Winterhorde - Maestro

Chronique CD album (1:05:11)

chronique Winterhorde - Maestro

Avec un blaze comme « Winterhorde », inutile d’avoir entendu la moindre note du présent skeud pour savoir qu'à coup sûr les féroces loups des neiges qui chassent en meute sous cet étendard hivernal se façonnent leurs paint-corpses à l’ancienne, avec de la poudre d’écorce d’érable et de la fiente de hibøu des fjords.

 

Nøn?

 

La vérité vraie, c’est que les 7 larrons de la Horde de l'Hiver vivent dans des contrées où les barbus amateurs de balade en mer ne sont ni viking, ni en drakkar, mais plutôt du genre fils à papa faisant leur crâneur en marchant sur les eaux. Parce que Winterhorde nous vient d’Israël, et qu’au lieu de jouer du Black torse-poil dans le blizzard, il brode un Metal certes extrême, mais joliment alambiqué et serti de fines orchestrations. M’enfin c’est vrai que si l’on remonte dans le passé et que l’on se fie à ce qui se dit ça et là, on se rend compte qu’en effet, le groupe a fait ses armes en trempant dans le Sympho-Black. D’où la confuse.

 

Mais au fond on se fout qu’il s’agisse ici de Fredrik ou de Jacob, et de savoir s’ils avaient ou non pour habitude de manger leurs crottes de nez quand ils étaient à la maternelle. Tout ce qui importe c’est que Maestro soit le 1er album de 2016 qui nous donne enfin envie de songer au Top de fin d’année. Car la chose est véritablement somptueuse, et transporte l’auditeur comme trop peu d’opus l’ont fait depuis que cette année est venue nous flanquer son hiver en pleine face. 3e sortie longue durée d’une discographie démarrée au début du millénaire, Maestro est un concept album (...causant d’un violoniste fou, sa vie, son œuvre, ses petites pilules) qui habille sa trame narrative d’un Prog extrême dont les fougueuses envolées épiques, les mélodies enivrantes et les riches atmosphères sont solidement campées sur d’indéniables fondations Black Metal. Et le programme qui nous est proposé peut avantageusement se résumer en « Plein les oreilles, plein les mirettes », ceci pendant une bonne heure placée sous le signe d’Opeth, d’Hollenthon, d’Orphaned Land (un poil, si: gardez en tête le côté Prog et fastueux de Mabool, pas les habituelles séances de danse du ventre), de Therion, ou encore de Septicflesh (pour les imposantes et solennelles séances de je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-blastounette). Quand la douce mélancolie d’un violon doublé de guitare acoustique vient apporter une touche de velours à cette formidable épopée, c’est aux Portugais d’As Light Dies que l’on pense. Et quand, sur la fin (« Dancing in Flames »), le rythme et les neurones s’emballent méchamment, on voit avec plaisir rejaillir le spectre espiègle d’Unexpect.

 

OK, là je vois bien que je vous saoule avec mon avalanche de références. Mais pour tenter de décrire une œuvre aussi riche, la comparaison est bien utile. D’autant que cet aspect multi-facette se traduit également par l'utilisation de chants multiples, tantôt shriekés, tantôt growlés, tantôt classieux façon Prog à haut-de-forme. Sans parler de cette diva à gros contre-ut, et de ces chœurs qui nous rejouent la 3e mi-temps de Theli. Et pourtant, point d’éparpillement: Winterhorde réussit l’exploit de ciseler une œuvre étonnamment cohérente qui prend méchamment aux tripes, sans se perdre dans les méandres qui sont le lot quotidien des formations moins talentueuses (alors qu’avec tous ces titres de 6, 7, voire 11 minutes, il y aurait eu moyen!). Le groupe a le chic pour nous ébouriffer avec classe, pour jongler entre emphase, délicatesse, retours de flamme, mélodies grandioses, autant de changements de rythmes et d’intensité qui font l’équilibre et la pertinence des grandes créations, qu’elles soient littéraires, cinématographiques ou musicales. « Antipath », « Worms of Soul », « Chronic Death » et sa parenthèse Blues inattendue, la compo-fleuve « The Heart of Coryphee », le somptueux morceau-titre et son démarrage locomotivant, ainsi que les 3 extraordinaires derniers morceaux: tout ici n’est que plaisir des yeux, poids des m[ét]aux, choc des photos. On appréciera encore le saxo qui vient se taper l’incruste sur « Cold ». Parce que c'est comme ça avec Winterhorde: quand on croit qu'ils ont tout donné, ils nous en ressortent encore de derrière le comptoir!

 

Du coup on en oublierait presque de vous dire que l’album a été mis entre les mains expertes de V.Santura (Obscura, Triptykon, Secrets of the Moon...) pour l'enregistrement et le mix, et de Jens Bogren (Amorphis, Katatonia, Amon Amarth...) pour le mastering, et que l’on peut y entendre Peter Huss (Shining – non non, rien à voir avec le saxo précédemment mentionné!). C’est qu’à ce niveau de plaisir auditif, toute information bassement logistique parait bien futile…

 

Je dirais bien « trêves de bavardage », mais l’expression arriverait un peu comme la cavalerie: après la bataille. N’empêche, cette logorrhée excessivement laudative aura eu le mérite – du moins espérons-le – de faire passer le message: Maestro est un album magistral qui vous redonnera espoir en une année 2016 ayant commencé un peu mollement, si si (non: ne me parlez pas de Baby Metal si vous voulez qu’on reste dans un registre de langage correct)…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un mélange symbiotique des registres d’Hollenthon, Opeth, Therion, Orphaned Land et Septicflesh, ça aurait une putain de gueule non? Surtout injecté dans un album concept « Prog extrême » tout en orchestrations fastueuses, en sprints Black Metal et en magnifiques horizons lointains. Eh bien la chose existe, et vient de nous être livrée par FedEx en provenance d’Israël: nom de code Maestro.

photo de Cglaume
le 06/05/2016

3 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 07/05/2016 à 00:14:43

Ça doit te plaire ça Toukene, non ? ;)

Tookie

Tookie le 07/05/2016 à 08:03:24

Héhé ouep ! Lorsque j'ai découvert il y a quelques semaines (via le forum C&C) j'ai pourtant eu un mal de chien à rentrer dedans. C'est quand même pas mal touffu (en même temps, vu les références, ça ne pouvait être autrement)....mais en retentant une 2ème puis une 3ème fois, je ne regrette pas d'avoir persévérer : ça a de la tronche et c'est finalement aussi bien foutu que touffu.

cglaume

cglaume le 07/05/2016 à 09:16:00

Bien résumé :)

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