Tranzat - Ouh La La

Chronique CD album (54:19)

chronique Tranzat - Ouh La La

Qui l’eût cru : la photo officielle de l’équipe de criquet formée en marge du comité de soutien Les Jeunes Latinistes Avec Fillon trône aujourd’hui en 350 px X 350 px en tête d’une chronique parue sur votre webzine préféré (… juste après le blog Tits & Tanks) !!?? Mon Dieu, Crom-Cruach aurait-il finalement rejoint les rangs de LR afin de représenter les intérêts de la minorité D-Beat & Crust à l’aile gauche du parti des nantis tradi’ ? Ou alors serait-ce notre webmaster préféré qui aurait perdu un pari lors d’une apéro Mojito-à-gogo ?

 

Rengainez donc vos sueurs froides, l’explication est bien plus simple : les Bretons de Tranzat sont plus que friands de second degré – c’est vrai qu’après tout il faut bien en passer par ce chiffre pour finalement atteindre les 13-14 que titre le chouchen ! D’ailleurs si vous cliquouillez jusqu’à la chaîne Youtube du groupe, vous constaterez que pas une vidéo ne se monte chez eux sans qu’on s’y fende la poire, qu’on y donne dans la galéjade, voire qu'on y dégaine les calembredaines. Nous voilà donc rassurés. Et en effet, quand déboule « Shall We Dance ? » – le tout premier titre – ce n’est ni du Stromae ni du Salvatore Adamo (mais si voyons, cherchez un peu...) qui vient nous chatouiller l’oreille, mais bien dix bonnes secondes d’une grosse déferlante SYL-like, immédiatement suivie de saccades de mammouth exécutées dans la plus pure tradition Swing’n’Groove de Trepalium.  

 

… Alors là, oui : soudainement les polos rose pâle et les bouilles de puceaux attardés passent crème !

 

Mais si le groupe attaque sur un violent coup de boule bien dans les règles de l’art, sur la longueur il se montre beaucoup plus nuancé. Alors certes, les biscotos poilus sont souvent de sortie, ça grogne, ça proteste, ça va parfois lorgner vers les terres extrêmes d’un She Said Destroy (pour ne citer qu'eux)… Mais ce visage rageur est loin de résumer un Ouh La La dont l’homonymie (qui n’est pas, ici, une homographie) avec le premier album de Ludwig Von 88 ne doit pas vous donner le faux espoir de pouvoir y entendre une reprise du célèbre « Fistfuck Playa Club ». Non, le trip de Tranzat c’est plutôt le Prog barré de Devin Townsend et les expérimentations velues de Mastodon, le tout en gardant cette classe endémique à la plupart des poulains de l’écurie Klonosphere. Et n’oublions pas la cerise sur cet appétissant gâteau : un certain esprit Nawak – cohérent avec l’humour manifesté sur la pochette et l’amour assumé pour le papa de Ziltoïd – qui se manifeste à intervalles réguliers, lors du scat barré à 1:57 sur « Shall We Dance ? », au moment du break bouchon, rot & co et des Lalala nanowariens à mi-parcours sur « Lobster Beaujolais » (ce titre !), ou encore à l’occasion du « Happy Birthday » qui débarque de nulle part aux deux tiers de « Lord Dranula ».

 

Comme l’album s'avère aussi bigarré qu’excellent, on est vite tenté d’y flâner plus longuement que prévu, et de vous en ramener de multiples instantanés afin que vous ayez une bonne idée des paysages qu’il offre à l’œil attentif. Prélevons donc quelques échantillons de-ci de-là, afin de vous mettre en appétit. Tiens, prenez « Mr. Awesome »… Démarrant tout en délicatesse, le morceau commence par s'essuyer consciencieusement les pieds sur le paillasson avant de faire doucement monter la pression, ceci en augmentant très progressivement le thermostat. Les noms célèbres croisés pour l’occasion sont alors ceux d’un Savatage soucieux, d’un Faith No More apaisé, mais aussi d’un Klone à la violence mesurée. On reste avec le groupe de Guillaume Bernard et Yann Ligner – époque All Seeing Eyes / Black Days – pour évoquer la superbe quête de plénitude entreprise à l’occasion de « Climbing Tibetan Mountains to Learn the Secrets of the Mind ». Mais si l’on devait élire le tube de l’album, c’est plutôt sur « My Dear Washer » que se porterait notre choix, les coups de chaud bien vénères (« Forgive Me Father For I Have Sin ! ») y étant superbement contrebalancés par un refrain qui s’avère vite indélébile. Et l’on ne pourra pas refermer cette parenthèse track-by-trackesque sans mentionner le superbe grand final de « Pillow Fight » qui aspire notre cœur loin au-delà de sa petite cage thoracique, ainsi que la très cinématographique conclusion offerte par « Global Warning » (...profitez-en pour revoir Le Dictateur).

 

Vous aurez compris que Ouh La La fait partie de ces bonnes surprises qui ont illuminé mon quotidien musical en ces jolis mois de mai et juin (… et il n’est pas prévu qu’on s’arrête là !). En mélangeant de nombreuses influences en une mixture aussi joufflue que raffinée, aussi cohérente qu’inventive, les Bretons ont su se forger une identité propre, décalée mais joliment affirmée, sans jamais se prendre les pieds dans le tapis d’une ambition démesurée ou d’une surabondance étouffe-chrétien. 

 

Alors une fois n’est pas coutume, on conclura sur un mot du groupe lui-même (tiré de sa bio) :

 

« Ouh La La est incontestablement l’album de la maturité… Poil au nez »

 

C’est tellement ça…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un peu de Devin Townsend, une bonne dose de Metal vénère qui n’a pas oublié qu’il vient de là, qu’il vient du Rock’n’Roll, la chemise blanche des ingénieurs formés à l’école Klonosphere, de l’ambition, de la personnalité, et une bonne dose de folie… Le 3e album de Tranzat est un festin métallique qui termine sur une fraise Tagada, un playboy en costard ayant volontairement laissé sa braguette ouverte pour laisser entrevoir un caleçon Petit Ours Brun, un remake de Y a-t-il un Pilote dans le Tour Bus ? filmé par Christopher Nolan. Bref : ça secoue, ça surprend, et surtout ça fait un bien fou !

photo de Cglaume
le 23/06/2022

3 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 23/06/2022 à 08:30:08

Une des pochettes de l'année pour le moment !
Dans le genre, Noisehits de KLS, Partied in Half de Party Cannon ou Triangle de Bermuda Love me donnent envie de faire la chronique juste pour la pochette ahah.

Tookie

Tookie le 23/06/2022 à 10:12:38

Bon ben c'est bien, j'ai trouvé ça génial de bout en bout. 

noideaforid

noideaforid le 23/06/2022 à 11:06:40

C'est vraiment du tout bon. J'ai eu le sourire tout le long de mes écoutes. Et global Warning m'a pris à rebrousse poils niveau émotions 

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