Vector of Underground - Hanging Out

Chronique CD album (34:27)

chronique Vector of Underground - Hanging Out

On n’est jamais à l’abri d’une grosse torgnole jouissive, épisode 357.

 

Avoir des amis de bons goûts (i.e. similaires aux siens) et le clic compulsif permet, à intervalle régulier, d’offrir à ses oreilles de bouillonnants bains de jouvence. En ce qui concerne votre interlocuteur, l’un des derniers en date m’a été offert par une formation venant de Russie, surfant le même genre de vague que d’autres énergumènes dotés d’une similaire liberté de ton (vous vous souvenez de ces pochettes de The Senseless et Sleep Terror ?), et balançant la sauce avec une efficacité et une puissance qui frôlent l’éjatsunamisation précoce.

 

J’évoquais Poutineland dans la paragraphe précédent, mais à lire les infos figurant sur sa page Bandcamp, Vector of Underground semble s’être relocalisé du côté de la Californie. S’agirait-il d’expat’ à la recherche de cieux moins belliqueux, à l’image de Tardigrade Inferno et Concrete Age ? Ça ne serait pas étonnant vu le contexte actuel…

On notera que – contrairement à Russkaja (qui s’est récemment sabordé pour les mêmes raisons qui en poussent d’autres à l’exil) – nulle trace de russophonie n’est décelable sur ce sixième album d’une formation qui, il y a vingt ans de cela, pratiquait encore le Death Metal. Car oui, quoi que leurs bouilles puissent vous laisser penser, les membres de Vector of Underground ont de la bouteille. Ce qui leur a laissé le temps d’évoluer jusqu’à ce mélange stylistique qui fait aujourd’hui tout leur sel : un cocktail freestyle de Groove Thrash sous stéroïde, de Néo Metalcore alternatif, et de Slam Electro Power Djent – ce dernier genre, plus imaginaire encore que les autres, visant à agréger les quelques derniers ingrédients croisés sur Hanging Out.

 

Alors je sais pertinemment que certains des styles évoqués ci-dessus vont agir comme un répulsif sur une portion non congrue des lecteurs potentiels de ce petit coin de web. Et ce serait bien dommage. La meilleure façon de vous convaincre que cette réaction pavlovienne est contre-productive ? Cliquez sans attendre sur ce lien. Il s’agit du premier morceau de l’album. Si vous êtes sensible aux grosses torgnoles riffées, aux attaques vocales à base de high kick, aux prod' en mille-feuilles de parpaings, au mosh parts godzilliennes et aux basses qui galipettent, vous allez immanquablement inonder votre slip Eminence. Parole de lapin.

 

Le crédo de Vector of Underground, c’est la bagarre. Une bagarre énorme, éminemment core, façon MMA (pas la mutuelle, le passe-temps de Conor McGregor), sans aucune pitié… Mais un bagarre pourtant relativement fun… Amis des paradoxes, bonsoir ! On ne pourra pas ici parler de Nawak à proprement parler, pourtant il y a dans l’attitude du groupe une décontraction, une malice qui ne sont pas sans rappeler – dans un autre registre, mais avec en commun une attitude ranafoot et punchy – Ze Gran Zeft. Entre cette basse qui se voudrait parfois funky, ces touches électroïdes occasionnelles, cette courte séance de human beat box au début de « All Who Wanna Change Me », ces « A ya-ya-ya-ya-ya-ya » rythmant « Remain Calm », ce refrain zarbi sur « I Don’t Care » – voire même cette rupture stylistique violente qui les voit terminer l’album sur un « Peniche » un peu trop proche du registre de « More Than Words » pour être complètement sérieux –, tout semble indiquer que nos loulous sont de sacrés lurons. D’ailleurs la dernière sortie disponible à ce jour sur leur page Bandcamp est non pas une bastos à la Gurd, un uppercut à la Pantera ou un guili-guili à la Benighted : il s’agit d’une reprise du « B.Y.O.B. » de System of a Down.

 

Vous cernez un peu mieux les loustics à présent ?

 

Non ?

 

Alors citons quelques-uns des noms qui viennent à l’esprit à l’écoute de cette grosse demi-heure ultra-vitaminée. Sur « Your Boyfriend Sucks! », ce groove énorme naissant de puissantes mais froides saccades fait furtivement clignoter le nom de Prong. Lorsque les machines s’en mêlent, on pense à un Sybreed tatoué et muni d’une batte de baseball. Et quand les zigs ne rappellent pas un System of a Down thrashy ou un Ze Gran Zeft s’adonnant au Deathcore, on pense fugacement au Textures de Dualism, le temps de « No Right To Love ». Une vraie salade niçoise. Succulente. Mais russe... Enfin, russo-californienne plutôt.

 

On aurait pu marquer le coup en boostant un peu la note. Mais si l’on tire un peu sur la laisse, c’est que quelques passages peuvent s’avérer parfois un peu crémeux (reconnaissons quand même que ça passe en général très bien !), que certains morceaux bodybuildés misent un peu trop sur la musculature et pas assez sur le fond, et ce faisant loupent la cible de peu (cf. « All Who Wanna Change Me » et « That's Right! Let's Ride! »), et qu’on aurait aimé une dernière maousse de rouste plutôt que ce « Peniche » trop mignon.

Mais les faits parlent d’eux-mêmes : depuis sa découverte, c’est très régulièrement qu’on se repasse cet album hautement addictif, qui agit sur l’organisme comme une canette de Red Bull et sur le mental comme une tablette de Juvamine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Hanging Out, c’est un cocktail Reb Bull / Juvamine / Claques dans la gueule ayant l’impact des musiques urbaines, les munitions infinies du Metal, le gigantisme des prods actuelles… et un putain de sourire en coin relativement irrésistible. Entre Groove Metal, Ultra Thrash, Metalcore barré et Electro Nü Djent, Vector of Underground se fout des codes : tant que c'est énergique, excessif, que ça claque et que ça crache, il prend ! Aussi proche de System of a Down que de Prong, de Zoebeast que des Spudmonsters, de Whourkr que de Ze Gran Zeft (ce name dropping de bâtard mes aïeux !), ces zigotos ne peuvent pas ne pas plaire !

 

photo de Cglaume
le 30/01/2024

9 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 30/01/2024 à 09:43:57

Ah ouais! Vraiment chouette. Ultra barré mais jamais mou-mou: merci Lapinou!

cglaume

cglaume le 30/01/2024 à 09:52:36

🤘🤘

8oris

8oris le 30/01/2024 à 10:14:40

Même le titre « Peniche » est très cool dans le style "soft-alternative-pop". Ouep, 'sont forts...

pidji

pidji le 30/01/2024 à 21:33:53

Ah ouais c'est fun en effet. Un peu trop metalcore parfois quand même.

cglaume

cglaume le 31/01/2024 à 08:03:08

C'est fun, c'est frais, ça fout joyeusement le dawa : perso c'est mon album Zest Citron du moment !

Dams

Dams le 31/01/2024 à 13:53:37

C'est un peu n'importe quoi et c'est très bon, l'album fun du début d'année, bien joué Lapin !

cglaume

cglaume le 31/01/2024 à 14:54:09

❤️

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/01/2024 à 16:48:04

Aaaaaaaargh cette prod : vite un Gaviscon. Achevé en plus par le chant abominable du deuxième morceau, je fus.

cglaume

cglaume le 31/01/2024 à 17:59:39

Quoi ? T'aimes pas les A-YA-YA-YA-YA-YA- YA du 2e morceau ?

Y a un petit côté "pub pour Préparation H" bien sympa pourtant 🤣

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anonyme


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