Turbocharged - Alpha Beast, Omega God

Chronique CD album (41:08)

chronique Turbocharged - Alpha Beast, Omega God

... « Turbocharged ». Ce qui signifie grosso-merdo « boosté au turbo », ou « chargé comme un mule de compète ». La deuxième interprétation est évidemment assez libre, mais c’est ma préférée. Notez que les deux peuvent ici convenir, car Alpha Beast, Omega God est certes un petit bolide qui cavale à dos de D-beats et crache une grosse fumée noire dans son sillage, mais c’est aussi un album qui sent le vieux cuir ayant longuement macéré dans le whisky. En effet, d’un côté les Suédois ont un pied bien ancré dans le Metal extrême de leurs septentrionales contrées, se disent fans de Venom, Nihilist & Bathory, et arborent derrière la basse et le micro un ex-Gehennah, ex-Vomitory (cf. Ronnie « Ripper » Olson). Mais d’un autre les loustics aiment les bons vieux solos Hard Rock, se disent fans de Motörhead, des Twisted Sisters & de The Misfits, et transpirent l’expérience de vieux routards actifs depuis 23 ans et 6 albums. Pour bien goûter cette dualité, il faut se faire l’enchaînement « Phantom Cataclysm » / « Alpha Beast, Omega God », lors duquel on passe tout d’abord cinq minutes en compagnie d’un Vader dont la division blindée se pare d’accents Death/Black, avant de sortir la grosse cylindrée pétaradante pour deux minutes et demie de Motör’n’Röll à peine encrustifié.

 

Voilà pour le tableau. Turbocharged, c’est un trio de « vieux » briscards qui ont décidé de ne pas choisir entre Motörhead, Sodom, The Exploited et Vader. C’est un gang de mercenaires aguerris ayant un petit côté « Tontons métalleux de Wolfbrigade », qui risque de plaire aux amateurs les moins jeunes des chroniques de Crom-Cruach. Attendez-vous donc à un son de basse plus barbelé que la frontière entre les deux Corées, à un chant plus rugueux qu’une quinte de toux de Line Renaud, et à des ongles plus noirs que ceux d’un mécano de plateforme pétrolière. Durant les 40 minutes que dure Alpha Beast, Omega God, ça ronronne, ça crachouille, ça envoie des grands coups de 'tiags dans les côtes, ça se tire la bourre entre potes, ça tend le majeur bien haut, ça envoie du gros riff plus gras qu’un baril de brut… C’est un peu comme à la maison, quoi, pour peu que vous arboriez un tatouage Ni Dieu Ni Maître et un vieux perfecto défraîchi.

 

Inutile de dire que dans de telles conditions, faire un tour détaillé de la tracklist semble un peu vain. Vous appréciez ce genre de sport ou non, voilà tout.

 

« It’s not bad, but don’t expect wonders from these fatties ». Autrement dit « C’est pas mal, mais n’attendez pas non plus des merveilles de ces gros lards ». C’est en ces termes que Ronnie lui-même parle de son 6e album et du trio dont il fait partie. Et j’avoue être parfaitement en phase avec ce jugement lapidaire. Car Alpha Beast, Omega God est ce genre d’opus bonnard mais sans prétentions excessives, avec des hauts (les extrémités « Piss Stigmata » et « Priests in Darkness ») et des bas (un « Sanguinary » bien lourdaud par exemple). C’est un vieux clebs furax qui vous déchiquètera le fond de pantalon si vous venez l’asticoter de trop près, mais pas non plus ce genre de molosse teigneux qui cavale derrière la voiture du facteur sur des kilomètres et des kilomètres. C'est un Quinqu’Hell’s Angels qui passe dorénavant autant de temps assis au comptoir de Chez Nénette que sur sa Harley… On sent bien qu’il a eu un passé tumultueux, extrême même : il en reste de grosses traces de pneus. Mais on sent aussi que les zigotos ne protesteraient plus tant que ça si on calait une galette de Black Label Society sur la platine.

 

Et vous savez quoi ? Ce cocktail easy / catchy / punky / punchy collera parfaitement aux beuveries entre vieux anars aux crocs émoussés. Et c’est dit sans moquerie. Perso je m’en contente tout à fait quand je me sens pousser une épingle à nourrice dans le lobe de l’oreille. Après, je vous laisse juger de l’adéquation de ces caractéristiques avec votre situation personnelle: on ne boit pas tous les mêmes binouzes après tout…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: vous aimez Motörhead, Vader, Wolfbrigade et Sodom ? Vous vous sentez tout autant blouson noir que crête d’iroquois à partir du moment où le son est gros, et le décorum « Metal extrême » ? Alors vous devriez apprécier Alpha Beast, Omega God, 6e album des vétérans suédois de Turbocharged, qui n’ont d’autre ambition que de faire vrombir leur puissant moteur et d’envoyer tout valdinguer – toutefois dans les limites imposées par la dure loi des alentours de la cinquantaine.

photo de Cglaume
le 25/09/2023

5 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 25/09/2023 à 07:28:00

Sur le papier, ça me fait secouer la gougoutte !!

cglaume

cglaume le 25/09/2023 à 07:32:58

Tu me diras ce qu’il en est dans l’oreille :)

8oris

8oris le 25/09/2023 à 08:29:45

"Quinqu’Hell’s Angels" :D :D

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/09/2023 à 05:06:54

Ça fait Vroum vroum !

cglaume

cglaume le 26/09/2023 à 07:24:10

🏍️🏍️🤘

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