promesses contenues dans le cri d’enthousiasme jeté en tout début de chronique. Sauf qu’en collant la moitié de la tracklist dans un EP chargé jusqu’à la gueule de haine revancharde, on aurait obtenu une sortie méritant un bon 8,5/10. Du coup on ne peut pas complètement parler de déception. Il serait quand même bon que le groupe dose un peu mieux le ratio plaquettes / anticoagulants afin que son prochain saignement discographique s’avère plus fluide, et ne se termine ni en hémorragie, ni en croûte disgracieuse.
La chronique, version courte: en ses séduisantes deux extrémités, Morbid Prophecy propose un Death/Thrash sulfureux et grisant, fils de Defleshed et Dimension Zero. Il peine par contre à maintenir une telle intensité sur l’ensemble de sa tracklist. Du coup, là où l’on avait prévu un gros bandage et de quoi faire un garrot de compétition, on n’a finalement besoin que d’un bon vieux sparadrap traditionnel (oui, je sais: si je veux que ça tabasse sans relâche, dans le même registre thématique il n’y a qu’à écouter Haemorrhage…).
6 COMMENTAIRES
Margoth le 23/12/2019 à 14:53:24
Ce méchant qui sort une chronique alors que j'étais déjà dessus :/ . Bon, il y a quand même de la chance dans la malchance dans tout ça.
La chance : c'est paru pile le jour où j'allais me mettre à la rédaction de la chro, je peux passer à autre chose le cœur léger, surtout que tu en parles bien.
La malchance : J'allais lui mettre un 7,5/10 . Parce que je suis bonne patte, c'est Noël et surtout, l'album est solide. Certes, ça ne réinvente pas la roue mais il y a quelque chose qui ressort (d'où le fait que ça m'avait interpellé quand j'ai écouté un peu tous les promos qui traînaient à ce moment-là dans ma boîte mail). Pour un fan de niche, c'est vraiment de la bonne came.
cglaume le 23/12/2019 à 15:10:48
À un demi-point près, c'est kif-kif ;)
Seisachtheion le 24/12/2019 à 09:15:52
Quoiiii ! Que lissss-je ? T'as piqué 7 chro à notre Margoth !...
... Je ne te félicite pas, mon p'tit lapin !
Seisachtheion le 24/12/2019 à 09:18:09
J'ai mis le CIPD* sur le coup ! Tu vas prendre cher !
* CoreandCo Investigation Police District
cglaume le 24/12/2019 à 09:20:55
Mais euuuuuuuuuh: j'pô fait espréé !!!
sepulturastaman le 24/12/2019 à 11:50:48
Y disent tous ça.
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